Tête de pont de la politique menée par Israël pour renforcer sa présence dans la partie est de Jérusalem, annexée en 1967 après la guerre des Six-Jours, Pisgat Zeev a été construite pour une population juive.
Youssef Majtalon, chrétien palestinien de 50 ans parlant l'hébreu, y est arrivé voilà sept ans avec sa femme et ses trois enfants pour y chercher un confort de base: l'eau courante et un ramassage régulier des ordures. Autant de services dont il ne pouvait bénéficier dans le quartier arabe où il résidait depuis 19 ans.
"Vous voyez ce climatiseur? dit-il en pointant l'appareil à air conditionné rafraîchissant son appartement. "Dans les quartiers arabes, l'électricité est trop faible pour les alimenter quant ils ont cette taille."
Seul hic: Youssef Majtalon n'est pas juif, mais palestinien.
S'il assure que certains voisins ont fini par se montrer chaleureux, après des débuts difficiles, il reconnaît que l'arrivée d'habitants palestiniens en gêne d'autres, qui envisagent déjà de quitter la colonie mais refusent de vendre ou louer à des Arabes.
Le problème dépasse largement la seule dimension immobilière. De la démographie devrait dépendre la partition de Jérusalem dans le cadre d'un éventuel accord de paix. Le cas échéant, la Ville sainte serait partagée en fonction de critères ethniques: les quartiers juifs iraient à Israël, les quartiers arabes au nouvel Etat palestinien.
Reste que les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme leur future capitale, tandis que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou jure que la ville "restera pour toujours" la capitale réunifiée de l'Etat hébreu.
Dans ce contexte, des rabbins de Pisgat Zeev ont interdit aux "traîtres" juifs vendant leur terre à des Arabes de participer aux prières communales.
"C'est une guerre. Si les Arabes font la conquête d'un quartier, ils en gagneront d'autres et ils étrangleront les juifs", s'alarme Hillel Weiss, porte-parole du Nouveau Sanhédrin, mouvement tirant son nom du tribunal suprême d'Israël dans la tradition juive.
Les statistiques officielles les plus récentes datent de 2007. Cette année-là, environ 1.300 des 42.000 habitants de Pisgat Zeev étaient arabes. Dans la colonie voisine de French Hill, 7.000 habitants, un sixième de la population était arabe. De même, à Neve Yakov, 600 des 2.000 habitants étaient des Arabes, selon le Centre israélien d'études sur Jérusalem.
Si Jérusalem-Ouest est juive à une écrasante majorité, la partie est de la ville est un véritable échiquier ethnique. Plus de 180.000 juifs y résident, la plupart dans des implantations comme Pisgat Zeev, mais aussi dans des enclaves dans les secteurs arabes. Quant aux 220.000 habitants palestiniens de Jérusalem, ils vivent presque tous du côté est.
Ironie de l'histoire, une large part de l'afflux arabe a fait suite à la construction par Israël en 2002 d'une barrière de séparation avec la Cisjordanie. Dans Jérusalem, ce mur serpente pour rattacher à la ville autant de colonies juives que possible, tandis que plusieurs quartiers arabes en sont désormais séparés.
Plusieurs dizaines de milliers d'habitants arabes de Jérusalem se sont ainsi retrouvés artificiellement en Cisjordanie. Bon nombre ont depuis migré vers des quartiers arabes de la Ville sainte pour des raisons d'emploi et de scolarité des enfants. Mais la pénurie de logements en a poussé beaucoup à tenter leur chance dans des implantations juives.
"Ces zones sont moins peuplées, on peut y vivre dans une maison, il y a des rues, des parcs et des aires de jeux", explique Moukhless Abou el-Hof, avocat arabe israélien qui est propriétaire de son logement à Pisgat Zeev. En revanche, ajoute-t-il, "dans les quartiers arabes, il n'y a rien..."
Youssef Majtalon avoue avoir aidé une trentaine de familles arabes à emménager à Pisgat Zeev et dit qu'il continue à être sollicité presque quotidiennement par des candidats à l'immigration.
Au-delà de la qualité de vie, il estime que vivre à Pisgat Zeev est pour lui un "acte nationaliste", destiné à renforcer la présence arabe dans sa ville natale. Et que les dirigeants palestiniens devraient s'inspirer de son exemple. "Ils devraient envoyer tous les Arabes à Pisgat Zeev", lance-t-il. "Je les aiderais tous à trouver un logement."
Source: Associated Presse via Yahoo News
Youssef Majtalon, chrétien palestinien de 50 ans parlant l'hébreu, y est arrivé voilà sept ans avec sa femme et ses trois enfants pour y chercher un confort de base: l'eau courante et un ramassage régulier des ordures. Autant de services dont il ne pouvait bénéficier dans le quartier arabe où il résidait depuis 19 ans.
"Vous voyez ce climatiseur? dit-il en pointant l'appareil à air conditionné rafraîchissant son appartement. "Dans les quartiers arabes, l'électricité est trop faible pour les alimenter quant ils ont cette taille."
Seul hic: Youssef Majtalon n'est pas juif, mais palestinien.
S'il assure que certains voisins ont fini par se montrer chaleureux, après des débuts difficiles, il reconnaît que l'arrivée d'habitants palestiniens en gêne d'autres, qui envisagent déjà de quitter la colonie mais refusent de vendre ou louer à des Arabes.
Le problème dépasse largement la seule dimension immobilière. De la démographie devrait dépendre la partition de Jérusalem dans le cadre d'un éventuel accord de paix. Le cas échéant, la Ville sainte serait partagée en fonction de critères ethniques: les quartiers juifs iraient à Israël, les quartiers arabes au nouvel Etat palestinien.
Reste que les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme leur future capitale, tandis que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou jure que la ville "restera pour toujours" la capitale réunifiée de l'Etat hébreu.
Dans ce contexte, des rabbins de Pisgat Zeev ont interdit aux "traîtres" juifs vendant leur terre à des Arabes de participer aux prières communales.
"C'est une guerre. Si les Arabes font la conquête d'un quartier, ils en gagneront d'autres et ils étrangleront les juifs", s'alarme Hillel Weiss, porte-parole du Nouveau Sanhédrin, mouvement tirant son nom du tribunal suprême d'Israël dans la tradition juive.
Les statistiques officielles les plus récentes datent de 2007. Cette année-là, environ 1.300 des 42.000 habitants de Pisgat Zeev étaient arabes. Dans la colonie voisine de French Hill, 7.000 habitants, un sixième de la population était arabe. De même, à Neve Yakov, 600 des 2.000 habitants étaient des Arabes, selon le Centre israélien d'études sur Jérusalem.
Si Jérusalem-Ouest est juive à une écrasante majorité, la partie est de la ville est un véritable échiquier ethnique. Plus de 180.000 juifs y résident, la plupart dans des implantations comme Pisgat Zeev, mais aussi dans des enclaves dans les secteurs arabes. Quant aux 220.000 habitants palestiniens de Jérusalem, ils vivent presque tous du côté est.
Ironie de l'histoire, une large part de l'afflux arabe a fait suite à la construction par Israël en 2002 d'une barrière de séparation avec la Cisjordanie. Dans Jérusalem, ce mur serpente pour rattacher à la ville autant de colonies juives que possible, tandis que plusieurs quartiers arabes en sont désormais séparés.
Plusieurs dizaines de milliers d'habitants arabes de Jérusalem se sont ainsi retrouvés artificiellement en Cisjordanie. Bon nombre ont depuis migré vers des quartiers arabes de la Ville sainte pour des raisons d'emploi et de scolarité des enfants. Mais la pénurie de logements en a poussé beaucoup à tenter leur chance dans des implantations juives.
"Ces zones sont moins peuplées, on peut y vivre dans une maison, il y a des rues, des parcs et des aires de jeux", explique Moukhless Abou el-Hof, avocat arabe israélien qui est propriétaire de son logement à Pisgat Zeev. En revanche, ajoute-t-il, "dans les quartiers arabes, il n'y a rien..."
Youssef Majtalon avoue avoir aidé une trentaine de familles arabes à emménager à Pisgat Zeev et dit qu'il continue à être sollicité presque quotidiennement par des candidats à l'immigration.
Au-delà de la qualité de vie, il estime que vivre à Pisgat Zeev est pour lui un "acte nationaliste", destiné à renforcer la présence arabe dans sa ville natale. Et que les dirigeants palestiniens devraient s'inspirer de son exemple. "Ils devraient envoyer tous les Arabes à Pisgat Zeev", lance-t-il. "Je les aiderais tous à trouver un logement."
Source: Associated Presse via Yahoo News
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