L'onde de choc du tsunami immobilier américain se propage à tous les maillons de la chaîne - banques, finance, Bourse - et, personne ne peut plus en douter, à l'économie réelle. Elle génère des questions et des hypothèses à l'infini sur l'ampleur et la durée des dégâts. La récession américaine se propagera-t-elle à l'Europe ? La Chine et l'Inde réussiront-elles durablement à fonctionner sur des moteurs de croissance autonomes ? Le ralentissement économique avéré relâchera-t-il opportunément la pression sur le prix des matières premières, pétrole en tête ? Au-delà des supputations invérifiables, cette crise livre déjà des enseignements intéressants, à défaut d'être tous rassurants.
Préoccupant. Il n'y a pas de bon pilote dans l'avion. Plus précisément, les différents pilotes, quand ils ne divergent pas sur le cap à suivre - haro sur l'inflation à Francfort, sus à la récession à Washington - donnent la fâcheuse impression de ne pas avoir en main les commandes de la planète financière mondiale. À commencer par le premier d'entre eux, la Fed (Réserve fédérale américaine). Elle a laissé faire, pour ne pas dire favorisé, en amont, les dérives de l'endettement exorbitant des Américains. Aujourd'hui, en aval, elle injecte désespérément des liquidités là où il manque essentiellement de la confiance. Une valeur difficile à monnayer, il est vrai, par ces temps de soupçon généralisé qui courent.
Inquiétant. Non seulement les banques ne semblent pas pressées de remettre en cause leur gouvernance, mais elles sont loin d'avoir fini de purger leurs errements, leurs mauvaises créances. En continuant à camoufler les dégâts directs ou non des crédits immobiliers américains à hauts risques - les subprimes - elles alimentent la boîte à fantasmes, le meilleur vecteur de l'extension de la crise. Quand les banques se font si peu confiance qu'elles ne se prêtent plus d'argent, quand pratiquement tous les experts se demandent qui va tomber après le fond Bear Stearns, le pire est effectivement à craindre. On est loin d'avoir touché le fond de la crise bancaire.
Classique. Le citoyen passe(ra) à la caisse. Que ce soit comme actionnaire, salarié, consommateur ou contribuable. À tous les guichets de la crise, il règle ou devra régler la note. Le banquier lui fait payer ses propres turpitudes en lui serrant la vis du crédit. Grands distributeurs et industriels rivalisent de rouerie pour lui présenter des hausses de prix disproportionnées à l'augmentation réelle des matières premières. Quant à l'État, totalement désargenté, il jure ses grands dieux qu'il n'y aura pas de « politique de rigueur »... comme ses devanciers.
Avec ou sans cette appellation d'origine, qui résonne comme un gros mot en France, on s'achemine pourtant bien vers une politique publique plus contraignante pour le contribuable. La baisse des impôts, promise par Nicolas Sarkozy, a déjà rejoint le terminus des promesses irréalisables. Ce n'est sans doute qu'un début.
Surprenant. L'État-providence fait son grand retour. Souvent vilipendé durant la dernière décennie d'essence très libérale, jugé coûteux, lourd et inefficace, l'État se trouve spectaculairement réhabilité. Mieux, ce sont les Anglais, peu suspects d'être ses chantres, qui ont donné le la en nationalisant une banque en perdition, Northern Rock. Face aux dérives incontrôlées du capitalisme et de la finance, seul l'État semble en mesure, aujourd'hui, aux yeux d'une opinion grandissante, de remettre de la confiance et de l'ordre, de la sécurité et de l'équité. De l'éthique aussi. Beau retour en grâce, mais l'essai reste à transformer, et ce n'est pas le plus facile.
Ouest-france.fr
Préoccupant. Il n'y a pas de bon pilote dans l'avion. Plus précisément, les différents pilotes, quand ils ne divergent pas sur le cap à suivre - haro sur l'inflation à Francfort, sus à la récession à Washington - donnent la fâcheuse impression de ne pas avoir en main les commandes de la planète financière mondiale. À commencer par le premier d'entre eux, la Fed (Réserve fédérale américaine). Elle a laissé faire, pour ne pas dire favorisé, en amont, les dérives de l'endettement exorbitant des Américains. Aujourd'hui, en aval, elle injecte désespérément des liquidités là où il manque essentiellement de la confiance. Une valeur difficile à monnayer, il est vrai, par ces temps de soupçon généralisé qui courent.
Inquiétant. Non seulement les banques ne semblent pas pressées de remettre en cause leur gouvernance, mais elles sont loin d'avoir fini de purger leurs errements, leurs mauvaises créances. En continuant à camoufler les dégâts directs ou non des crédits immobiliers américains à hauts risques - les subprimes - elles alimentent la boîte à fantasmes, le meilleur vecteur de l'extension de la crise. Quand les banques se font si peu confiance qu'elles ne se prêtent plus d'argent, quand pratiquement tous les experts se demandent qui va tomber après le fond Bear Stearns, le pire est effectivement à craindre. On est loin d'avoir touché le fond de la crise bancaire.
Classique. Le citoyen passe(ra) à la caisse. Que ce soit comme actionnaire, salarié, consommateur ou contribuable. À tous les guichets de la crise, il règle ou devra régler la note. Le banquier lui fait payer ses propres turpitudes en lui serrant la vis du crédit. Grands distributeurs et industriels rivalisent de rouerie pour lui présenter des hausses de prix disproportionnées à l'augmentation réelle des matières premières. Quant à l'État, totalement désargenté, il jure ses grands dieux qu'il n'y aura pas de « politique de rigueur »... comme ses devanciers.
Avec ou sans cette appellation d'origine, qui résonne comme un gros mot en France, on s'achemine pourtant bien vers une politique publique plus contraignante pour le contribuable. La baisse des impôts, promise par Nicolas Sarkozy, a déjà rejoint le terminus des promesses irréalisables. Ce n'est sans doute qu'un début.
Surprenant. L'État-providence fait son grand retour. Souvent vilipendé durant la dernière décennie d'essence très libérale, jugé coûteux, lourd et inefficace, l'État se trouve spectaculairement réhabilité. Mieux, ce sont les Anglais, peu suspects d'être ses chantres, qui ont donné le la en nationalisant une banque en perdition, Northern Rock. Face aux dérives incontrôlées du capitalisme et de la finance, seul l'État semble en mesure, aujourd'hui, aux yeux d'une opinion grandissante, de remettre de la confiance et de l'ordre, de la sécurité et de l'équité. De l'éthique aussi. Beau retour en grâce, mais l'essai reste à transformer, et ce n'est pas le plus facile.
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