On ajoute un invité (un syndicaliste c'est parfait), quelques images d’archives si c’est possible et le tour est joué : on a de l’information en "temps réel". On accroche x millions de téléspectateurs pendant x heures. Un des avantages, comme ce sont des flashs infos spéciaux, est qu’il n’y a pas de pubs. En contrepartie, le très gros inconvénient, c’est que ça rabâche: les producteurs partent du principe que de nouveaux téléspectateurs arrivent sur la chaîne à chaque instant. Et puis, il faut bien meubler les vides : dites n’importe quoi mais dites quelque chose. Pas de silence, pas de temps mort. De nos jours, un journaliste qui réussit est un professionnel du bavardage.
Aujourd’hui, il y avait du cocasse dans la situation: les manifestants se sont emparés des barrières de sécurité disposées le long du défilé pour entraver la marche des forces de l’ordre. En un mot, ils ont retourné contre l’Autorité les outils dont elle s’était dotée. Cela mis à part, rien ne justifiait véritablement une édition spéciale d’information: à la faveur d’une jonction, les forces de l’ordre ont finalement dispersé les manifestants. Mais ce n'est pas tout.
Comme la classe dirigeante fait elle aussi feu de tout bois, elle se sert des bavardages et des rabâchages de l’information en temps réel comme d’un boniment. Plus exactement, la classe dirigeante ne fait rien du tout : les rabâchages du "temps réel" deviennent mécaniquement du boniment. En l’occurrence: on nous distille que la sécurité publique, à défaut de pouvoir purement et simplement empêcher les manifestations, devra bientôt se montrer violente et expéditive en la forme d’interdictions catégoriques (par exemple de tout rassemblement de plus de 3 personnes quel qu’en soit le motif) assorties de contre-mesures (par exemple à balles réelles). On le distille aux téléspectateurs pour qu’ils n’en soient pas surpris le jour où cela arrivera et qu’ils pensent même qu’il fallait s’y attendre, que ça ne les étonne pas, qu’ils y avaient déjà pensé eux-mêmes. Tout est clair, carré. C’est légitime.
Ainsi, les manifestations du 14 juillet 2019 ne laisseront, dans la mémoire des téléspectateurs, que le souvenir des actes de vandalisme et de la marque du durcissement à venir de la sécurité publique. Du pain béni.
Aujourd’hui, il y avait du cocasse dans la situation: les manifestants se sont emparés des barrières de sécurité disposées le long du défilé pour entraver la marche des forces de l’ordre. En un mot, ils ont retourné contre l’Autorité les outils dont elle s’était dotée. Cela mis à part, rien ne justifiait véritablement une édition spéciale d’information: à la faveur d’une jonction, les forces de l’ordre ont finalement dispersé les manifestants. Mais ce n'est pas tout.
Comme la classe dirigeante fait elle aussi feu de tout bois, elle se sert des bavardages et des rabâchages de l’information en temps réel comme d’un boniment. Plus exactement, la classe dirigeante ne fait rien du tout : les rabâchages du "temps réel" deviennent mécaniquement du boniment. En l’occurrence: on nous distille que la sécurité publique, à défaut de pouvoir purement et simplement empêcher les manifestations, devra bientôt se montrer violente et expéditive en la forme d’interdictions catégoriques (par exemple de tout rassemblement de plus de 3 personnes quel qu’en soit le motif) assorties de contre-mesures (par exemple à balles réelles). On le distille aux téléspectateurs pour qu’ils n’en soient pas surpris le jour où cela arrivera et qu’ils pensent même qu’il fallait s’y attendre, que ça ne les étonne pas, qu’ils y avaient déjà pensé eux-mêmes. Tout est clair, carré. C’est légitime.
Ainsi, les manifestations du 14 juillet 2019 ne laisseront, dans la mémoire des téléspectateurs, que le souvenir des actes de vandalisme et de la marque du durcissement à venir de la sécurité publique. Du pain béni.