Ouverte il y a neuf ans, l’affaire Habré continue d’opposer les deux Etats, chacun saisis de plaintes pour torture émises contre l’ancien président du Tchad.
A quelques jours du sommet de l’Union africaine, fin janvier 2009, les déclarations du président sénégalais Abdulaye Wade au sujet de l’affaire Habré, diffusées sur les ondes de Radio France Internationale et dans un journal espagnol, provoquaient la colère des autorités belges.
Le président sénégalais déclarait, en substance, ne plus pouvoir juger dans son pays l’ancien président tchadien Hissène Habré. Bruxelles décidait donc de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ), lui demandant d’ordonner au Sénégal de juger l’ancien président du Tchad, ou à défaut, de l’extrader vers la Belgique.
Depuis 2000, les deux Etats sont saisis, par des victimes du régime Habré, de plaintes pour torture et crimes contre l’humanité. Après l’émission d’un mandat d’arrêt par Bruxelles, en 2005, le Sénégal avait finalement accepté, après avoir obtenu l’aval de l’Union africaine, de juger Hissène Habré sur son sol, là où l’ex-chef d’Etat avait trouvé asile après avoir perdu le pouvoir par les armes, il y a 19 ans.
Soupçonnant Dakar de vouloir lever les mesures de surveillance infligées à Hissène Habré, qui réside dans une banlieue de la capitale, la Belgique s’est donc tournée vers les juges de la Cour internationale, car si rien n’est fait, « monsieur Habré choisira sans doute sa prochaine terre d’accueil avec soin », a affirmé pour la Belgique maître Michael Wood.
Erreur d’interprétation, a plaidé le Sénégal. « La surveillance sur Hissène Habré et sa famille est constante » ont affirmé ses représentants à l’audience. « Monsieur Habré ne dispose pas aujourd’hui d’un titre de voyage valide, ni d’un passeport, ni d’un sauf-conduit. Il est sous la surveillance du gouverneur militaire et celle du GIGN » sénégalais.
Pour le Sénégal, qui soupçonne la Belgique de vouloir juger elle-même l’ex-chef d’Etat, « le seul obstacle à l’ouverture du procès d’Hissène Habré est d’ordre financier », a déclaré Demba Kandji, directeur des affaires criminelles au ministère de la Justice du Sénégal. Dakar avait demandé le soutien financier de la communauté internationale à la conduite d’un tel procès et présenté un devis de 27 millions d’euros à l’Union européenne.
Or cette dernière refuse d’honorer une telle facture. « C’est le quart du budget de la Cour pénale internationale » regrette Gérard Dive, conseiller en droit international humanitaire du ministère de la Justice belge, « 400 fois le coût des procès organisés en Belgique contre des ressortissants rwandais poursuivis pour violations du droit humanitaire ! ». Le Sénégal propose, de son côté, la mise sur pied d’un comité de gestion indépendant, mais refuse de démarrer le procès en l’absence de fonds.
Accusée de vouloir, en réalité, juger Hissène Habré devant ses propres tribunaux, la Belgique, de son côté, soupçonne Dakar de jouer la montre et affirme, pour soutenir sa thèse, qu’aucun acte judiciaire n’a été posé par le Sénégal, depuis qu’il a accepté, en 2006, de traiter l’affaire.
Le dossier d’enquête dont dispose la Belgique, « qui a permis de rassembler des milliers de documents qui occupent pas moins de 19 classeurs dans le bureau du juge d’instruction » selon maître Eric David, n’a toujours pas été demandé par le Sénégal et le temps qui passe pèse sur les éléments de preuve, estiment les plaignants. De leur côté, les avocats d’Hissène Habré gagnent du temps et s’organisent.
En 2008, deux plaintes ont été déposées contre le Sénégal, devant la Cour de la CEDEAO et la Cour africaine des droits de l’homme.
L’ouverture d’un éventuel procès contre Hissène Habré devrait donc prendre du temps. Mais pour maître Abdoulaye Dianko, extrader l’ex chef d’Etat reviendrait à « un véritable détournement de procédure ». Il ajoute qu’ « un procès sur un autre continent serait moins accessible aux victimes, du fait des restrictions de toute nature ». La multiplication des procédures engagées sur le continent européen et visant des chefs d’Etat africain le soudanais, Omar el-Béchir, notamment, et le chef d’Etat rwandais, Paul Kagamé suscitent de plus en plus la colère du continent. Un thème qui figure désormais à l’ordre du jour des relations entre l’Afrique et l’Union européenne.
Source: Dabio
A quelques jours du sommet de l’Union africaine, fin janvier 2009, les déclarations du président sénégalais Abdulaye Wade au sujet de l’affaire Habré, diffusées sur les ondes de Radio France Internationale et dans un journal espagnol, provoquaient la colère des autorités belges.
Le président sénégalais déclarait, en substance, ne plus pouvoir juger dans son pays l’ancien président tchadien Hissène Habré. Bruxelles décidait donc de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ), lui demandant d’ordonner au Sénégal de juger l’ancien président du Tchad, ou à défaut, de l’extrader vers la Belgique.
Depuis 2000, les deux Etats sont saisis, par des victimes du régime Habré, de plaintes pour torture et crimes contre l’humanité. Après l’émission d’un mandat d’arrêt par Bruxelles, en 2005, le Sénégal avait finalement accepté, après avoir obtenu l’aval de l’Union africaine, de juger Hissène Habré sur son sol, là où l’ex-chef d’Etat avait trouvé asile après avoir perdu le pouvoir par les armes, il y a 19 ans.
Soupçonnant Dakar de vouloir lever les mesures de surveillance infligées à Hissène Habré, qui réside dans une banlieue de la capitale, la Belgique s’est donc tournée vers les juges de la Cour internationale, car si rien n’est fait, « monsieur Habré choisira sans doute sa prochaine terre d’accueil avec soin », a affirmé pour la Belgique maître Michael Wood.
Erreur d’interprétation, a plaidé le Sénégal. « La surveillance sur Hissène Habré et sa famille est constante » ont affirmé ses représentants à l’audience. « Monsieur Habré ne dispose pas aujourd’hui d’un titre de voyage valide, ni d’un passeport, ni d’un sauf-conduit. Il est sous la surveillance du gouverneur militaire et celle du GIGN » sénégalais.
Pour le Sénégal, qui soupçonne la Belgique de vouloir juger elle-même l’ex-chef d’Etat, « le seul obstacle à l’ouverture du procès d’Hissène Habré est d’ordre financier », a déclaré Demba Kandji, directeur des affaires criminelles au ministère de la Justice du Sénégal. Dakar avait demandé le soutien financier de la communauté internationale à la conduite d’un tel procès et présenté un devis de 27 millions d’euros à l’Union européenne.
Or cette dernière refuse d’honorer une telle facture. « C’est le quart du budget de la Cour pénale internationale » regrette Gérard Dive, conseiller en droit international humanitaire du ministère de la Justice belge, « 400 fois le coût des procès organisés en Belgique contre des ressortissants rwandais poursuivis pour violations du droit humanitaire ! ». Le Sénégal propose, de son côté, la mise sur pied d’un comité de gestion indépendant, mais refuse de démarrer le procès en l’absence de fonds.
Accusée de vouloir, en réalité, juger Hissène Habré devant ses propres tribunaux, la Belgique, de son côté, soupçonne Dakar de jouer la montre et affirme, pour soutenir sa thèse, qu’aucun acte judiciaire n’a été posé par le Sénégal, depuis qu’il a accepté, en 2006, de traiter l’affaire.
Le dossier d’enquête dont dispose la Belgique, « qui a permis de rassembler des milliers de documents qui occupent pas moins de 19 classeurs dans le bureau du juge d’instruction » selon maître Eric David, n’a toujours pas été demandé par le Sénégal et le temps qui passe pèse sur les éléments de preuve, estiment les plaignants. De leur côté, les avocats d’Hissène Habré gagnent du temps et s’organisent.
En 2008, deux plaintes ont été déposées contre le Sénégal, devant la Cour de la CEDEAO et la Cour africaine des droits de l’homme.
L’ouverture d’un éventuel procès contre Hissène Habré devrait donc prendre du temps. Mais pour maître Abdoulaye Dianko, extrader l’ex chef d’Etat reviendrait à « un véritable détournement de procédure ». Il ajoute qu’ « un procès sur un autre continent serait moins accessible aux victimes, du fait des restrictions de toute nature ». La multiplication des procédures engagées sur le continent européen et visant des chefs d’Etat africain le soudanais, Omar el-Béchir, notamment, et le chef d’Etat rwandais, Paul Kagamé suscitent de plus en plus la colère du continent. Un thème qui figure désormais à l’ordre du jour des relations entre l’Afrique et l’Union européenne.
Source: Dabio
À lire également :
-
Vers une rupture entre la Cedeao et l'Alliance des États du Sahel
-
Qui est Mohammed al-Joulani, le nouveau homme fort de la Syrie ?
-
Chute de Bachar al-Assad en Syrie : le palais présidentiel envahi et pillé par des civils
-
La RDC poursuit le Rwanda devant la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples
-
Au Tchad comme au Sénégal, la présence militaire française prend fin