En réalité, s'il existe des médicaments de nouvelle génération très efficaces, dirigés contre l'enzyme de conversion de l'angiotensine ou capables de bloquer les récepteurs de cette molécule capitale dans le contrôle de la pression artérielle, tout n'est pas aussi simple dans le monde réel. Car contre ce tueur silencieux, qui ne provoque aucun symptôme, le malade doit prendre gélules et comprimés tous les jours sans ressentir de bénéfice immédiat.
Et c'est justement là que le bât blesse, arguent les chercheurs suisses. «Seuls un tiers des patients hypertendus aux États-Unis ont une pression sanguine bien contrôlée.» Sous-entendu : parce que l'adhésion au traitement ordonné par le médecin est faible. En outre, les patients se plaignent d'autant plus des effets secondaires dus au médicament qu'ils ne souffrent d'aucun symptôme lié à l'hypertension. La recherche d'un vaccin antihypertenseur ne date certes pas d'hier ! C'est Irvine Page, physiologiste américain de la Cleveland Clinic qui, en 1958, avait le premier évoqué la possibilité d'agir sur les petites molécules de contrôle de la pression artérielle au moyen d'un vaccin. Historiquement, rappelle le professeur Joël Ménard (ancien directeur général de la santé) «la vaccination a commencé avec la simple injection d'une version légèrement modifiée de la rénine (impliquée elle aussi dans le contrôle hypertensif, NDLR) destinée à générer des anticorps dans le but de diminuer la pression artérielle.»
La cible : l'angiotensine II
Les premières publications datent d'ailleurs des années 1950. Plus près de nous, un essai préclinique du vaccin Cytos, réalisé en 2007 sur le rat et la souris (Journal of Hypertension) avait démontré qu'il était bien immunogène (c'est-à-dire que l'animal développait des anticorps), sûr et efficace. La cible vaccinale choisie est l'angiotensine II : cette hormone protéique provoque en effet une intense constriction des vaisseaux, et donc une hyperpression artérielle, ainsi qu'une stimulation des glandes surrénales et une sécrétion accrue d'aldostérone, qui augmente aussi la pression des artères.
Dans l'étude publiée la semaine dernière par The Lancet, 72 patients ayant une hypertension artérielle faible (mais réelle) à modérée ont été répartis au hasard dans trois groupes pour recevoir trois injections de 100 ou 300 microgrammes du vaccin, ou une dose équivalente d'un placebo, réparties sur une période d'un an. La pression artérielle a été mesurée pendant les 24 heures précédant le vaccin puis 14 semaines après. Les chercheurs ont constaté une réduction significative de la pression artérielle diurne de près de 9 mm de mercure (la pression systolique normale d'un adulte est de 130 mm) dans le groupe ayant reçu la plus forte dose vaccinale.
Faut-il continuer d'avancer dans ce domaine ? «J'ai le sentiment que nos connaissances sont trop faibles», estimait en 2007 le Pr Ménard, pour bien mesurer le rapport bénéfice/risque d'un tel vaccin, «alors qu'un traitement oral quotidien existe, qu'il est sûr et bien toléré. L'argument de lafaible adhésion au traitementest pauvre et superficiel.» Le Pr Ménard sait de quoi il parle : en 1985 il avait testé ce type de vaccination chez le ouistiti, et l'animal avait développé une maladie auto-immune du rein, qui l'avait conduit à stopper toute l'expérimentation. Un vaccin contre l'hypertension est-il aussi urgemment nécessaire qu'un vaccin contre le VIH ou des cancers ? «Même si nous pouvons tirer les leçons d'une manipulation du système immunitaire, les règles de sécurité restent prioritaires», conclut Joël Ménard.
lefigaro.fr
Et c'est justement là que le bât blesse, arguent les chercheurs suisses. «Seuls un tiers des patients hypertendus aux États-Unis ont une pression sanguine bien contrôlée.» Sous-entendu : parce que l'adhésion au traitement ordonné par le médecin est faible. En outre, les patients se plaignent d'autant plus des effets secondaires dus au médicament qu'ils ne souffrent d'aucun symptôme lié à l'hypertension. La recherche d'un vaccin antihypertenseur ne date certes pas d'hier ! C'est Irvine Page, physiologiste américain de la Cleveland Clinic qui, en 1958, avait le premier évoqué la possibilité d'agir sur les petites molécules de contrôle de la pression artérielle au moyen d'un vaccin. Historiquement, rappelle le professeur Joël Ménard (ancien directeur général de la santé) «la vaccination a commencé avec la simple injection d'une version légèrement modifiée de la rénine (impliquée elle aussi dans le contrôle hypertensif, NDLR) destinée à générer des anticorps dans le but de diminuer la pression artérielle.»
La cible : l'angiotensine II
Les premières publications datent d'ailleurs des années 1950. Plus près de nous, un essai préclinique du vaccin Cytos, réalisé en 2007 sur le rat et la souris (Journal of Hypertension) avait démontré qu'il était bien immunogène (c'est-à-dire que l'animal développait des anticorps), sûr et efficace. La cible vaccinale choisie est l'angiotensine II : cette hormone protéique provoque en effet une intense constriction des vaisseaux, et donc une hyperpression artérielle, ainsi qu'une stimulation des glandes surrénales et une sécrétion accrue d'aldostérone, qui augmente aussi la pression des artères.
Dans l'étude publiée la semaine dernière par The Lancet, 72 patients ayant une hypertension artérielle faible (mais réelle) à modérée ont été répartis au hasard dans trois groupes pour recevoir trois injections de 100 ou 300 microgrammes du vaccin, ou une dose équivalente d'un placebo, réparties sur une période d'un an. La pression artérielle a été mesurée pendant les 24 heures précédant le vaccin puis 14 semaines après. Les chercheurs ont constaté une réduction significative de la pression artérielle diurne de près de 9 mm de mercure (la pression systolique normale d'un adulte est de 130 mm) dans le groupe ayant reçu la plus forte dose vaccinale.
Faut-il continuer d'avancer dans ce domaine ? «J'ai le sentiment que nos connaissances sont trop faibles», estimait en 2007 le Pr Ménard, pour bien mesurer le rapport bénéfice/risque d'un tel vaccin, «alors qu'un traitement oral quotidien existe, qu'il est sûr et bien toléré. L'argument de lafaible adhésion au traitementest pauvre et superficiel.» Le Pr Ménard sait de quoi il parle : en 1985 il avait testé ce type de vaccination chez le ouistiti, et l'animal avait développé une maladie auto-immune du rein, qui l'avait conduit à stopper toute l'expérimentation. Un vaccin contre l'hypertension est-il aussi urgemment nécessaire qu'un vaccin contre le VIH ou des cancers ? «Même si nous pouvons tirer les leçons d'une manipulation du système immunitaire, les règles de sécurité restent prioritaires», conclut Joël Ménard.
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