Une rhétorique tendue entre Paris et Moscou

Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots. Devant les journalistes, il a accusé la Russie d’être la seule puissance impériale en Europe aujourd’hui. « Napoléon menait des conquêtes. La seule puissance impériale que je vois en Europe, c’est la Russie », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que Poutine était un « révisionniste de l’histoire et de l’identité des peuples ». Selon Macron, le président russe aurait été « piqué » par la capacité de l’Europe à « démasquer son jeu », notamment en ce qui concerne les pourparlers sur un cessez-le-feu en Ukraine, qu’il juge être une manœuvre pour « mieux reprendre la guerre ».

Vladimir Poutine, de son côté, a répondu avec une référence historique bien connue des Russes. « Il existe encore des gens qui veulent retourner au temps de Napoléon, en oubliant comment ça s’est terminé », a-t-il déclaré, faisant allusion à la campagne désastreuse de Napoléon en Russie en 1812. Cette référence, souvent utilisée pour galvaniser le patriotisme russe, a été perçue comme une critique voilée de la position de Macron.

Le sommet de Bruxelles a été l’occasion pour les Vingt-Sept de se mettre d’accord sur un plan ambitieux visant à renforcer les capacités de défense de l’Union européenne. Emmanuel Macron a même évoqué la possibilité d’utiliser le parapluie nucléaire français pour protéger l’Europe, une proposition qui n’a pas manqué de faire réagir Moscou. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a dénoncé une « rhétorique de confrontation » et affirmé que l’UE positionnait la Russie comme son « ennemi principal ».

Peskov a également laissé entendre que cette militarisation croissante de l’Europe pourrait justifier des « mesures de représailles appropriées » de la part de la Russie pour garantir sa sécurité. Ces propos reflètent les craintes russes face à un renforcement des capacités militaires européennes, perçu comme une menace directe.

En Russie, la presse proche du Kremlin s’est empressée de critiquer l’allocution d’Emmanuel Macron. Certains médias ont qualifié sa rhétorique de « hautement belliqueuse », l’accusant d’utiliser la Russie comme un épouvantail pour justifier ses politiques de défense. Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, est allé encore plus loin en comparant Macron à Napoléon et à Hitler, deux figures historiques qui, selon lui, avaient également cherché à « conquérir » la Russie.

Lavrov a également critiqué les déclarations de Macron sur l’Ukraine, les qualifiant de « vagues et nerveuses ». Le président français avait en effet insisté sur le fait qu’une paix durable ne pouvait pas être conclue sous le diktat russe, ajoutant qu’un cessez-le-feu fragile ne serait pas une solution viable. « La paix ne peut pas être la capitulation de l’Ukraine », avait-il martelé.