Pas âme qui vive sur les 650 hectares de bois de sa commune, engloutie sous les milliers d'obus de la Première Guerre Mondiale. Seule, une chape de silence, parfois déchirée par des cris de hérons, sous un ciel plombé.
"Pensez qu'il est tombé plus d'une tonne d'obus par mètre carré, s'émeut Jean Lavigne, 65 ans, ancien professeur de Lettres. Pensez à ces jeunes de 20 ans pulvérisés. C'est cette folie, ce maelstrom, qui m'ont conduit ici".
Situés sur une ligne de front d'environ 25 km formant rempart au nord de Verdun, les neuf communes rurales avaient été évacuées dès 1915. Trois ans plus tard, il n'en restait qu'un amas de pierres. Une succession de cratères et de tumuli truffés d'explosifs. "Sept siècles suffiraient à peine à les déminer".
En 1919, l'Etat déclarait la "zone impropre au retour des habitants". Rachetait 20.000 ha à ses propriétaires. Déminait la partie visible de cet iceberg de feu. Reboisait les 2/3 des terrains devenus "lieux de mémoire".
Sur les neuf "villages détruits", deux seuls comptent aujourd'hui quelques âmes: Douaumont (7 habitants) et Vaux (75) réinstallés à l'est du site ancien.
Pour les sept autres, les maires sans administrés -donc sans électeurs- doivent être prochainement nommés par le Préfet de la Meuse. Mais s'ils n'ont pas d'"âmes", ils n'en sont pas moins actifs pour autant.
Parce qu'il faut bien entretenir les chemins, balayer dans les chapelles reconstuites dans les années 30, débroussailler les vestiges envahis par la végétation, appeler les démineurs quand un obus remonte à la surface. Honorer les morts, et célébrer l'ancienne fête du village.
François Long, spécialiste de chirurgie maxillo-faciale, venu du midi à la faveur d'une étude sur le phénomène des "gueules cassées", préside désormais aux destinées du village-martyr de Louvemont.
Son premier monument a été érigé à la mémoire du 173e Régiment d'Infanterie, dit "des Corses". "On ne dira jamais assez combien ils furent vaillants et patriotes", souligne-t-il, évoquant une commémoration récente, où "des jeunes chanteurs de Porto Vecchio n'ont pu émettre un son, tant ils étaient émus".
A moins de dix kilomètres, Gérard Gervaise souhaite "rendre hommage, avec un petit édifice, aux centaines de tirailleurs sénégalais tombés près du village détruit de Haumont". Le budget de la commune y pourvoiera.
C'est aussi ce lieu reculé, où seuls s'aventurent chevreuils et sangliers, que cet ingénieur et sa femme ont choisi pour dernière demeure ("quand même, le plus tard possible"!), faisant creuser un caveau de famille dans le cimetière.
Pas pressé de disparaître non plus, Jean Laparra, 86 ans, animateur de la flamme du souvenir de Bezonvaux. Passionné d'Histoire, auteur de "Sacrifié pour Verdun, Bezonvaux village-détruit", on lui doit la restauration du monument aux morts, celle en cours de la chapelle-abri. Et le virus de la mémoire, transmis à son fils, maire par intérim de Fleury.
Originaire de Douaumont, Marie-Claude Minmeister, qui y a marié deux fils en tant que mère et maire, se dit "habitée par ce passé si prégnant".
Bernard Bertrand et ses 75 administrés de Vaux -dont 57 votants-, admet qu'il est un maire "parachuté", comme la plupart de ses voisins.
"Je suis venu pour le site, le calme, la forêt domaniale. Puis, je me suis totalement identifié à ma commune, m'appropriant l'histoire de ces gens qui y vivaient paisiblement et qui ont tout perdu".
yahoo.com
"Pensez qu'il est tombé plus d'une tonne d'obus par mètre carré, s'émeut Jean Lavigne, 65 ans, ancien professeur de Lettres. Pensez à ces jeunes de 20 ans pulvérisés. C'est cette folie, ce maelstrom, qui m'ont conduit ici".
Situés sur une ligne de front d'environ 25 km formant rempart au nord de Verdun, les neuf communes rurales avaient été évacuées dès 1915. Trois ans plus tard, il n'en restait qu'un amas de pierres. Une succession de cratères et de tumuli truffés d'explosifs. "Sept siècles suffiraient à peine à les déminer".
En 1919, l'Etat déclarait la "zone impropre au retour des habitants". Rachetait 20.000 ha à ses propriétaires. Déminait la partie visible de cet iceberg de feu. Reboisait les 2/3 des terrains devenus "lieux de mémoire".
Sur les neuf "villages détruits", deux seuls comptent aujourd'hui quelques âmes: Douaumont (7 habitants) et Vaux (75) réinstallés à l'est du site ancien.
Pour les sept autres, les maires sans administrés -donc sans électeurs- doivent être prochainement nommés par le Préfet de la Meuse. Mais s'ils n'ont pas d'"âmes", ils n'en sont pas moins actifs pour autant.
Parce qu'il faut bien entretenir les chemins, balayer dans les chapelles reconstuites dans les années 30, débroussailler les vestiges envahis par la végétation, appeler les démineurs quand un obus remonte à la surface. Honorer les morts, et célébrer l'ancienne fête du village.
François Long, spécialiste de chirurgie maxillo-faciale, venu du midi à la faveur d'une étude sur le phénomène des "gueules cassées", préside désormais aux destinées du village-martyr de Louvemont.
Son premier monument a été érigé à la mémoire du 173e Régiment d'Infanterie, dit "des Corses". "On ne dira jamais assez combien ils furent vaillants et patriotes", souligne-t-il, évoquant une commémoration récente, où "des jeunes chanteurs de Porto Vecchio n'ont pu émettre un son, tant ils étaient émus".
A moins de dix kilomètres, Gérard Gervaise souhaite "rendre hommage, avec un petit édifice, aux centaines de tirailleurs sénégalais tombés près du village détruit de Haumont". Le budget de la commune y pourvoiera.
C'est aussi ce lieu reculé, où seuls s'aventurent chevreuils et sangliers, que cet ingénieur et sa femme ont choisi pour dernière demeure ("quand même, le plus tard possible"!), faisant creuser un caveau de famille dans le cimetière.
Pas pressé de disparaître non plus, Jean Laparra, 86 ans, animateur de la flamme du souvenir de Bezonvaux. Passionné d'Histoire, auteur de "Sacrifié pour Verdun, Bezonvaux village-détruit", on lui doit la restauration du monument aux morts, celle en cours de la chapelle-abri. Et le virus de la mémoire, transmis à son fils, maire par intérim de Fleury.
Originaire de Douaumont, Marie-Claude Minmeister, qui y a marié deux fils en tant que mère et maire, se dit "habitée par ce passé si prégnant".
Bernard Bertrand et ses 75 administrés de Vaux -dont 57 votants-, admet qu'il est un maire "parachuté", comme la plupart de ses voisins.
"Je suis venu pour le site, le calme, la forêt domaniale. Puis, je me suis totalement identifié à ma commune, m'appropriant l'histoire de ces gens qui y vivaient paisiblement et qui ont tout perdu".
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