Une vague de protestation d’abord. Puis un soutien affirmé : celui de Le Pen. Durant la campagne électorale, il l’avait proposé, avant de l’annoncer comme une promesse. Les réticences et les oppositions, notamment des intellectuels, n’ont donc rien changé. Il l’a fait. Nicolas Sarkozy a donc officiellement installé un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, y accolant deux autres termes comme pour faire avaler la pilule : Intégration et Codéveloppement. Nous connaissons la rhétorique du président élu sur le sujet, exposée à plusieurs reprises sans délicatesse. Fin avril, en meeting, il disait encore : « Il faut parler de l’immigration, sinon il ne faudra pas se plaindre que les partis extrémistes s’en emparent. » Deux jours après, il répétait : « L’identité nationale n’est pas un gros mot. » Problème : y accoler l’immigration et les plaquer ensemble sur le fronton d’un ministère, n’était-ce pas, pourtant, une offense aux valeurs républicaines ?
Le 24 mars dernier, dans ces mêmes colonnes, nous avions organisé un premier débat : « Qu’est-ce que l’identité nationale ? » Nous voilà deux mois plus tard, et un ministère de plein droit est en place, prêt à l’action et déterminé à agir. Mais pour quoi faire ? Sur quels fondamentaux ? Car l’identité nationale ne se définit pas. Ce n’est pas un gène, ni un don du sang ou du sol. Elle est le produit d’une histoire et de luttes, elle est à tout le monde, sans cesse en mouvement et en renouvellement. Elle doit être respectée, certes, sans pour autant s’octroyer de privilèges. Notre cursus de valeurs (laïcité, démocratie, égalité, etc.) suffit-il d’ailleurs à en définir le « périmètre » ? Les plus brillants esprits et les historiens sérieux admettent qu’il n’existe aucune définition incontestable de l’« être français ». Mais il y a plus inquiétant : la seule fois où l’État français a placé sous la tutelle d’une même institution l’identité nationale et l’immigration, c’était sous Vichy ! Nous sommes en 2007, mais, n’en déplaise au nouveau président, nos craintes restent plus que jamais légitimes.
Jean de Leyzieu dans l"Humanité" du 2 Juin 2007
Le 24 mars dernier, dans ces mêmes colonnes, nous avions organisé un premier débat : « Qu’est-ce que l’identité nationale ? » Nous voilà deux mois plus tard, et un ministère de plein droit est en place, prêt à l’action et déterminé à agir. Mais pour quoi faire ? Sur quels fondamentaux ? Car l’identité nationale ne se définit pas. Ce n’est pas un gène, ni un don du sang ou du sol. Elle est le produit d’une histoire et de luttes, elle est à tout le monde, sans cesse en mouvement et en renouvellement. Elle doit être respectée, certes, sans pour autant s’octroyer de privilèges. Notre cursus de valeurs (laïcité, démocratie, égalité, etc.) suffit-il d’ailleurs à en définir le « périmètre » ? Les plus brillants esprits et les historiens sérieux admettent qu’il n’existe aucune définition incontestable de l’« être français ». Mais il y a plus inquiétant : la seule fois où l’État français a placé sous la tutelle d’une même institution l’identité nationale et l’immigration, c’était sous Vichy ! Nous sommes en 2007, mais, n’en déplaise au nouveau président, nos craintes restent plus que jamais légitimes.
Jean de Leyzieu dans l"Humanité" du 2 Juin 2007
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