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Afrique et Moyen-Orient
02/06/2009 - 11:40

Les viols deviennent courants au Darfour

Une étude menée auprès des femmes qui ont fui le conflit du Darfour au Soudan montre qu'un tiers ont été violées et que la plupart redoutent de subir des sévices sexuels dans les camps de réfugiés au Tchad, a établi le groupe américain Physicians for Human Rights (médecins pour les droits humains).


L'étude publié dimanche souligne que la moitié des viols perpétrés au Darfour sont attribuables aux milices Janjawid, alliées au gouvernement de Karthoum, et le reste aux villageois tchadiens, près des camps de réfugiés gérés par l'ONU. Ils s'attaquent aux femmes quand elles vont chercher du bois ou du fourrage pour le bétail en dehors du camp.

L'ONG souhaite que ces viols, qualifiés de crime de guerre, soient jugés, et engage la Cour criminelle internationale à lancer des mandats d'arrêts contre les principaux suspects soudanais. Les médecins demandent aussi une meilleure protection des réfugiés au Tchad par la police locale et les soldats de la paix, protégeant notamment la quête de bois.

La question est hautement décriée par le gouvernement soudanais, qui nie qu'aient lieu des violences systématique ou des viols de femmes.

Trois médecins et un chercheur ont interviewé 88 femmes en novembre au camp de réfugiés de Farchana, au Tchad, où plus de 20.000 personnes déplacées du Darfour sont sous la garde de 2.000 soldats tchadiens, à 55 km de la frontière avec le Soudan.

Parmi ces 88 femmes interrogées, 29 ont subi un viol "confirmé ou très probable", selon l'organisation. Trois femmes ont été violées deux fois. Dix-sept viols ont eu lieu au Darfour, et 15 au Tchad. Par ailleurs, cinq femmes ont témoigné avoir assisté à des viols collectifs par les miliciens au Darfour.

Les membres de l'ONG considèrent "hautement probable" un viol quand la victime s'est évanouie lors de l'agression, et présente des séquelles visibles, ou si elle a reconnu dans un premier temps avoir été violée, avant de nier les faits par la suite pour dissimuler sa honte.

Le conflit au Darfour dure depuis 2003 et oppose des rebelles africains de la province de l'ouest du Soudan au gouvernement de Karthoum, qui a une attitude discriminante à leur encontre ou les néglige. Le conflit a entraîné la mort de 300.000 personnes et fait 2,7 millions de déplacés. Environ 250.000 Darfouri ont fui au Tchad, où ils vivent dans des camps de réfugiés.

Le groupe reconnaît que sa méthode d'enquête -des interviews menées dans les camps de réfugiés avec l'accord des chefs de ces camps, et auprès de femmes informées par le bouche-à-oreille- ne permet pas de tirer des conclusions sur la situation générale au Darfour, ou parmi la population des réfugiés du camp de Farchana.

La culture musulmane en vigueur au Darfour ne facilite pas la déclaration des viols. Les femmes redoutent l'ostracisme qui les frapperait ensuite, et elles craignent des représailles du gouvernement.

Les enquêtes ont encore été compliquées par l'expulsion de 13 ONG étrangères décrétée par le gouvernement soudanais après le lancement d'un mandat d'arrêt contre le président Béchir par la Cour criminelle internationale. Omar el-Béchir est notamment poursuivi pour les viols perpétrés à l'encontre des populations du Darfour.

Entre octobre 2004 et février 2005, Médecins sans frontières a rapporté avoir traité 500 victimes de viols au sud et à l'ouest du Darfour. Ces atteintes aux droits humains sont répétées, dans les villages où apparaissent les hommes en armes porteurs de turbans et d'uniformes kaki, à cheval ou à dos de chameau. Ces attaques sont généralement suivies de pilonnage aérien de l'armée soudanaise.

"Les femmes darfouri (africaines) sont appelées esclaves par leurs assaillants et les hommes sont tués. Les agresseurs brûlent systématiquement les villages et confisquent le bétail", d'après le rapport de Physicians for Human Rights.

Une victime rapporte par exemple qu'à 13 ans, quatre hommes arabes armés et à cheval ont attaqué la ferme de sa famille au village, dans le Darfour. Ils ont tué son père et l'ont violé.

"Quand ils ont tué mon père, ils ont vu que j'étais une petite fille", a témoigné la victime, membre de la tribu Masalit. "Je n'avais pas d'énergie ou de force pour m'opposer à eux. Ils ont commencé à abuser de moi, j'ai saigné, c'était tellement douloureux. J'ai été malade pendant sept jours. Je ne pouvais plus me tenir debout".

Au Tchad, les réfugiés ne risquent plus d'être massacrés par les miliciens arabes ou bombardés par les avions soudanais, mais ils sont toujours exposés aux viols, à la faim et aux privations.

En 2007, le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies avait documenté 52 cas de viols, en recueillant les témoignages dans 12 camps au Tchad, mais estimé que le chiffre était sûrement très sous-évalué.     

Source: Associated Presse via Yahoo News


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