Faire face à la pénurie d’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
Une certaine marge de manoeuvre s’offre à eux du fait que 85 % de leur consommation d’eau servent à l’agriculture. Cette région compte en effet autant de surfaces irriguées que les États-Unis, et une bonne partie de ces terres est affectée à des cultures qu’il y a moyen de pratiquer plus facilement ailleurs et d’importer.
Selon Julia Bucknall, spécialiste principale de la gestion des ressources naturelles et coauteur du rapport, les pays et leurs dirigeants sont de plus en plus enclins à s’attaquer aux problèmes de l’eau à mesure que s’imposent à eux, dans leur réalité crue, les coûts inhérents à la pollution et au manque d’eau. Des pays comme l’Algérie, l’Égypte et le Maroc consacrent ainsi 20 à 30 % de leur budget à l’eau.
Quant aux problèmes d’environnement liés à l’eau, ils représentent un coût de l’ordre de 0,5 à 2,5 % du PIB annuel dans beaucoup de pays, selon les estimations présentées dans le rapport. Pour Mme Bucknall, des données de ce type « révèlent en termes très simples les coûts associés à la pollution de l’eau... et ont eu un gros impact pour ce qui est de l’évolution des investissements en matière de traitement de l’eau ».
Perspectives à l’horizon 2050
Selon le rapport, les pays de la région MENA consomment près de 80 % de l’eau dont ils disposent. Cela contraste fortement avec des régions comme l’Amérique latine, les Caraïbes ou l’Afrique subsaharienne, où les pays ne consomment que 2 % environ du volume disponible.
Une consommation déjà si élevée ne laisse guère de marge aux pays de la région pour absorber l’accroissement de leur population ou les effets du changement climatique, qui pourraient contribuer à réduire le volume d’eau disponible par habitant de moitié d’ici 2050. Face à la pénurie croissante d’eau, prédit le rapport, la région devra en restreindre les utilisations.
Comme l’explique Mme Bucknall, ces pays vont devoir affecter l’eau aux usages qui génèrent le plus haut niveau de revenu et d’emploi, plutôt qu’à des cultures comme le blé, qui sont faciles et moins coûteuses à pratiquer ailleurs. Et compte tenu de son fort ensoleillement, la région ferait bien de se concentrer sur les cultures de rapport comme le raisin, les tomates, le melon ou les fraises, et d’accroître ses échanges avec l’Europe.
« Nous ne prétendons sûrement pas que les choix à opérer sont aisés », ajoute-t-elle. « Ils impliquent de douloureux changements, mais l’alternative est pire. En effectuant maintenant les choix difficiles au niveau des politiques, on permettra à l’eau de continuer à générer des services, des moyens de subsistance, des emplois et des effets positifs sur l’environnement pour l’avenir. »
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