Les volutes de fumée bleue qui font partie du décor romantique dans les bars, restaurants et cafés de France, d'Allemagne et du Portugal sont appelées à s'estomper, ces pays ayant rejoint au 1er janvier l'interdiction de fumer à laquelle ont déjà adhéré d'autres pays européens.
En Allemagne, où la voiture est reine, les conducteurs dans plusieurs villes ne pourront plus circuler avec des voitures trop polluantes, tandis que la métropole italienne de Milan leur impose un péage, sous forme d'un "ecopass".
Afin de lutter contre l'obésité juvénile, la Grande-Bretagne a décidé de sévir contre les publicités télévisées pour des aliments et des boissons trop riches en graisse, sel ou sucre qui visent une clientèle d'enfants et d'adolescents.
Certains voient dans toutes ces mesures une pilule amère mais nécessaire. D'autres protestent contre une atteinte sournoise contre un certain mode de vie à l'européenne.
"Personne ne m'empêchera de fumer dans mon troquet. J'ai fumé 40 cigarettes par jour depuis que j'ai 12 ans, c'est pas maintenant que je vais changer", déclare Ali, 55 ans, patron d'un bar berlinois au journal populaire allemand Bild.
Anne Cicek, patronne de brasserie, proteste : "nous ne sommes pourtant plus des mômes à qui on doit dire ce qu'il faut faire!"
Le droit de fumer à sa guise était une des revendications pour lesquelles les révolutionnaires berlinois descendaient dans la rue au XIXe siècle.
"La liberté de fumer en public était un des seules conquêtes qui restaient encore de 1848. C'est fini maintenant".
En Allemagne, après des années de résistance féroce du lobby du tabac, une législation diversifiée selon les Etats régionaux entre en vigueur, autorisant la plupart du temps les établissements à ouvrir des espaces fumeurs bien séparés. Le Portugal a pris des mesures similaires.
Mais la France s'est dotée d'une législation plus radicale encore, en envoyant ses fumeurs dans la rue pour respecter l'interdiction totale dans les lieux publics.
Des commentateurs de presse n'ont pas tardé a parler de menace contre la "liberté" chérie des Français.
Le sociologue Henri-Pierre Jeudy parle de "fin d'une époque". "L'économie de la santé publique justifie un contrôle de plus en plus coercitif de la vie privée", remarque-t-il. Or, note l'universitaire, "on sait que l'alcool et le tabac sont des armes traditionnelles contre le stress. Leur usage, parfois abusif, a sans doute permis d'empêcher bien des révoltes collectives. Leur interdiction va-t-elle produire des mouvements de rébellion?", s'interroge-t-il.
La docteresse Micheline Benatar a jugé que l'évolution actuelle est un premier pas vers "une société totalitaire". "Quand la loi nous imposera-t-elle, et pour notre bien, des menus diététiques", se demande-t-elle.
"Certes le tabagisme passif est une question de santé publique, mais démarrer sa voiture n'est-il pas plus criminel que d'allumer une cigarette?", observe Mme Benatar.
Comme en réponse à cette question, les villes de Cologne, Berlin et Hanovre interdisent dans leur centre les véhicules trop polluants. La mesure doit être étendue progressivement à 20 autres villes allemandes cette année.
Alors que les écologistes allemands se sont félicités d'une mesure contre la pollution de l'air responsable de nombreux décès prématurés, commence alors une campagne "émotionnelle" et excessive aussi bien contre le tabac que contre les véhicules polluants.
Edicom.ch
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