La Géorgie s'enflamme : le rêve européen attise les tensions

La capitale géorgienne, Tbilissi, est devenue l'épicentre d'un mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plusieurs jours. Des milliers de manifestants pro-européens se sont rassemblés devant le Parlement, exprimant leur colère face à la décision du gouvernement de reporter le processus d'intégration à l'Union européenne. Les forces de l'ordre ont réagi avec fermeté, utilisant gaz lacrymogène et canons à eau pour disperser la foule.

Cette répression a suscité de vives réactions, tant au niveau national qu'international. Le service d'enquête géorgien a ouvert une investigation sur les allégations d'abus d'autorité par les forces de l'ordre. La France a appelé au respect du droit de manifester pacifiquement, tandis que le Conseil de l'Europe a condamné la "répression brutale" des manifestations.

Le mouvement de protestation s'étend au-delà de la rue. Des centaines de fonctionnaires, diplomates et universitaires ont publié des déclarations communes en signe de protestation. Environ 160 diplomates géorgiens ont critiqué la décision du gouvernement, estimant qu'elle était contraire à la Constitution et conduisait à "l'isolement international" du pays.

La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, se trouve dans une position délicate. En rupture avec le gouvernement mais disposant de pouvoirs limités, elle a choisi de soutenir les manifestants. Dans une interview accordée à Euronews, elle a déclaré : "Nous ne nous préparons pas à une révolution. Nous préparons la transition vers de nouvelles élections, car c'est le moyen le plus stable pour ce pays d'aller de l'avant et de revenir sur la voie européenne".

Zourabichvili a souligné l'importance du soutien international, notamment la résolution du Parlement européen et la préparation d'une déclaration des 27 membres de l'UE sur la situation. Elle a insisté sur le fait que la population géorgienne demande deux choses : conserver son avenir européen et obtenir de nouvelles élections pour avoir un gouvernement stable et légitime.

La présidente a également mis en lumière la complexité de la situation politique actuelle. Elle se considère comme "la seule institution indépendante qui reste dans le pays et qui n'est pas dirigée par un parti et un homme". Cette position unique lui confère une responsabilité particulière dans la gestion de cette crise.

La situation en Géorgie a attiré l'attention de la communauté internationale, y compris celle des États-Unis. Dans un geste fort, Washington a décidé de suspendre son partenariat stratégique avec la Géorgie, condamnant la décision du pays de suspendre ses efforts en vue d'adhérer à l'Union européenne.

Cette décision américaine ajoute une nouvelle dimension à la crise, soulignant l'importance géopolitique de la Géorgie. Le pays se trouve à la croisée des chemins entre ses aspirations européennes et ses relations avec les grandes puissances.
La situation rappelle, dans une certaine mesure, les événements de l'Euromaïdan en Ukraine il y a près de 11 ans. Cependant, Zourabichvili souligne les différences :

"Je pense que c'est très différent parce que les Géorgiens ne sont pas des Ukrainiens. Nous avons beaucoup de choses en commun, nos deux pays, car nous avons affronté le même ennemi. Mais les choses sont très différentes parce que le caractère géorgien est très différent".

L'avenir de la Géorgie reste incertain. Entre les manifestations pro-européennes, la position du gouvernement et les réactions internationales, le pays se trouve à un moment charnière de son histoire. Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer la direction que prendra cette nation du Caucase.
Pour plus d'informations sur la situation en Géorgie, vous pouvez consulter le site officiel du gouvernement géorgien : http://gov.ge/index.php?lang_id=ENG