Sur un plan pratique, reconnaît Christophe Doré, secrétaire départemental du Snuipp, "il était temps de mettre aux mêmes normes, école par école, un système informatique permettant de prendre en compte un certain nombre de données" : état civil des élèves, adresses, éventuelles allergies alimentaires, etc. Pour établir à l’échelle du département la carte scolaire, c’est aussi bien. Cette base informatique pouvant être échangée entre écoles, Inspection académique et mairies, c’est toujours parfait quand il s’agit pour ces dernières de prendre des décisions collant au plus près à la réalité : recrutement d’éducateurs spécialisés dans tel quartier où il apparaît que les notes des écoles sont plus basses, création d’un centre aéré dans un autre en pleine croissance démographique, etc. Accès partagé Mais des difficultés ont accompagné cette mise en place. D’abord, on s’est rendu compte que n’importe qui pouvait accéder à des informations somme toute confidentielles ; depuis, une sécurisation a été apportée. Ensuite, il fut demandé aux enseignants et directeurs d’écoles d’indiquer l’origine des enfants scolarisés. Devant une montée de colère d’associations criant à un bon moyen d’accélérer la chasse aux sans-papiers, et les réserves de la commission nationale informatique et libertés, ces mentions ont été ôtées. Des réserves demeurent : "La plupart des fichiers ont été détournés de leur objectif initial d’outils administratifs pour se transformer en instruments de contrôle social, dénonce la LDH. Cette base de données destinée au pilotage pédagogique, au suivi des parcours scolaires, comportera des éléments relatifs à l’identité de l’élève et son cursus scolaire. Surtout, ce fichier est d’accès partagé, des mairies au ministère et, notamment, à des élus politiques." Sont recensées notamment la nationalité des enfants, leur absentéisme, leur fréquentation du réseau d’aide spécialisé. Si la FCPE estime que ces craintes ont été entendues par le ministère, localement, quelques conseils craignent que "le fichage des enfants relatif à leurs difficultés scolaires et psychologiques, leur situation familiale, puisse être croisé avec le fichier Caf et utilisé à des fins autres que scolaires." En ligne de mire, la loi "prévention de la délinquance" stipulant que l’école peut être lieu de repérage des difficultés. "S’agit-il de relever les troubles de l’enfant au comportement bagarreur dès la maternelle ?", s’interroge Christophe Doré. Michel Ricard, secrétaire général de l’Inspection académique, comprend mal ces angoisses, d’autant qu’un système similaire existe depuis plusieurs décennies dans l’enseignement du second degré. Temps de réflexion "C’est un outil de gestion pour affiner nos statistiques. Il est normal que les mairies aient accès à un certain nombre d’informations, elles qui fournissent restauration scolaire ou manuels. Mais connaître par exemple les éventuels handicaps d’un enfant ayant besoin d’un auxiliaire de vie est destiné à l’aider, pas à lui porter préjudice. Et les mairies n’auront pas accès à toutes les données, loin de là." Christophe Doré doute : "Le fichier pourrait établir des classements des écoles les plus performantes, ceci, alors que des rumeurs circulent sur leur mise en concurrence ou le fait de payer les enseignants au mérite." La plupart des collectifs demandent un temps de réflexion sur ce logiciel en fonctionnement dans 600 écoles du département. Il doit être étendu à leur totalité, soit 1 200, en 2009. Une conférence débat aura lieu le mardi 1er avril à 18h à l'IUFM Canebière à Marseille, organisé par la DH, le FSU 13, Snup 13, Sden-CGT, CFDT 13, Sgen CFDT-Provence, SUD EDUC, Mrap, Léo-Lagrange, Stop fichage, les AIL, avec François Dumont, secrétaire générale adjointe de la LDH et Marc Maximin, psychiatre. laprovence.com