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Afrique et Moyen-Orient
08/11/2024 - 10:27

Les tensions croissantes autour de la communauté libanaise en Côte d’Ivoire

Le récent débat en ligne sur la communauté libanaise en Côte d'Ivoire, initié par des rumeurs d'une arrivée massive de Libanais fuyant les conflits au Liban, a mis en lumière des tensions anciennes. Environ 80 000 Libanais vivent en Côte d’Ivoire, une présence qui s’accompagne d’une influence économique et sociale marquée, mais qui suscite également des frictions avec la population locale.



Un pouvoir économique conséquent

La communauté libanaise en Côte d'Ivoire détient une part significative de l'économie nationale, contrôlant environ 40 % de celle-ci, soit une contribution de 8 % au PIB. Les entreprises libanaises, au nombre de 3 000, dominent des secteurs stratégiques tels que l'immobilier, l'industrie, les transports et la grande distribution. Cette puissance économique, en expansion depuis plusieurs décennies, permet à certains membres de la communauté d’acquérir des biens fonciers dans des zones comme Marcory, un quartier d'Abidjan. Une partie de la population ivoirienne voit d’un œil critique cette influence, d’autant plus que la communauté libanaise a souvent adopté une approche communautaire, peu ouverte sur la population locale.

Les Libanais de Côte d’Ivoire forment une société quelque peu isolée, fonctionnant avec ses propres institutions et normes. Ils gèrent leurs écoles, leurs hôpitaux, et organisent des événements internes, renforçant ainsi une identité distincte de celle du pays d'accueil. Cette séparation volontaire, souvent perçue comme une barrière culturelle, renforce le sentiment chez certains Ivoiriens que les Libanais ne souhaitent pas réellement s'intégrer. Des accusations d’arrogance et de discrimination sociale sont parfois avancées, nourries par le fait que certains Libanais, ayant acquis la nationalité ivoirienne, affichent une attitude de supériorité.

Des relations de travail marquées par les inégalités

Au sein des entreprises tenues par des Libanais, certains travailleurs ivoiriens font face à des conditions de travail jugées inéquitables. Des témoignages évoquent des discriminations, avec des employés ivoiriens souvent relégués à des postes subalternes, indépendamment de leurs qualifications. Ce déséquilibre alimente un ressentiment profond, d’autant que dans certains cas, des Ivoiriens expriment un sentiment d’injustice face à des pratiques perçues comme exploitantes.

Le traitement des Africains au Liban : une source de ressentiment

La situation des travailleurs africains au Liban, soumise à un système de parrainage strict (la "kafala"), exacerbe les critiques à l'encontre de la communauté libanaise en Côte d'Ivoire. Plusieurs témoignages rapportent que des employés de maison ivoiriens, une fois au Liban, subissent des conditions de vie précaires, leur passeport étant confisqué à leur arrivée. Cette pratique, qualifiée d’abusive par de nombreuses ONG, nourrit un sentiment de rancœur qui s'étend également à la communauté libanaise installée en Côte d'Ivoire. Les influenceurs ivoiriens ont ainsi appelé à un traitement réciproque des ressortissants libanais en Afrique.

Le besoin d’une meilleure intégration est devenu un sujet central. Les voix qui s’élèvent demandent une réciprocité dans le respect et la considération. Hamed Koffi Zarour, personnalité politique et figure de la communauté métisse ivoiro-libanaise, rappelle que l’accueil ivoirien n’implique pas la soumission. Une cohabitation harmonieuse entre Ivoiriens et Libanais pourrait passer par des mesures concrètes : une plus grande ouverture de la communauté libanaise, un traitement équitable des Africains au Liban, et un encadrement plus strict des processus d’acquisition de la nationalité en Côte d'Ivoire.
 

Frank Robin











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