Un café de la gare Saint-Charles, une petite dame souriante au regard radieux s’approche. Derrière ce sourire et ces yeux, des souvenirs pourtant bien douloureux. C’est ici que Zahra est d’abord descendue de la navette de l’aéroport, seule et livrée à elle-même.
Vivre en France un jour, Zahra l’imaginait, le pressentait même. « Je me voyais bien venir m’y installer un jour », raconte l’immigrée au teint clair et aux cheveux noirs. Mais ce n’est pas dans des circonstances aussi brutales qu’elle espérait émigrer. Agressée par une femme en burqa, elle est ruée de coups, en plein Alger, à un arrêt de bus. L’Algérie, c’était fini, c’était il y a 5 ans. Divorcée, sans enfants et ses parents décédés, rien ne la retient.
Totalement traumatisée, elle décide de partir quelques jours après, en mai 2003. Zahra se souvient bien, « c’était juste après le tremblement de terre ».
Zahra avait pourtant une bonne situation. Issue d’une famille plutôt intellectuelle, un père cadre, elle travaillait dans le secteur bancaire. «Le problème, c’est que je ne portais pas de voile, j’étais comme une paria pour ces femmes islamistes et ça gênait. » Trop moderne, pas assez islamisée pour certains, elle est violentée, rejetée. Déjà montrée du doigt lors de son divorce, elle ne supportait plus le climat répressif, pesant de ces dernières années. Il lui rappelait un malaise qu’elle avait déjà vécu lors de « la terreur » des années 1990. « Je suis musulmane, je ne comprends pas, l’Islam est tolérant pas fanatique », explique calmement Zahra.
« C’est le pays où j’ai grandi, j’avais une situation. Je ne sais pas ce qui m’a aidé à partir, peut-être la folie ou une grande force », se remémore l’immigrée. Un peu des deux sans doute. A 37 ans, elle arrive dans un pays où elle ne connaît personne. « Le climat encore ça va, c’est pas trop différent ici, mais le traumatisme social, lui, est bien là. » Ignorant tout de ses droits, du fonctionnement de l’administration française, elle rencontre un couple qui va l’épauler. Mise en relation avec un centre social, elle découvre le milieu associatif. Il lui permettra de faire ses premières armes en tant que militante.
Enchaînant les petits boulots, elle parvient tant bien que mal à s’en sortir, malgré son français impeccable et son solide bagage professionnel. « Commis de cuisine, serveuse, garde de personnes âgées, c’est une véritable exploitation quand on a pas de papiers. » Zahra demande immédiatement le statut de réfugiée. Elle répond à tous les critères, il lui est pourtant refusé. « Depuis des années maintenant, il est de plus en plus difficile pour les Algériens de l’obtenir», témoigne l’immigrée algérienne, en triturant son morceau de sucre dans tous les sens. Zahra souhaite depuis son arrivée une reconnaissance qu’elle attend toujours.
Après ce refus, elle tente d’obtenir le statut de résidente. Zahra entend bien refaire sa vie. Elle sait que retrouver un travail dans sa branche, c’est impossible. Bien déterminée à militer, elle rejoint le collectif des sans papiers de Marseille. « J’y ai appris ce qu’était la pauvreté, chose que je ne connaissais pas à Alger. J’y ai appris ce qu’était un mouvement social mais aussi que les droits de l’homme n’étaient qu’une banderole en France, c’était une grande désillusion. » Ce collectif a permis à Zahra de mieux connaître sa cause, de comprendre sa lutte. « En Algérie il n’est pas possible pour les femmes de se battre comme ça, il y a des risques pour sa propre vie. Et dans les rares comités de lutte, il faut avoir un nom, être ’fille de’ pour avoir la parole. »
Zahra travaille depuis août 2007 sur le droit de la femme migrante avec Caroline Mackenzie, spécialiste de l’immigration. Conjointe de Français depuis 3 ans, pacsée, Zahra vient d’apprendre depuis trois semaines que sa demande de carte de séjour a été rejetée et qu’elle doit quitter le territoire français. « Je réponds à tous les critères, je ne demande pas des droits mais simplement mon droit. C’est une décision humiliante, je me sens à nouveau rejetée », explique t-elle, sans colère. « Ce pays je l’aime quand même, sinon, je serais partie pour le Canada, ou un autre », reprend t-elle.
Ayant immédiatement intenté un recours, ce petit bout de femme à l’âme de battante, continuera d'y croire. D’idéaliste, c’est sûr, elle est passée à réaliste, rattrapée par une conception des droits de l’homme qu’elle croyait bien différente. Elle demeure cependant déterminée à obtenir une reconnaissance. « Sans cette liberté administrative, je ne serai pas une femme libre comme je veux l’être ici dans tous mes actes », clame Zahra, en affichant un sourire optimiste mais douloureux.
20minutes/marseillebondyblog.fr
Vivre en France un jour, Zahra l’imaginait, le pressentait même. « Je me voyais bien venir m’y installer un jour », raconte l’immigrée au teint clair et aux cheveux noirs. Mais ce n’est pas dans des circonstances aussi brutales qu’elle espérait émigrer. Agressée par une femme en burqa, elle est ruée de coups, en plein Alger, à un arrêt de bus. L’Algérie, c’était fini, c’était il y a 5 ans. Divorcée, sans enfants et ses parents décédés, rien ne la retient.
Totalement traumatisée, elle décide de partir quelques jours après, en mai 2003. Zahra se souvient bien, « c’était juste après le tremblement de terre ».
Zahra avait pourtant une bonne situation. Issue d’une famille plutôt intellectuelle, un père cadre, elle travaillait dans le secteur bancaire. «Le problème, c’est que je ne portais pas de voile, j’étais comme une paria pour ces femmes islamistes et ça gênait. » Trop moderne, pas assez islamisée pour certains, elle est violentée, rejetée. Déjà montrée du doigt lors de son divorce, elle ne supportait plus le climat répressif, pesant de ces dernières années. Il lui rappelait un malaise qu’elle avait déjà vécu lors de « la terreur » des années 1990. « Je suis musulmane, je ne comprends pas, l’Islam est tolérant pas fanatique », explique calmement Zahra.
« C’est le pays où j’ai grandi, j’avais une situation. Je ne sais pas ce qui m’a aidé à partir, peut-être la folie ou une grande force », se remémore l’immigrée. Un peu des deux sans doute. A 37 ans, elle arrive dans un pays où elle ne connaît personne. « Le climat encore ça va, c’est pas trop différent ici, mais le traumatisme social, lui, est bien là. » Ignorant tout de ses droits, du fonctionnement de l’administration française, elle rencontre un couple qui va l’épauler. Mise en relation avec un centre social, elle découvre le milieu associatif. Il lui permettra de faire ses premières armes en tant que militante.
Enchaînant les petits boulots, elle parvient tant bien que mal à s’en sortir, malgré son français impeccable et son solide bagage professionnel. « Commis de cuisine, serveuse, garde de personnes âgées, c’est une véritable exploitation quand on a pas de papiers. » Zahra demande immédiatement le statut de réfugiée. Elle répond à tous les critères, il lui est pourtant refusé. « Depuis des années maintenant, il est de plus en plus difficile pour les Algériens de l’obtenir», témoigne l’immigrée algérienne, en triturant son morceau de sucre dans tous les sens. Zahra souhaite depuis son arrivée une reconnaissance qu’elle attend toujours.
Après ce refus, elle tente d’obtenir le statut de résidente. Zahra entend bien refaire sa vie. Elle sait que retrouver un travail dans sa branche, c’est impossible. Bien déterminée à militer, elle rejoint le collectif des sans papiers de Marseille. « J’y ai appris ce qu’était la pauvreté, chose que je ne connaissais pas à Alger. J’y ai appris ce qu’était un mouvement social mais aussi que les droits de l’homme n’étaient qu’une banderole en France, c’était une grande désillusion. » Ce collectif a permis à Zahra de mieux connaître sa cause, de comprendre sa lutte. « En Algérie il n’est pas possible pour les femmes de se battre comme ça, il y a des risques pour sa propre vie. Et dans les rares comités de lutte, il faut avoir un nom, être ’fille de’ pour avoir la parole. »
Zahra travaille depuis août 2007 sur le droit de la femme migrante avec Caroline Mackenzie, spécialiste de l’immigration. Conjointe de Français depuis 3 ans, pacsée, Zahra vient d’apprendre depuis trois semaines que sa demande de carte de séjour a été rejetée et qu’elle doit quitter le territoire français. « Je réponds à tous les critères, je ne demande pas des droits mais simplement mon droit. C’est une décision humiliante, je me sens à nouveau rejetée », explique t-elle, sans colère. « Ce pays je l’aime quand même, sinon, je serais partie pour le Canada, ou un autre », reprend t-elle.
Ayant immédiatement intenté un recours, ce petit bout de femme à l’âme de battante, continuera d'y croire. D’idéaliste, c’est sûr, elle est passée à réaliste, rattrapée par une conception des droits de l’homme qu’elle croyait bien différente. Elle demeure cependant déterminée à obtenir une reconnaissance. « Sans cette liberté administrative, je ne serai pas une femme libre comme je veux l’être ici dans tous mes actes », clame Zahra, en affichant un sourire optimiste mais douloureux.
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