Les socialistes cherchent une issue de secours

Une commission chargée d'examiner les contestations fédération par fédération était réunie lundi au siège du PS à Paris et pourrait siéger jusqu'au Conseil national de mardi soir, chargé de proclamer les résultats officiels.

Même si les partisans de la maire de Lille affichent leur certitude de remporter le bras de fer, des voix se sont élevées pour dire que l'étroitesse du score n'offrirait de légitimité à aucune des deux prétendantes à la direction du parti.

"Le PS, c'est la Floride mais nous n'avons pas de Cour suprême", plaisante un ancien ministre dans une allusion à cet Etat américain où de nombreuses irrégularités avaient entaché l'élection de George Bush à tête des Etats-Unis en 2000.

Pour lui, les statuts du PS permettent de surmonter l'impasse actuelle: "on bascule dans un régime parlementaire absolu sans président".

Deux logiques institutionnelles cohabitent en effet au PS: parlementaire et présidentielle.

Le Conseil national, "parlement" du PS, et son Bureau national, l'exécutif, sont composés à la proportionnelle des courants internes.

Or, le 6 novembre, les militants ont réparti leurs voix en quatre blocs équivalents incarnés par Martine Aubry, Bertrand Delanoë, Benoît Hamon et Ségolène Royal. Les trois premiers, a priori hostiles à la présidente de la région Poitou-Charentes, totalisent 70% des suffrages dans ces instances.

L'élection du premier secrétaire au suffrage direct des militants - une nouveauté instaurée en 1995 - a quant à elle débouché quasiment sur un match nul samedi matin.

Lundi, Pierre Moscovici a suggéré la constitution d'une "direction collective, resserrée, associant tous les courants".

"On ne saura jamais vraiment qui a gagné le vote de vendredi soir", a estimé  le député du Doubs, lui-même candidat au poste de premier secrétaire avant de se rallier à Bertrand Delanoë en septembre.

Deux adjoints du maire socialiste de Metz, Dominique Gros, ont proposé de leur côté que Martine Aubry et Ségolène Royal soient désignées "co-secrétaires nationales".

Mais le camp Aubry refuse d'entendre parler de ce partage du pouvoir, persuadé de l'emporter au final.

Mettre en place une direction collective, "ce serait totalement artificiel. Ce qu'il nous faut désormais, c'est une majorité de gouvernement, rassemblée derrière Martine Aubry dans la clarté", explique Claude Bartolone, un de ses alliés.

L'entourage de Ségolène Royal ne désarme pas non plus, précisant disposer de contestations dans 24 fédérations.

"Ségolène Royal est vraisemblablement victorieuse en chiffres à l'heure où je vous parle", a déclaré lundi matin Jean-Pierre Mignard, avocat et ami de Ségolène Royal, membre de son "conseil politique". "Si on nous y contraint, nous irons en justice", a-t-il prévenu.

Sur France Inter, l'ancienne candidate à l'Elysée a dit faire "toute confiance" à la commission de récolement tout en réitérant sa demande d'un nouveau vote.

"Qui a peur du vote des militants? Si certains prétendent avoir gagné cette élection, pourquoi ont-ils peur de retourner devant les militants ?", a-t-elle interrogé.

Source: Yahoo News