Officiellement, cette visite de Mme Alliot-Marie sera consacrée, entre autres, à la coopération sécuritaire entre les deux pays. Connue pour sa maîtrise du « dossier Algérie », Michèle Alliot-Marie a, selon de nombreux observateurs, beaucoup fait, par le passé, pour faire sortir de la grisaille les relations algéro-françaises. Aussi, nombreux sont ceux qui parient sur le fait que sa visite sera de nature à permettre à l’Algérie et à la France d’aller de l’avant dans leur partenariat. Celle que l’on surnomme à Paris « la dernière chiraquienne encore au pouvoir » évoque dans cet entretien les différents chantiers concrets de coopération ouverts entre son ministère et celui dirigé par son homologue algérien, Noureddine Yazid Zerhouni.
El Watan : Le 17 juillet 2004, vous avez effectué, Madame le ministre, la première visite officielle d’un ministre français de la Défense en Algérie, depuis l’indépendance du pays en 1962. Près de quatre années après, vous revenez en Algérie en qualité de ministre français de l’Intérieur. A ce titre, les observateurs s’accordent à dire que vous êtes l’un des membres de l’équipe de Monsieur François Fillon qui maîtrise le mieux le « dossier Algérie ». Pourriez-vous nous dire quel est, cette fois, l’objet exact de votre visite ?
Michèle Alliot-Marie : Vous l’avez senti, je suis très heureuse de venir une nouvelle fois à Alger et de rencontrer à nouveau Yazid Zerhouni. Je veux remercier les autorités algériennes et tous les Algériens de leur chaleureux accueil. Ma venue en 2004 comme ministre de la Défense était une première. C’était une visite importante par son caractère symbolique autant que pour le suivi des projets communs pour la paix et la sécurité dans le monde. Aujourd’hui ministre de l’Intérieur, je mesure pleinement l’importance capitale de notre relation. La sécurité de chaque pays dépend dans une large mesure de la situation internationale. Les risques issus du terrorisme, des trafics de drogue ou d’armes viennent la plupart du temps de l’extérieur. Pour être efficace, la réponse doit être internationale. La coopération franco-algérienne a un rôle majeur à y jouer. Je souhaite renforcer notre coopération dans ce domaine bien sûr, mais aussi dans d’autres. Nous pouvons par exemple accroître la coopération décentralisée entre communes françaises et algériennes. Ce sera l’objet de mon discours cet après-midi devant les présidents d’APC et les chefs de daïra. Je souhaite que nous allions de l’avant, ensemble, en confiance.
El Watan : Quel est actuellement l’état de la coopération entre votre ministère (le ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités) que vous dirigez depuis le 18 mai 2007 et le ministère algérien de l’Intérieur et des Collectivités locales ?
Michèle Alliot-Marie : Les deux ministères sont engagés depuis plusieurs années dans une coopération de premier plan. Dans le domaine de la sécurité intérieure, les actions communes se sont développées, notamment en matière d’information, de formation et d’échange d’expertises. Elles ont atteint un niveau remarquable, en volume et en qualité. Je souhaite que nous poursuivions dans cette voie et que nous approfondissions nos échanges. Pour la coopération décentralisée, Yazid Zerhouni et moi-même avons tous deux la volonté de faciliter et de développer les contacts entre les collectivités et les élus locaux. Dans le domaine de la protection et de la sécurité civiles, les échanges sont exemplaires, que ce soit dans le domaine opérationnel, celui de la formation ou les échanges d’experts. Un accord-cadre signé en 2003 entre nos deux gouvernements et l’arrangement administratif de décembre 2004 entre l’école nationale de la protection civile et l’école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers français facilitent ces échanges. Je n’oublie pas l’action déterminante conduite par un détachement de la protection civile algérienne en France lors des feux de forêt de l’été 2003. Elle faisait écho à l’intervention de la sécurité civile française lors des catastrophes tragiques de Bab El Oued en 2001 et de Boumerdès en 2003. La solidarité et la confiance entre nos deux pays ne sont pas de vains mots. Nous nous apprêtons à aller plus loin : demain, nous signerons une convention de financement — avec un concours d’un peu plus de deux millions d’euros — permettant la mise en œuvre d’un projet destiné à participer au renforcement des capacités d’action et de modernisation de la protection civile algérienne.
El Watan : Lors de la visite effectuée par votre homologue algérien à Paris, Noureddine Yazid Zerhouni, en octobre dernier, vous aviez indiqué, lors d’une déclaration à la presse, que le partenariat algéro-français évoluait positivement. Vous avez même parlé de « relations fondées sur la confiance ». Si la confiance est rétablie entre l’Algérie et la France, cela suppose que vous et votre homologue algérien avez décidé de définir des projets de coopération concrets. Si c’est le cas, quels sont les dossiers auxquels vous avez donné la priorité ?
Michèle Alliot-Marie : Outre le domaine de la sécurité civile dont je viens de parler, nous luttons ensemble contre les mêmes menaces. Nous le faisons en totale confiance. Il faut le souligner, car la confiance est essentielle face aux défis actuels. Nos services de sécurité ont de nombreuses occasions d’agir en commun. Rien ne serait possible sans l’échange d’informations. Je peux vous dire que quand il s’agit de la sécurité de nos deux pays, il n’y a aucune restriction d’un côté ou de l’autre. La connaissance mutuelle des hommes qui y travaillent est essentielle et permet autant de « victoires invisibles ». Ce déplacement à Alger est pour moi l’occasion de saluer ce travail en commun et de mesurer les évolutions de notre coopération.
El Watan : Entre vous et Monsieur Zerhouni, existe-t-il encore des sujets qui fâchent ou des dossiers litigieux ? Si c’est le cas, quels sont-ils ?
Michèle Alliot-Marie : Honnêtement, je n’en vois pas. Quand nous avons des difficultés, et cela est inévitable, nous les abordons en amis et recherchons les meilleures solutions.
El Watan : A chaque visite en Algérie d’un ministre français de l’Intérieur, il est presque exclusivement question de coopération sécuritaire eu égard à la menace que représente en Méditerranée et ailleurs dans le monde le terrorisme. La coopération dans ce domaine entre l’Algérie et la France se limite-t-elle encore aux échanges d’informations ou bien a-t-elle évolué pour toucher à d’autres aspects telles la formation et la fourniture d’équipements par la France à l’Algérie ? La France est-elle prête à approfondir sa coopération avec l’Algérie dans le domaine de la sécurité ? Comment voyez-vous le futur de la coopération sécuritaire entre les deux pays ?
Michèle Alliot-Marie : Je vous le disais, la coopération en matière de sécurité ne se limite pas à l’échange d’informations, même si elle est essentielle. Elle comprend aussi, notamment, des actions de formation. Avoir une formation commune, c’est posséder la même grille d’analyse, les mêmes réflexes dans l’action, une compréhension commune immédiate. Nous souhaitons favoriser par exemple les rapprochements entre les services de terrain et en permettant aux policiers des deux pays de mieux se connaître...
Lire la suite: http://www.afrik.com/article14221.html
El Watan : Le 17 juillet 2004, vous avez effectué, Madame le ministre, la première visite officielle d’un ministre français de la Défense en Algérie, depuis l’indépendance du pays en 1962. Près de quatre années après, vous revenez en Algérie en qualité de ministre français de l’Intérieur. A ce titre, les observateurs s’accordent à dire que vous êtes l’un des membres de l’équipe de Monsieur François Fillon qui maîtrise le mieux le « dossier Algérie ». Pourriez-vous nous dire quel est, cette fois, l’objet exact de votre visite ?
Michèle Alliot-Marie : Vous l’avez senti, je suis très heureuse de venir une nouvelle fois à Alger et de rencontrer à nouveau Yazid Zerhouni. Je veux remercier les autorités algériennes et tous les Algériens de leur chaleureux accueil. Ma venue en 2004 comme ministre de la Défense était une première. C’était une visite importante par son caractère symbolique autant que pour le suivi des projets communs pour la paix et la sécurité dans le monde. Aujourd’hui ministre de l’Intérieur, je mesure pleinement l’importance capitale de notre relation. La sécurité de chaque pays dépend dans une large mesure de la situation internationale. Les risques issus du terrorisme, des trafics de drogue ou d’armes viennent la plupart du temps de l’extérieur. Pour être efficace, la réponse doit être internationale. La coopération franco-algérienne a un rôle majeur à y jouer. Je souhaite renforcer notre coopération dans ce domaine bien sûr, mais aussi dans d’autres. Nous pouvons par exemple accroître la coopération décentralisée entre communes françaises et algériennes. Ce sera l’objet de mon discours cet après-midi devant les présidents d’APC et les chefs de daïra. Je souhaite que nous allions de l’avant, ensemble, en confiance.
El Watan : Quel est actuellement l’état de la coopération entre votre ministère (le ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités) que vous dirigez depuis le 18 mai 2007 et le ministère algérien de l’Intérieur et des Collectivités locales ?
Michèle Alliot-Marie : Les deux ministères sont engagés depuis plusieurs années dans une coopération de premier plan. Dans le domaine de la sécurité intérieure, les actions communes se sont développées, notamment en matière d’information, de formation et d’échange d’expertises. Elles ont atteint un niveau remarquable, en volume et en qualité. Je souhaite que nous poursuivions dans cette voie et que nous approfondissions nos échanges. Pour la coopération décentralisée, Yazid Zerhouni et moi-même avons tous deux la volonté de faciliter et de développer les contacts entre les collectivités et les élus locaux. Dans le domaine de la protection et de la sécurité civiles, les échanges sont exemplaires, que ce soit dans le domaine opérationnel, celui de la formation ou les échanges d’experts. Un accord-cadre signé en 2003 entre nos deux gouvernements et l’arrangement administratif de décembre 2004 entre l’école nationale de la protection civile et l’école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers français facilitent ces échanges. Je n’oublie pas l’action déterminante conduite par un détachement de la protection civile algérienne en France lors des feux de forêt de l’été 2003. Elle faisait écho à l’intervention de la sécurité civile française lors des catastrophes tragiques de Bab El Oued en 2001 et de Boumerdès en 2003. La solidarité et la confiance entre nos deux pays ne sont pas de vains mots. Nous nous apprêtons à aller plus loin : demain, nous signerons une convention de financement — avec un concours d’un peu plus de deux millions d’euros — permettant la mise en œuvre d’un projet destiné à participer au renforcement des capacités d’action et de modernisation de la protection civile algérienne.
El Watan : Lors de la visite effectuée par votre homologue algérien à Paris, Noureddine Yazid Zerhouni, en octobre dernier, vous aviez indiqué, lors d’une déclaration à la presse, que le partenariat algéro-français évoluait positivement. Vous avez même parlé de « relations fondées sur la confiance ». Si la confiance est rétablie entre l’Algérie et la France, cela suppose que vous et votre homologue algérien avez décidé de définir des projets de coopération concrets. Si c’est le cas, quels sont les dossiers auxquels vous avez donné la priorité ?
Michèle Alliot-Marie : Outre le domaine de la sécurité civile dont je viens de parler, nous luttons ensemble contre les mêmes menaces. Nous le faisons en totale confiance. Il faut le souligner, car la confiance est essentielle face aux défis actuels. Nos services de sécurité ont de nombreuses occasions d’agir en commun. Rien ne serait possible sans l’échange d’informations. Je peux vous dire que quand il s’agit de la sécurité de nos deux pays, il n’y a aucune restriction d’un côté ou de l’autre. La connaissance mutuelle des hommes qui y travaillent est essentielle et permet autant de « victoires invisibles ». Ce déplacement à Alger est pour moi l’occasion de saluer ce travail en commun et de mesurer les évolutions de notre coopération.
El Watan : Entre vous et Monsieur Zerhouni, existe-t-il encore des sujets qui fâchent ou des dossiers litigieux ? Si c’est le cas, quels sont-ils ?
Michèle Alliot-Marie : Honnêtement, je n’en vois pas. Quand nous avons des difficultés, et cela est inévitable, nous les abordons en amis et recherchons les meilleures solutions.
El Watan : A chaque visite en Algérie d’un ministre français de l’Intérieur, il est presque exclusivement question de coopération sécuritaire eu égard à la menace que représente en Méditerranée et ailleurs dans le monde le terrorisme. La coopération dans ce domaine entre l’Algérie et la France se limite-t-elle encore aux échanges d’informations ou bien a-t-elle évolué pour toucher à d’autres aspects telles la formation et la fourniture d’équipements par la France à l’Algérie ? La France est-elle prête à approfondir sa coopération avec l’Algérie dans le domaine de la sécurité ? Comment voyez-vous le futur de la coopération sécuritaire entre les deux pays ?
Michèle Alliot-Marie : Je vous le disais, la coopération en matière de sécurité ne se limite pas à l’échange d’informations, même si elle est essentielle. Elle comprend aussi, notamment, des actions de formation. Avoir une formation commune, c’est posséder la même grille d’analyse, les mêmes réflexes dans l’action, une compréhension commune immédiate. Nous souhaitons favoriser par exemple les rapprochements entre les services de terrain et en permettant aux policiers des deux pays de mieux se connaître...
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