D'un côté, un docteur, une liste à la main. De l'autre, un attroupement d'une vingtaine de personnes dans l'attente de nouvelles de leurs proches admis dans ce centre de traitement du choléra. Pour chaque nom, un bref commentaire : "poursuite du traitement".
Les visites étant interdites, Rungano (le prénom a été modifié) n'a pas vu sa femme depuis trois jours, mais il n'en saura pas plus ce dimanche 7 décembre. "Quand je rentre à la maison, mes enfants me demandent comment va maman. Je ne vais toujours pas pouvoir leur dire si elle est en train de gagner ou non sa bataille contre le choléra..." Le long des grillages couronnés de barbelés, sa belle-soeur vient de le rejoindre pour le réconforter.
Banlieue très peuplée d'Harare située au sud-ouest de la capitale zimbabwéenne, Budiriro est le lieu de naissance de l'épidémie de choléra qui a frappé 14 000 personnes, dont 589 mortellement, dans tout le pays depuis le mois d'août. Des chiffres officiels largement sous-estimés : dans les campagnes, faute de moyens de transport pour se rendre dans les centres de soin, de nombreux Zimbabwéens meurent sans bruit du choléra.
Dans la cour de la polyclinique, deux tentes MSF et Unicef d'une vingtaine de lits chacune ont été installées pour porter la capacité d'accueil à 150 malades. A l'entrée et dans les couloirs du bâtiment aux murs défraîchis, des pédiluves préviennent toute propagation de la maladie. Des points d'eau sont répartis dans le centre afin de pouvoir se laver les mains. Allongés sur des lits de camp, les patients, recouverts d'une couverture, suivent un processus de réhydratation. Les cas les plus sérieux présentent des visages fatigués et des corps amaigris, où la peau recouvre juste les os.
Entre deux portes, un infirmier confie toutefois que la situation s'est améliorée récemment : "En une semaine, on est passé d'une trentaine d'admis sions quotidiennes à seulement quelques-unes par jour."
Des affiches, des messages radio martelant que "le choléra tue", des sessions d'information dans les communautés, les efforts pédagogiques commencent à porter leurs fruits autour de Budiriro. A la fin de l'été, l'épidémie se nourrissait encore de l'ignorance des habitants. Obligés de creuser des puits de six à huit mètres de profondeur pour pallier les coupures d'eau récurrentes depuis six mois, les résidents se rendaient les uns chez les autres pour plonger leur propre seau et récupérer le précieux liquide sans se rendre compte qu'ils contaminaient ainsi les sources une par une.
Aujourd'hui, lors des cérémonies funèbres, les membres de la famille savent qu'ils ne doivent pas manipuler le défunt, ni se serrer la main ou encore partager leur nourriture avec des amis. A la mi-journée, une vieille dame se présente d'elle-même au centre. "Il y a une malade qui est restée quatre jours chez moi, j'aimerais que vous veniez décontaminer." Un effort de prévention finalement vain puisque l'équipe compétente est submergée de travail.
Sans jamais le citer nommément, les proches des malades rendent leur président Robert Mugabe largement responsable de la situation. "Pourquoi le vieil homme n'a-t-il pas, dès le début, déclaré l'urgence nationale ?", s'interroge Jabulani, qui espère que sa fille s'en sortira. "On aurait pu bénéficier de l'aide internationale et, au lieu de trois mois, l'épidémie n'aurait duré que deux semaines !".
Lors de la dernière crise majeure de choléra au Zimbabwe, en 1992, 3000 personnes avaient été affectées. "Habituellement, cette maladie tue 1 % des cas recensés, mais vu l'état sanitaire du pays, le taux de mortalité a grimpé à 4,5 %", explique Custodia Mandlhate, la représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Zimbabwe. Autre facteur aggravant : le manque de personnel de santé. Médecin à la polyclinique de Budiriro et père de quatre enfants, Martin ne veut plus travailler pour rien. "Je n'ai rien touché depuis la fin septembre! J'ai faim. Le choléra est en train de nous tuer."
Source: Yahoo News
Les visites étant interdites, Rungano (le prénom a été modifié) n'a pas vu sa femme depuis trois jours, mais il n'en saura pas plus ce dimanche 7 décembre. "Quand je rentre à la maison, mes enfants me demandent comment va maman. Je ne vais toujours pas pouvoir leur dire si elle est en train de gagner ou non sa bataille contre le choléra..." Le long des grillages couronnés de barbelés, sa belle-soeur vient de le rejoindre pour le réconforter.
Banlieue très peuplée d'Harare située au sud-ouest de la capitale zimbabwéenne, Budiriro est le lieu de naissance de l'épidémie de choléra qui a frappé 14 000 personnes, dont 589 mortellement, dans tout le pays depuis le mois d'août. Des chiffres officiels largement sous-estimés : dans les campagnes, faute de moyens de transport pour se rendre dans les centres de soin, de nombreux Zimbabwéens meurent sans bruit du choléra.
Dans la cour de la polyclinique, deux tentes MSF et Unicef d'une vingtaine de lits chacune ont été installées pour porter la capacité d'accueil à 150 malades. A l'entrée et dans les couloirs du bâtiment aux murs défraîchis, des pédiluves préviennent toute propagation de la maladie. Des points d'eau sont répartis dans le centre afin de pouvoir se laver les mains. Allongés sur des lits de camp, les patients, recouverts d'une couverture, suivent un processus de réhydratation. Les cas les plus sérieux présentent des visages fatigués et des corps amaigris, où la peau recouvre juste les os.
Entre deux portes, un infirmier confie toutefois que la situation s'est améliorée récemment : "En une semaine, on est passé d'une trentaine d'admis sions quotidiennes à seulement quelques-unes par jour."
Des affiches, des messages radio martelant que "le choléra tue", des sessions d'information dans les communautés, les efforts pédagogiques commencent à porter leurs fruits autour de Budiriro. A la fin de l'été, l'épidémie se nourrissait encore de l'ignorance des habitants. Obligés de creuser des puits de six à huit mètres de profondeur pour pallier les coupures d'eau récurrentes depuis six mois, les résidents se rendaient les uns chez les autres pour plonger leur propre seau et récupérer le précieux liquide sans se rendre compte qu'ils contaminaient ainsi les sources une par une.
Aujourd'hui, lors des cérémonies funèbres, les membres de la famille savent qu'ils ne doivent pas manipuler le défunt, ni se serrer la main ou encore partager leur nourriture avec des amis. A la mi-journée, une vieille dame se présente d'elle-même au centre. "Il y a une malade qui est restée quatre jours chez moi, j'aimerais que vous veniez décontaminer." Un effort de prévention finalement vain puisque l'équipe compétente est submergée de travail.
Sans jamais le citer nommément, les proches des malades rendent leur président Robert Mugabe largement responsable de la situation. "Pourquoi le vieil homme n'a-t-il pas, dès le début, déclaré l'urgence nationale ?", s'interroge Jabulani, qui espère que sa fille s'en sortira. "On aurait pu bénéficier de l'aide internationale et, au lieu de trois mois, l'épidémie n'aurait duré que deux semaines !".
Lors de la dernière crise majeure de choléra au Zimbabwe, en 1992, 3000 personnes avaient été affectées. "Habituellement, cette maladie tue 1 % des cas recensés, mais vu l'état sanitaire du pays, le taux de mortalité a grimpé à 4,5 %", explique Custodia Mandlhate, la représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Zimbabwe. Autre facteur aggravant : le manque de personnel de santé. Médecin à la polyclinique de Budiriro et père de quatre enfants, Martin ne veut plus travailler pour rien. "Je n'ai rien touché depuis la fin septembre! J'ai faim. Le choléra est en train de nous tuer."
Source: Yahoo News
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