«Tu aimeras ton prochain comme toi-même!»
Les grandes crises mondiales relèvent toujours la même histoire des peuples avec un passé glorieux qui n'abandonne jamais le présent. Autrement dit, tout est histoire. Le début de l'histoire remonte le temps et inscrit ses premières lettres dans un commencement héroïque et éloigné mais toujours vivant et prêt à exhumer les valeurs primordiales et les passions nationales. Quand le politique prend place sur scène, les spectateurs attendent le spectacle et les figures du passé revivent et prennent des allures contemporaines. Nul argument, nulle action n'est plus irrationnelle car il s'agit de la révélation du passé. Au nom des victimes et des héros, le présent devient légitime. La naissance d'un nouveau «Demain» exige la conception d'un conflit. On l'appelle «nouveau», mais il est déjà conçu; on se dit prêt à négocier mais on s'embrasse amicalement; on est pacifistes, mais toujours confrontés à la menace du national. Comment rester libre sans se battre et comment se battre sans se cacher derrière le leitmotive de «la défense de l'intérêt national»? Il est impossible de comprendre le monde contemporain sans remonter le temps et sans décrypter les premières lettres de l'histoire: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même!»
La dimension cachée
On le sait depuis toujours: le monde est polarisé entre l'Est et Ouest; entre le Sud et le Nord; entre les catholiques et les protestants; entre la démocratie et le totalitarisme; entre le Bon et le Mal. Aujourd'hui encore, le monde se polarise entre son intérêt et son histoire. La polarité- ce qui signifie la contre-apposition de deux points différents du même système- illustre parfois deux extrémité semblables à la poursuite d'un même but. Si deux personnes poursuivent la même proie, il faut qu'elles choisissent deux routes différentes, ainsi que deux stratégies distinctes qui aboutissent au même point. Dans son désir d'être le premier et de dominer, l'homme n'est pas polaire mais unilatéral. Et finalement, notre monde peut-il être polarisé? Quelle est la différence entre l'Est et l'Ouest? Ces dimensions ne font-elles un drôle de tour du monde dans lequel on gagne juste un jour de plus? Nonobstant, le présent prouve qu'il existe encore une dimension: la dimension cachée.
Les États-Unis s'autoconsidèrent comme les précurseurs de la paix mondiale et comme les «exportateurs de la démocratie moderne». Mais la mémoire est beaucoup plus infertile que l'intérêt. En 1992, les américains et les européens ont commémoré l'année de l'arrivée de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde, mais jusqu'à aujourd'hui personne n'a reconnu le génocide commis pas les américains contre les indiens. L'histoire des Amérindiens se souvient, par exemple, du massacre des Péquots en 1936 et de la perte de centaines de personnes, des enfants et des femmes majoritairement. Les complicités américaines dans les crimes de guerre comme en Cambodge et en Timor-Oriental sont multiples.
La Russie, pour sa part, se veut démocratique et industrialisée (au moins, elle fait partie de G8) mais sans oublier que les droits des hommes ne sont respectés que si on les applique à l'ordre politique légitime et à son respect minutieux. L'étique de la démocratie - et de toute dignité politique - consiste aussi dans la fait de reconnaître que le pays a commis des fautes et des crimes. La famine inhumaine de 1933-34 provoquée consciemment par les russes, tue de 4 à 6 millions d'Ukrainiens. Quel est le sens démocratique contemporain de cet événement peu commenté?
Les nouveaux membres de l'Union Européenne - pays de l'Europe centrale issus de l'ex-Union soviétique - se proclament aussi démocratiques mais sans rater l'occasion de se venger contre la Russie et son passé obscur. La démocratie implique le passé et les leçons qu'il escamote. On est, malgré tout, prisonniers de la dimension cachée; elle n'a pas de sens ni à l'Est, ni à l'Ouest.
Dans ce caléidoscope historique, deux crises militaires nucléaires dessinent la frontière imaginaire du monde : la crise de Cuba en 1962 lorsque Nikita Khrouchtchev installe des missiles nucléaires pour contrer la tentative de renversement du régime de Castro et en 1977 lorsque l'URSS déploie des missiles nucléaires pointés vers les capitales européenne, toujours en riposte à des appétits américains de séparer et dominer. On l'a échappé bel... Oui, mais comment échapper au passé héroïque? Peut-être peut-on sacrifier l'intérêt national au nom de l'amour envers le prochain?
Non! On ne peut pas changer le passé mais on peut reconnaître les fautes.
Les États-Unis s'autoconsidèrent comme les précurseurs de la paix mondiale et comme les «exportateurs de la démocratie moderne». Mais la mémoire est beaucoup plus infertile que l'intérêt. En 1992, les américains et les européens ont commémoré l'année de l'arrivée de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde, mais jusqu'à aujourd'hui personne n'a reconnu le génocide commis pas les américains contre les indiens. L'histoire des Amérindiens se souvient, par exemple, du massacre des Péquots en 1936 et de la perte de centaines de personnes, des enfants et des femmes majoritairement. Les complicités américaines dans les crimes de guerre comme en Cambodge et en Timor-Oriental sont multiples.
La Russie, pour sa part, se veut démocratique et industrialisée (au moins, elle fait partie de G8) mais sans oublier que les droits des hommes ne sont respectés que si on les applique à l'ordre politique légitime et à son respect minutieux. L'étique de la démocratie - et de toute dignité politique - consiste aussi dans la fait de reconnaître que le pays a commis des fautes et des crimes. La famine inhumaine de 1933-34 provoquée consciemment par les russes, tue de 4 à 6 millions d'Ukrainiens. Quel est le sens démocratique contemporain de cet événement peu commenté?
Les nouveaux membres de l'Union Européenne - pays de l'Europe centrale issus de l'ex-Union soviétique - se proclament aussi démocratiques mais sans rater l'occasion de se venger contre la Russie et son passé obscur. La démocratie implique le passé et les leçons qu'il escamote. On est, malgré tout, prisonniers de la dimension cachée; elle n'a pas de sens ni à l'Est, ni à l'Ouest.
Dans ce caléidoscope historique, deux crises militaires nucléaires dessinent la frontière imaginaire du monde : la crise de Cuba en 1962 lorsque Nikita Khrouchtchev installe des missiles nucléaires pour contrer la tentative de renversement du régime de Castro et en 1977 lorsque l'URSS déploie des missiles nucléaires pointés vers les capitales européenne, toujours en riposte à des appétits américains de séparer et dominer. On l'a échappé bel... Oui, mais comment échapper au passé héroïque? Peut-être peut-on sacrifier l'intérêt national au nom de l'amour envers le prochain?
Non! On ne peut pas changer le passé mais on peut reconnaître les fautes.
Fernand de Magellan et le voyage autour du monde
Le G8 a été marqué par une forte tension entre les États-Unis et la Russie. Il y avait de grandes chances que les deux super-puissances militaires campent sur leurs positions initiales. Toujours avec une idée de plus symbolisant la protection de la sécurité nationale et tout ce qui va de pair, les deux protagoniste mondiaux ont essayé de trouver une langue commune. Contrairement à l'opinion européenne prédéterminée, c'est du côté russe que le compromis a été d'abord conçu: utiliser une base russe en Azerbaïdjan pour déployer les éléments du bouclier antimissile américain. La réponse positive peut être une preuve indiscutable que ce bouclier n'est pas une menace pour la sécurité russe. Certes, mais il faut aussi approuver une volonté de travailler ensemble et de ne plus s'opposer.
La paix contemporaine européenne et mondiale n'est rien d'autre que coalition entre des pays souverains et démocratiques. Mais toute coalition, y compris les unions, les fédérations, les organisation et les ligues qui réunissent certains pays et en laissent d'autres à l'extérieur, a une caractère séparatiste. La plus grande coalition des pays démocratiques du monde, l'Union Européenne (UE), subit le même sort. En intégrant certains pays et en en négligeant d'autres, elle creuse un fossé imaginaire entre ce qui est à nous et ce qui est aux autres. Il n'est pas étonnant que la population russe soit totalement opposée et hostile à l'Union Européenne. La dimension cachée, cette frontière imaginaire de séparation et d'identification nationale, n'oblige personne à accepter la Russie dans l'UE mais elle revendique certainement un droit de reconnaissance et d'intégration mutuelle. Le monde a été conçu et créé avec une idée primordiale: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même!» et dans ce vrai monde les frontières n'existent pas.
Quant à l'opposition entre l'Est et l'Ouest, rappelons-nous une histoire célèbre. Fernand de Magellan a cru que la terre était triangulaire et qu'il pouvait trouver une nouvelle route de par le monde. Il partit alors à l'Ouest pour mener une expédition civilisatrice et commerciale et finit par faire un voyage autour du monde. Depuis, on sait que la Terre est un globe, parfaitement rond et harmonieux, et que partir à l'Est, c'est arriver à l'Ouest en gagnant un jour de plus. Encore un jour de réflexion...
La paix contemporaine européenne et mondiale n'est rien d'autre que coalition entre des pays souverains et démocratiques. Mais toute coalition, y compris les unions, les fédérations, les organisation et les ligues qui réunissent certains pays et en laissent d'autres à l'extérieur, a une caractère séparatiste. La plus grande coalition des pays démocratiques du monde, l'Union Européenne (UE), subit le même sort. En intégrant certains pays et en en négligeant d'autres, elle creuse un fossé imaginaire entre ce qui est à nous et ce qui est aux autres. Il n'est pas étonnant que la population russe soit totalement opposée et hostile à l'Union Européenne. La dimension cachée, cette frontière imaginaire de séparation et d'identification nationale, n'oblige personne à accepter la Russie dans l'UE mais elle revendique certainement un droit de reconnaissance et d'intégration mutuelle. Le monde a été conçu et créé avec une idée primordiale: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même!» et dans ce vrai monde les frontières n'existent pas.
Quant à l'opposition entre l'Est et l'Ouest, rappelons-nous une histoire célèbre. Fernand de Magellan a cru que la terre était triangulaire et qu'il pouvait trouver une nouvelle route de par le monde. Il partit alors à l'Ouest pour mener une expédition civilisatrice et commerciale et finit par faire un voyage autour du monde. Depuis, on sait que la Terre est un globe, parfaitement rond et harmonieux, et que partir à l'Est, c'est arriver à l'Ouest en gagnant un jour de plus. Encore un jour de réflexion...
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