Ce trésor français, minutieusement inventorié par la police financière parisienne en 2007 dans une enquête sans précédent, est aux mains des chefs de trois Etats producteurs de pétrole, Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) et de leurs parents proches.
L'organisation anticorruption Transparency International France et un Gabonais, Grégory Gbwa Mintsa, demandent des poursuites pour "recel de détournement de fonds publics". Le procureur, qui a déjà classé sans suite deux plaintes depuis 2007, s'est opposé à une information judiciaire le 18 avril.
La juge d'instruction Françoise Desset va trancher dans les semaines qui viennent, dans un climat de peur en Afrique.
Deux Congolais qui voulaient porter plainte ont renoncé en expliquant avoir reçu des menaces. En janvier, Grégory Gbwa Mintsa a été jeté en prison durant douze jours dans son pays.
Me William Bourdon, avocat des plaignants, assure qu'un avocat de Paris se disant mandaté par le Gabon est venu lui proposer d'ouvrir un compte bancaire en Suisse bien garni pour son association, Sherpa, associée à la procédure.
Après son refus, un autre émissaire lui aurait fait état des risques pour son intégrité physique. "Je m'en fous", affirme l'avocat. "Les citoyens africains ont le droit d'agir".
"Quand on paye des impôts, c'est pour avoir accès a l'hôpital et à l'école, pas pour permettre a ses dirigeants d'acheter une Maserati", dit-il à Reuters.
Les immeubles cossus du trésor africain sont devenus encombrants. Un hôtel particulier acheté près des Champs-Elysées pour 18,8 millions d'euros par l'épouse d'Omar Bongo, fille de Denis Sassou Nguesso, a fait l'objet en 2007 d'un simulacre de "saisie" publique par des militants anticorruption.
Un "Tour cycliste des biens d'Omar Bongo" a aussi été organisé, avec comme vainqueurs ironiques les équipes attribuées aux grandes sociétés, dont Total. L'avenue Foch a été rebaptisée "avenue des dictateurs".
La presse satirique s'amuse. Charlie Hebdo, par un tour en dessins, a décrit "Les bonnes adresses de la Françafrique".
Les fonds ne peuvent venir, pour les plaignants, des salaires des présidents. Ils soulignent que le procès Elf à Paris en 2003 a démontré que les revenus du pétrole profitaient personnellement aux chefs d'Etats en question.
Ces derniers nient toute malversation. Mais Omar Bongo n'a pas engagé à ce jours les poursuites en diffamation qu'annonçait son avocat, Me Patrick Maisonneuve.
Dans le Figaro du 25 mars, Denis Sassou Nguesso a protesté et assuré ne posséder que deux logements en France. Pour les biens portés aux noms de ses proches, il a dit : "Leur vie n'est pas la mienne, ils l'organisent comme ils l'entendent".
Omar Bongo fut le premier chef d'Etat reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy après son élection. Le président français s'est rendu au Congo-Brazzaville le 26 mars dernier.
"Qu'il y ait une logique de raison d'Etat dans ce dossier, personne ne peut le discuter. On est dans la caricature. l'indépendance énergétique française, les réseaux Françafrique, le chantage des pays concernés", dit Me William Bourdon.
Les associations anticorruption remarquent que Jean-Marie Bockel, qui disait vouloir "signer l'acte de décès de la Françafrique", a été évincé en mars 2008 du ministère de la Coopération au profit d'Alain Joyandet.
"La France a une stratégie (...) qui vise à maintenir une clientèle qui lui est relativement conciliante. Donc, on ferme volontiers les yeux sur les biens mal acquis de certains dirigeants, sur les exactions commises sur les opposants", dit à Reuters Jean Merckaert, de l'association CCFD-Terre solidaire.
Pour cette ONG, les "biens mal acquis" des dictateurs mondiaux ne sont pas symboliques mais pèsent des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars.
Si une information judiciaire est ouverte à Paris, Daniel Lebègue, de Transparency International France, rêve d'une nouvelle destination pour ce trésor : "Attribuer les fonds à des organisations des Nations unies avec le mandat d'utiliser ces sommes au bénéfice des plus défavorisés de ces trois pays".
Source: Yahoo News
L'organisation anticorruption Transparency International France et un Gabonais, Grégory Gbwa Mintsa, demandent des poursuites pour "recel de détournement de fonds publics". Le procureur, qui a déjà classé sans suite deux plaintes depuis 2007, s'est opposé à une information judiciaire le 18 avril.
La juge d'instruction Françoise Desset va trancher dans les semaines qui viennent, dans un climat de peur en Afrique.
Deux Congolais qui voulaient porter plainte ont renoncé en expliquant avoir reçu des menaces. En janvier, Grégory Gbwa Mintsa a été jeté en prison durant douze jours dans son pays.
Me William Bourdon, avocat des plaignants, assure qu'un avocat de Paris se disant mandaté par le Gabon est venu lui proposer d'ouvrir un compte bancaire en Suisse bien garni pour son association, Sherpa, associée à la procédure.
Après son refus, un autre émissaire lui aurait fait état des risques pour son intégrité physique. "Je m'en fous", affirme l'avocat. "Les citoyens africains ont le droit d'agir".
"Quand on paye des impôts, c'est pour avoir accès a l'hôpital et à l'école, pas pour permettre a ses dirigeants d'acheter une Maserati", dit-il à Reuters.
Les immeubles cossus du trésor africain sont devenus encombrants. Un hôtel particulier acheté près des Champs-Elysées pour 18,8 millions d'euros par l'épouse d'Omar Bongo, fille de Denis Sassou Nguesso, a fait l'objet en 2007 d'un simulacre de "saisie" publique par des militants anticorruption.
Un "Tour cycliste des biens d'Omar Bongo" a aussi été organisé, avec comme vainqueurs ironiques les équipes attribuées aux grandes sociétés, dont Total. L'avenue Foch a été rebaptisée "avenue des dictateurs".
La presse satirique s'amuse. Charlie Hebdo, par un tour en dessins, a décrit "Les bonnes adresses de la Françafrique".
Les fonds ne peuvent venir, pour les plaignants, des salaires des présidents. Ils soulignent que le procès Elf à Paris en 2003 a démontré que les revenus du pétrole profitaient personnellement aux chefs d'Etats en question.
Ces derniers nient toute malversation. Mais Omar Bongo n'a pas engagé à ce jours les poursuites en diffamation qu'annonçait son avocat, Me Patrick Maisonneuve.
Dans le Figaro du 25 mars, Denis Sassou Nguesso a protesté et assuré ne posséder que deux logements en France. Pour les biens portés aux noms de ses proches, il a dit : "Leur vie n'est pas la mienne, ils l'organisent comme ils l'entendent".
Omar Bongo fut le premier chef d'Etat reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy après son élection. Le président français s'est rendu au Congo-Brazzaville le 26 mars dernier.
"Qu'il y ait une logique de raison d'Etat dans ce dossier, personne ne peut le discuter. On est dans la caricature. l'indépendance énergétique française, les réseaux Françafrique, le chantage des pays concernés", dit Me William Bourdon.
Les associations anticorruption remarquent que Jean-Marie Bockel, qui disait vouloir "signer l'acte de décès de la Françafrique", a été évincé en mars 2008 du ministère de la Coopération au profit d'Alain Joyandet.
"La France a une stratégie (...) qui vise à maintenir une clientèle qui lui est relativement conciliante. Donc, on ferme volontiers les yeux sur les biens mal acquis de certains dirigeants, sur les exactions commises sur les opposants", dit à Reuters Jean Merckaert, de l'association CCFD-Terre solidaire.
Pour cette ONG, les "biens mal acquis" des dictateurs mondiaux ne sont pas symboliques mais pèsent des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars.
Si une information judiciaire est ouverte à Paris, Daniel Lebègue, de Transparency International France, rêve d'une nouvelle destination pour ce trésor : "Attribuer les fonds à des organisations des Nations unies avec le mandat d'utiliser ces sommes au bénéfice des plus défavorisés de ces trois pays".
Source: Yahoo News
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