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Afrique et Moyen-Orient
07/01/2008 - 19:29

Le viol comme arme de guerre, une fois encore au Kenya


Les médias rendent compte de nombreux viols au Kenya depuis l’éclatement des violences liée à la réélection du président Mwai Kibaki. Comme si souvent lors de conflits.


Depuis quelques jours, de nombreuses femmes et enfants arrivent à l'hôpital des femmes à Nairobi, victimes de violence sexuelles graves. Dans la plupart des cas, ces agressions sont le fait de bandes. Le viol est une fois de plus utilisé comme arme de guerre. La plupart des victimes font partie de l'ethnie Kikuyu. Des chiffres et des témoignages effrayants que la presse relate.

Le viol comme arme de guerre: la pratique n'est certainement pas nouvelle. Dans l'histoire de l'Antiquité déjà, le viol est cité comme une pratique courante lors du pillage des villes. Deuxième guerre mondiale, ex-Yougoslavie, Irak, Rwanda, Liberia, en Haïti,Timor Oriental, Congo, la liste des viols collectifs dénoncés est longue.

De toutes les exactions commises par l'armée française pendant la guerre d'Algérie, le viol a est la plus cachée, écrivait une journaliste du Monde en 2001, malgré son caractère massif entre 1954 et 1962. Selon les personnes interrogées alors par le quotidien, les détenues subissaient le viol «en moyenne neuf fois sur dix». Les hommes sont aussi victimes de violences sexuelles en cas de guerre. Mais ces actes sont encore plus tabous et cachés que les sévices à l'encontre des femmes.

Face à ce phénomène, le premier pas important fut la reconnaissance, en 1986, du viol comme forme de torture, par le rapporteur spécial sur la torture.

Les deux tribunaux pénaux internationaux sur le Rwanda et sur l'Ex-Yougoslavie, ont ensuite inclu le viol à la liste des crimes contre l'humanité.

La condamnation en 1998 de Jean-Paul Akayesu, ancien maire de Taba, au Rwanda, reconnu coupable de viol par le Tribunal pénal international pour le Rwanda a fait date. Les crimes sexuels dont il était coupable furent reconnus comme «instruments de génocide»

De nombreux rapports sont déjà parus sur ce sujet, comme celui d'Amnesty International à propos du Darfour. Il émettait en 2004 toute une série de recommandations à l'égard des gouvernements, des organisations internationales et des organisations humanitaires.

«Jamais la violence sur les femmes n'a été aussi barbare, si banale.(...) Les crimes sexuels sont devenus aussi massifs que répétitifs», écrivait l'auteur congolais Bolya en 2005 dans son livre coup de poing La profanation des vagins. Dénonçant le silence de la communauté internationale et plaidant pour une «véritable justice internationale à compétence universelle», soit la fin des lois internationales à géométrie variable.

Il y a une année, Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU, dénonçait l'utilisation du viol comme arme de guerre en République démocratique du Congo (RDC) par les milices du Sud-Kivu. Il qualifiait le viol massif de "mal du siècle", et annonçait qu'il "lancerait une croisade" contre ce phénomène.

Jurisprudence, prise de positions, rapports: tous ces documents n'ont visiblement aucun impact au Kenya.

Edicom.ch


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