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Faits Divers - Société
29/07/2020 - 23:17

La viande rouge ou transformée cancérigène selon le CIRC - mise à jour

Le rapport publié le 26/10/2015 par le CIRC résonnait comme un lugubre « vous n'avez pas le choix mais on vous aura prévenu ! » et, d'une certaine manière, dédouane l'industrie alimentaire de transformation. Il laisse d'autre part la désagréable impression que la modernité n'est finalement qu'une dérive d'un temps passé où le quotidien était bien moins dangereux. Presque 5 ans après la publication de cet avertissement, Le CIRC ne semble pas avoir de nouveau abordé la question, un peu comme si le but recherché avait été obtenu.
Mais de quel but s'agit-il? Ceux du CIRC sont évidemment de préserver la santé de l'humanité... Dans les faits, en revanche, on a constaté ces dernières années le développement de nouveaux comportements alimentaires, lesquels, associés aux exigences écologiques de filières courtes, nous conduisent tout gentiment mais tout droit au protectionnisme économique.
Du bon gain à moudre pour les partis nationalistes d'extrême droite européens (pour viser large) qui se frottent les mains en attendant calmement les prochaines élections présidentielles.



La viande rouge ou transformée cancérigène selon le CIRC - mise à jour
Toutes populations et toutes habitudes confondues et d'après 800 études portant sur des cohortes d'individus, la consommation de viande transformée, et probablement de viande rouge, augmente le risque de cancer colorectal chez l'homme. C'est la conclusion d'un rapport publié ce lundi par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Voilà une nouvelle qui ne va pas arranger les affaires des éleveurs et de l'industrie alimentaire de transformation. Par viande transformée, on entend le jambon, les saucisses et toutes les viandes qui ont subi un processus destiné à rehausser leur goût ou à faciliter leur conservation. Faut-il en déduire que nous devons revenir au temps de la charrette où on mangeait le poulet qu'on avait égorgé et plumé ?
Non, bien sûr. Mais de toute évidence, il vaut mieux manger 2 ou 3 fois par semaine une viande de qualité que de se fournir dans les rayons premier prix du supermarché. C'est d'ailleurs la tendance dans les émissions d'informations sur la santé à la télé ou à la radio.
Combinons à cela le fait que les légumes et les fruits produits de façon intensive ne contiennent qu'une infime partie des éléments nutritifs contenus dans leurs ancêtres du siècle dernier, et les amoureux du bien manger s'arrachent les cheveux. Quant à ceux se nourrissent avec le souci de préserver leur santé, ils se disent que rien n'y fait: manger, c'est mourir un peu.
Hors mis trouver une terre encore préservée et y vivre comme au Moyen Age, en essaimant des plants sauvages, que faire? Et pourquoi les aliments à la portée des moins riches, donc des plus nombreux, sont-ils plus cancérigènes que les autres?

Le CIRC recommande aux États de mener des évaluations des risques encourus à continuer à consommer ces viandes tout comme à cesser totalement de les consommer avant d'émettre des recommandations de santé publique. Toutefois, on envisage assez mal que la consommation de ces produits soit formellement déconseillée, voire que les produits eux-mêmes soient interdits. Cela sous-entend qu'un bras de fer pourrait survenir entre les pouvoirs publics et l'industrie de transformation alimentaire de qui il serait exigé de suspendre la mise en circulation de produits cancérigènes. Mais, dans ce cas, la question de savoir comment nourrir les franges les plus pauvres de la population sans augmenter leurs ressources se pose.
De fait, il n'existe pas, semble-t-il, d'alternative : soit on court le risque de consommer et de tomber malade, soit on s'en prive pour tenter de rester en bonne santé.
Cela soulève d'autres questions : les instances émettrices de tels rapports (on pense, rien que pour le cancer, aux rapports sur le tabac, sur la pollution) n'ont pas autorité à légiférer. Le CIRC ne fait qu'émettre des observations, à charge pour les États de légiférer sur les entreprises productrices de ces produits que le marché (les consommateurs) réclame. On voit bien que les intérêts des protagonistes, en admettant que l'OMS duquel dépend le CIRC n'ait pas intérêt, sont divergents. Dans cette configuration, le rapport résonne comme un lugubre : « vous n'avez pas le choix mais on vous aura prévenu ! » qui, finalement, dédouane les industriels ou, à tout le moins, entérine le fait qu'aucune alternative ne soit à la portée de tous. Il laisse d'autre part la désagréable impression que la modernité n'est finalement qu'une dérive d'un temps passé où le quotidien était bien moins dangereux.  Je ne sais pas quel effet cela vous fait mais pour ma part, j'ai l'impression qu'on me roule dans la farine.
On peut lire le Communiqué de presse du CIRC ici : http://www.iarc.fr/fr/media-centre/pr/2015/pdfs/pr240_F.pdf

Sylvie Delhaye S. D.



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