L'avocat de Chantal Sébire, dénonçant l'"hypocrisie totale" de la décision de justice qui a rejeté la demande d'euthanasie de la malade, a lancé lundi 17 mars un appel à Nicolas Sarkozy pour changer la loi sur la fin de vie.
"Notre loi est inhumaine. Il faut changer la loi car on voit qu'elle laisse des gens sur le bord de la route (...). J'attends beaucoup du président. Je lui lance un appel", a déclaré Me Gilles Antonowicz lors d'une conférence de presse à Paris.
"On est dans une hypocrisie totale car il n'y a aucune différence entre la sédation terminale et celle qui provoquerait le coma", a-t-il affirmé, alors que provoquer un coma chez un malade en phase terminale est autorisé.
"Il faut que les politiques fassent quelque chose" et "ce n'est pas parce que c'est délicat qu'on ne peut pas en discuter", a-t-il dit, relevant qu'en Belgique, où l'euthanasie active est autorisée, "personne ne demande l'abrogation de la loi et il y a trois fois plus de lits palliatifs qu'en France". "Je pense que nous sommes aussi civilisés que les Belges. On doit pouvoir y arriver", a-t-il insisté.
"Le temps de la justice…"
L'avocat a indiqué avoir eu "très brièvement" au téléphone Chantal Sébire qui "est extrêmement fatiguée".
Il a implicitement rejeté un appel de sa part, indiquant que sa cliente "n'est plus dans un temps judiciaire". "Le temps de la justice n'est pas le même que celui de la souffrance", a-t-il déclaré.
Quant à un éventuel départ à l'étranger dans un pays autorisant l'euthanasie active (Belgique, Suisse ou Pays-Bas), il a répondu: "oui, tout est possible", en soulignant qu'"il est malheureux en 2008 d'être obligé de partir comme un voleur pour aller mourir à l'étranger".
"Irréversible dégradation"
Lors de l'audience du 12 mars, le procureur de la République avait requis "l'irrecevabilité en l'état actuel de la loi" [sur la fin de vie du 22 avril 2005, ndlr] de cette requête 'exceptionnelle', en faisant notamment valoir que le droit français assimilait l'aide au suicide au délit de non-assistance à personne en danger.
Le Ministère public avait également cité un arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme qui ne reconnaissait pas l'existence d'un "droit à mourir".
Dans sa demande, Chantal Sébire faisait état de ses "souffrances intenses et permanentes", du "caractère incurable des maux dont elle est atteinte" et de son "refus de devoir supporter l'irréversible dégradation de son état".
Ces raisons l'ont conduite à demander au TGI de Dijon d'"autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité".
La garde des Sceaux Rachida Dati avait affirmé la semaine dernière que "la médecine n'était pas là pour administrer des substances létales" alors qu'un vaste débat éthique voyait les responsables politiques faire preuve de la plus grande prudence sur ce sujet hautement sensible.
"Dans la légalité jusqu'au bout"
Chantal Sébire avait expliqué avant l'audience qu'elle était prête à aller à l'étranger pour obtenir ce qu'elle désire.
"Je sais maintenant comment me procurer ce dont j'ai besoin, et si je ne me le procure pas en France, je me le procurerai ailleurs", a-t-elle expliqué, tout en soulignant que si elle n'obtenait pas le droit à l'euthanasie dans la légalité, elle ne "(partira) pas en paix". Chantal Sébire a également tenu à répondre aux propos de la ministre du Logement Christine Boutin qui s'était déclarée jeudi à RMC "scandalisée qu'on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu'elle souffre et qu'elle est difforme".
"Que Madame Boutin endure ce que j'endure simplement 24 heures"
"C'est quand même grave de banaliser la maladie (...) Ce n'est pas la difformité de mon visage qui me dérange, j'en ai strictement rien à faire, et que si je mène ce combat, c'est parce que la souffrance est telle que je demande de l'aide. Je souhaite à madame Boutin, sans aucune méchanceté, qu'elle endure ce que j'endure simplement 24 heures", lui a répondu Chantal Sébire.
Chantal Sébire est une ancienne institutrice de 52 ans, mère de trois enfants, défigurée et rendue aveugle une "esthesioneuroblastome", une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale.
Une maladie très rare - seuls un millier de cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans - dont l'évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances "atroces", selon Chantal Sébire.
nouvelobs.com
"Notre loi est inhumaine. Il faut changer la loi car on voit qu'elle laisse des gens sur le bord de la route (...). J'attends beaucoup du président. Je lui lance un appel", a déclaré Me Gilles Antonowicz lors d'une conférence de presse à Paris.
"On est dans une hypocrisie totale car il n'y a aucune différence entre la sédation terminale et celle qui provoquerait le coma", a-t-il affirmé, alors que provoquer un coma chez un malade en phase terminale est autorisé.
"Il faut que les politiques fassent quelque chose" et "ce n'est pas parce que c'est délicat qu'on ne peut pas en discuter", a-t-il dit, relevant qu'en Belgique, où l'euthanasie active est autorisée, "personne ne demande l'abrogation de la loi et il y a trois fois plus de lits palliatifs qu'en France". "Je pense que nous sommes aussi civilisés que les Belges. On doit pouvoir y arriver", a-t-il insisté.
"Le temps de la justice…"
L'avocat a indiqué avoir eu "très brièvement" au téléphone Chantal Sébire qui "est extrêmement fatiguée".
Il a implicitement rejeté un appel de sa part, indiquant que sa cliente "n'est plus dans un temps judiciaire". "Le temps de la justice n'est pas le même que celui de la souffrance", a-t-il déclaré.
Quant à un éventuel départ à l'étranger dans un pays autorisant l'euthanasie active (Belgique, Suisse ou Pays-Bas), il a répondu: "oui, tout est possible", en soulignant qu'"il est malheureux en 2008 d'être obligé de partir comme un voleur pour aller mourir à l'étranger".
"Irréversible dégradation"
Lors de l'audience du 12 mars, le procureur de la République avait requis "l'irrecevabilité en l'état actuel de la loi" [sur la fin de vie du 22 avril 2005, ndlr] de cette requête 'exceptionnelle', en faisant notamment valoir que le droit français assimilait l'aide au suicide au délit de non-assistance à personne en danger.
Le Ministère public avait également cité un arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme qui ne reconnaissait pas l'existence d'un "droit à mourir".
Dans sa demande, Chantal Sébire faisait état de ses "souffrances intenses et permanentes", du "caractère incurable des maux dont elle est atteinte" et de son "refus de devoir supporter l'irréversible dégradation de son état".
Ces raisons l'ont conduite à demander au TGI de Dijon d'"autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité".
La garde des Sceaux Rachida Dati avait affirmé la semaine dernière que "la médecine n'était pas là pour administrer des substances létales" alors qu'un vaste débat éthique voyait les responsables politiques faire preuve de la plus grande prudence sur ce sujet hautement sensible.
"Dans la légalité jusqu'au bout"
Chantal Sébire avait expliqué avant l'audience qu'elle était prête à aller à l'étranger pour obtenir ce qu'elle désire.
"Je sais maintenant comment me procurer ce dont j'ai besoin, et si je ne me le procure pas en France, je me le procurerai ailleurs", a-t-elle expliqué, tout en soulignant que si elle n'obtenait pas le droit à l'euthanasie dans la légalité, elle ne "(partira) pas en paix". Chantal Sébire a également tenu à répondre aux propos de la ministre du Logement Christine Boutin qui s'était déclarée jeudi à RMC "scandalisée qu'on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu'elle souffre et qu'elle est difforme".
"Que Madame Boutin endure ce que j'endure simplement 24 heures"
"C'est quand même grave de banaliser la maladie (...) Ce n'est pas la difformité de mon visage qui me dérange, j'en ai strictement rien à faire, et que si je mène ce combat, c'est parce que la souffrance est telle que je demande de l'aide. Je souhaite à madame Boutin, sans aucune méchanceté, qu'elle endure ce que j'endure simplement 24 heures", lui a répondu Chantal Sébire.
Chantal Sébire est une ancienne institutrice de 52 ans, mère de trois enfants, défigurée et rendue aveugle une "esthesioneuroblastome", une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale.
Une maladie très rare - seuls un millier de cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans - dont l'évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances "atroces", selon Chantal Sébire.
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