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France
14/10/2009 - 18:39

La polémique sur Jean Sarkozy ne désenfle pas

La polémique sur la promotion annoncée de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (Epad) continue à agiter la classe politique, ravivant notamment le trouble de la majorité.


Assailli par une douzaine de questions sur ce seul sujet lors du compte rendu du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a montré mercredi des signes d'agacement.

"Cette affaire commence à suffire ! On a vraiment le sentiment d'une chasse à l'homme !" a déclaré Luc Chatel. "Je ne sais pas ce qu'on trouvera la prochaine fois. Ce sera (...) peut-être la race ou autre chose".

L'opposition accuse Nicolas Sarkozy de népotisme au profit de son fils de 23 ans, conseiller général des Hauts-de-Seine et étudiant en deuxième année de droit, qui serait appelé à gérer le premier quartier d'affaires d'Europe.

Le chef de l'Etat a jugé mardi la polémique sans fondement et excessive, tout comme le Premier ministre François Fillon.

Le président est revenu à mots couverts sur le sujet mercredi en conseil des ministres en remerciant les membres du gouvernement de leur solidarité "sur les questions du moment", sans citer expressément l'Epad, a rapporté un participant.

"La cible n'est pas telle ou telle personne. La cible, c'est toujours moi", a dit Nicolas Sarkozy selon un autre ministre.

Jean Sarkozy, qui dénonce des accusations partiales, a déclaré qu'il ne renoncerait pas à briguer la présidence de l'Epad, lors d'un conseil d'administration prévu le 4 décembre.

Le conseil général des Hauts-de-Seine se sera prononcé le 23 octobre sur son entrée au conseil d'administration de l'établissement, composé de 18 membres (neuf représentants des collectivités territoriales et autant de représentants de l'Etat). Le président de l'Epad est élu par ses pairs.

Le maire communiste de Nanterre Patrick Jarry, l'un des administrateurs, a annoncé mercredi qu'il briguerait lui aussi la succession de Patrick Devedjian, atteint par la limite d'âge, au motif qu'il n'est pas "moins légitime que Jean Sarkozy".

Entre indignation et ironie, les attaques contre la "méthode" Sarkozy ne tarissent pas.

François Bayrou a dénoncé "un abus de pouvoir". La légitimité de Jean Sarkozy? "Une vaste blague", a dit le président du MoDem sur RMC et BFM TV.

"Si on disait : le fils de Poutine est élu dans le 4e canton de Moscou - celui qui comporte tous les fonctionnaires du Kremlin - , vous considéreriez sans doute qu'il n'est pas élu pour ses mérites, mais par la protection qui s'est étendue sur lui. C'est exactement la même chose", a-t-il dit.

Alors que Nicolas Sarkozy a fait l'éloge mardi de la promotion par le mérite contre la cooptation par la naissance, lors de la présentation de la réforme du lycée, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a aussi déploré sur Europe 1 ce qu'il considère comme une provocation présidentielle.

"Le plus dommage dans tout ça, c'est de constater qu'encore une fois un étudiant est contraint de travailler pour financer ses études", a-t-il ironisé.

Quatre jeunes militants socialistes ont tenté mercredi d'être reçus à l'Elysée pour transmettre au président une demande d'adoption afin de bénéficier des mêmes avantages que Jean Sarkozy.

Gouvernement et responsables de la majorité s'efforcent d'organiser la parade, mais la réprobation gagne jusqu'aux rangs des élus UMP, déjà irrités par l'affaire Mitterrand, la réforme de la fiscalité locale ou la taxe carbone.

Le ministre du Travail, Xavier Darcos, s'est alarmé sur Canal+ d'un climat "répugnant" où se dessine "un délit de sale nom". La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a regretté sur i>Télé que Jean Sarkozy soit "jeté en pâture".

Le ministre de la Défense Hervé Morin s'est également porté à son secours en citant George Brassens - 'Jeune con, vieux con, l'âge ne fait rien à l'affaire' sur La Chaîne parlementaire et France Info.

"Je connais ce garçon, j'ai de l'affection pour lui, il a du talent, (...) il est fier de son nom et je vais vous dire, il a raison", a dit l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en appelant au "rajeunissement" des politiques.

Mais des parlementaires s'inquiètent des répercussions de l'affaire sur l'électorat de droite.

Cela crée "un trouble dans l'opinion", a estimé le député UMP "villepiniste" François Goulard sur France Inter. "Si la légitimité n'a pas à être contestée, il me semble que pour le moins il y a une maladresse, et je ne suis pas le seul à le penser", a dit pour sa part Pierre Cardo, député UMP des Yvelines


Source: Reuters via Yahoo News


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