Les nouveaux chefs de l'armée - qui est une grande source d'instabilité dans un pays devenu une importante voie du trafic de drogue vers l'Europe - ont démenti que l'interpellation de Carlos Gomes Junior, qui n'a duré que quelques minutes, ait été une tentative de renversement du gouvernement.
Le Premier ministre, après avoir été relâché par les militaires, s'est rendu vendredi matin au palais présidentiel, sous escorte policière, a constaté un journaliste de Reuters.
Le chef de l'Etat, Malam Bacai Sanha, a tenu à minimiser l'affaire, parlant d'une querelle interne à l'armée.
On craint cependant que cet incident ne saborde les efforts du chef de l'Etat pour ramener la stabilité dans le pays. Son prédécesseur, Joao Bernardo Vieira, a péri assassiné par des soldats en mars 2009.
"Nous contrôlons la situation. Il y a eu un problème entre militaires qui s'est étendu aux autorités civiles", a dit le président Sanha à l'issue d'une réunion avec les nouveaux maîtres de l'armée.
De son côté, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a appelé dans un communiqué les dirigeants du pays à "résoudre les différends de manière pacifique" et à "maintenir l'ordre constitutionnel" dans cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest.
Dans un communiqué, les dirigeants des forces armées pour leur part "réaffirment leur soumission au pouvoir politique, aux institutions de la République et appellent au calme et à la sécurité de la population".
PUTSCH INTERNE À L'ARMÉE
Reste que l'avenir politique de Carlos Gomes Junior est remis en question, le nouveau chef des forces armées l'ayant clairement menacé, lui et ses partisans qui ont manifesté par centaines contre son arrestation.
"Si les manifestants ne quittent pas les rues, je les tuerai tous et je tuerai Carlos Gomes Junior", a lancé jeudi le général Antonio Njai au cours d'une conférence de presse, peu après l'arrestation de l'ex-chef d'état-major des forces armées, l'amiral José Zamora Induta.
La raison profonde de la discorde entre Njai et Gomes demeure obscure mais, en Guinée Bissau, l'armée, qui se targue d'avoir joué un rôle décisif dans l'accession à l'indépendance en 1974, dispute de longue date le pouvoir aux civils.
Selon un diplomate occidental en poste à Bissau, l'interpellation de Gomes a partie liée avec un autre incident survenu jeudi: un groupe de militaires a fait irruption dans les locaux des Nations unies pour chercher l'ancien chef d'état-major Bubo Na Tchuto, soupçonné d'une tentative de coup d'Etat en 2008 et qui avait trouvé refuge auprès de l'organisation en décembre dernier.
Bubo Na Tchuto, un allié de Njai, devait être livré au gouvernement de Gomes. Na Tchuto s'est affiché aux côtés de Njai lors de sa conférence de presse de jeudi.
Au cours de celle-ci, le général Njai s'est clairement présenté comme le nouveau numéro un de l'appareil militaire.
Source: Reuters via Yahoo
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