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24/06/2008 - 17:51

Quand le racisme s'immisce dans les publicités politiques aux Etats-Unis


Un candidat à la présidentielle prénommé Hussein et portant un turban? Un édifice nommé Maison Blanche mais dirigé par un Noir? Face à la multiplication des allusions racistes dans les publicités politiques aux Etats-Unis, les camps Obama et McCain affûtent leurs stratégies.


Le camp Obama a déjà prévenu qu'il ne laisserait passer aucune attaque à connotation raciste, promettant une réaction vigoureuse et rapide à tout coup bas portant sur la couleur de peau du candidat démocrate dont le nom complet est Barack Hussein Obama ou sur la religion de son père, musulman. Les démocrates ne veulent pas réitérer l'erreur commise par John Kerry en 2004 lorsque, candidat, il avait tardé à répondre aux moqueries sur ses états de service dans l'armée.

Mais le camp républicain se tient, lui aussi, en alerte et prêt à répliquer aux fausses accusations de racisme qui seraient portées contre son candidat. L'équipe de campagne de John McCain promet, certes, de condamner tout message à connotation raciste qui pourrait viser Barack Obama. Mais, dans le même temps, elle met en garde contre l'éventuelle exploitation par les démocrates de critiques portant sur des sujets légitimes.

"Chaque mot va être trituré pour lui donner un sens lié à la race", redoute le sénateur républicain Lindsey Graham. Et de prévenir: lorsque les républicains critiqueront M. Obama sur des sujets tels que la sécurité nationale ou l'économie, cela n'aura "rien à voir avec le fait qu'il est Afro-Américain", souligne cet ami et conseiller de John McCain.

Côté démocrate, David Axelrod, conseiller du candidat, prévient que le camp Obama sera intraitable sur tout message codé ou insinuation destinés à jouer sur les supposés instincts racistes des électeurs. "Nous allons être combatifs pour repousser tout ce que nous percevrons comme inapproprié ou équivoque", dit-il.

Pour le conseiller démocrate, le camp McCain ne peut pas se contenter de dire qu'il ne contrôle pas les groupes indépendants diffusant des publicités racistes au nom du candidat républicain. M. Axelrod rappelle qu'en 2004, les attaques contre John Kerry ne provenaient pas de l'équipe de campagne de George W. Bush. "Nous avons déjà vu ce film", note le conseiller de M. Obama, "et nous n'allons pas être passifs face à ce genre de tactiques."

Plusieurs messages à connotation raciste visant Barack Obama sont déjà apparus dans divers Etats américains.

L'exemple le plus flagrant s'est produit dans le Dakota-du-Sud. Une chaîne de télévision locale a diffusé pendant une courte durée une publicité dans laquelle est citée, hors contexte, une phrase de M. Obama: "nous ne sommes plus une nation chrétienne, nous sommes aussi une nation musulmane." Or, dans le même discours, le candidat démocrate avait également dit que les Etats-Unis n'étaient plus seulement une nation chrétienne.

Dans cette publicité, on pouvait voir une photo de Barack Obama portant un turban provenant d'une tenue traditionnelle qui lui avait été offerte en Afrique. Le message se terminait sur la voix d'un homme déclarant: "il est temps pour les gens de foi de nous lever contre Barack Hussein Obama." Un groupe baptisé Coalition contre la rhétorique anti-chrétienne avait financé cette publicité, qui avait été rapidement écartée par les chaînes de télévision après des plaintes du camp Obama.

Au Texas, récemment, le Parti républicain a été contraint de couper ses liens avec un vendeur de badges politiques qui, lors d'une réunion publique, en présentait un portant l'inscription: "Si Obama est président, (...) pourrons-nous encore parler de Maison Blanche?" Le porte-parole du parti de John McCain, Hans Klingler, avait alors assuré que "nous ne tolérerons pas le fanatisme, ni n'en tirerons profit".

Il y a aussi des messages moins ouvertement racistes, mais plus pernicieux, comme celui décrivant Barack Obama comme "déconnecté des valeurs américaines". Cet appel "invite le public à s'interroger sur ce que signifie 'américaines'", explique Kathleen Hall Jamieson, experte en communication politique à l'Université de Pennsylvanie. "S'agit-il de mettre en doute son patriotisme? De satisfaire les peurs et les stéréotypes? Etranger? Musulman? Pour certains, cet appel peut déclencher des réactions basées sur la race."

Toutefois, le conseiller républicain Terry Holt pense que "nous pouvons avoir un débat vigoureux mais honnête sans que le sujet de la race devienne un critère majeur".

Source: yahoo news


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