C'est un homme de courte taille. Une petite maison tout près d'un café de quartier dans lequel je m'arrête pour préparer l'interview du medium de divinatoire.be. Je sais bien que les sciences divinatoires sont considérées comme tout à fait empiriques, que beaucoup d'entre nous pensent qu'il s'agit d'un don. J'ai une autre opinion : le don de medium ou de voyance ne suffit pas. Le vrai medium observe, synthétise et essaie sans passion de s'élever au-dessus de l'événement pour l'analyser et en projeter les conséquences dans l'avenir. C'est chose aisée à dire mais certainement pas à faire. Pour autant, comment ignorer que c'est par l'étude de l'Histoire humaine que nous pouvons trouver l'explication de notre présent ?
A Bruxelles, les tasses de café sont plus grandes qu'en France. Je n'ai pas droit au sucre, ma petite cuiller tourne et créée des spirales dans les reflets bleus du café. Le patron m'interpelle : vous allez voir notre medium ? Je lève le nez. Le gros homme derrière le comptoir me sourit et ajoute : alors, inutile de regarder dans le café, buvez-le. Avec sa voyance, vous aurez toutes vos réponses. C'est un fameux medium, savez-vous ?
Voilà qu'il surenchérit : comment savez-vous qu'il est de courte taille ?
Je n'hésite pas à répliquer : comment savez-vous que je le sais ?
Le patron s'esclaffe et, à travers son rire, annonce de façon presque inaudible : il le dit à tout le monde. C'est pour que vous n'ayez pas peur.
Je me renfrogne, mes traits se tendent. J'ai toujours eu peur des gens de courte taille, particulièrement lorsqu’il s'agit d'un medium. Je me souviens en effet de feu mon ami Stanislas, grand medium s’il en fut, qui m'avait affirmé, en présence de sa fille Margo, voyante par téléphone et tarologue, qu'il fallait se méfier de tout medium qui serait de courte taille. Je ramasse mes notes sur la table, dépose une pièce sur le comptoir, ce contre quoi le patron proteste en me la rendant : je t'offre le café, tâche de t'en souvenir.
Je sors. Une bise glacée s'abat sur mon visage et, curieusement, la froidure me détend. Je frappe à la porte du medium. Je ne sais qui m'ouvre. Je traverse un couloir. Un homme est assis en tailleur. Son cou est ceint d'une écharpe à bandes rouges et bleues. Il me fait signe de prendre place. C'est un fauteuil rembourré, confortable. J'hésite, je trouve cela injuste : je veux être à son niveau, le regarder dans les yeux, créer un lien, peut-être scruter son pouvoir divinatoire ; je ne sais pas. Je m'assieds en tailleur et voilà qu'il se lève et prend le fauteuil.
Pourquoi s'est-il, alors, dépouillé de son écharpe et me l'a-t-il remise ? Je ne sais pas non plus. Je garde l'écharpe à la main. Cela lui semble égal, au medium. C'est alors qu'avec douceur, il me déclare : ceci a appartenu à ton ami Stanislas. Tu veux savoir quoi sur les Gilets Jaunes ?
A Bruxelles, les tasses de café sont plus grandes qu'en France. Je n'ai pas droit au sucre, ma petite cuiller tourne et créée des spirales dans les reflets bleus du café. Le patron m'interpelle : vous allez voir notre medium ? Je lève le nez. Le gros homme derrière le comptoir me sourit et ajoute : alors, inutile de regarder dans le café, buvez-le. Avec sa voyance, vous aurez toutes vos réponses. C'est un fameux medium, savez-vous ?
Voilà qu'il surenchérit : comment savez-vous qu'il est de courte taille ?
Je n'hésite pas à répliquer : comment savez-vous que je le sais ?
Le patron s'esclaffe et, à travers son rire, annonce de façon presque inaudible : il le dit à tout le monde. C'est pour que vous n'ayez pas peur.
Je me renfrogne, mes traits se tendent. J'ai toujours eu peur des gens de courte taille, particulièrement lorsqu’il s'agit d'un medium. Je me souviens en effet de feu mon ami Stanislas, grand medium s’il en fut, qui m'avait affirmé, en présence de sa fille Margo, voyante par téléphone et tarologue, qu'il fallait se méfier de tout medium qui serait de courte taille. Je ramasse mes notes sur la table, dépose une pièce sur le comptoir, ce contre quoi le patron proteste en me la rendant : je t'offre le café, tâche de t'en souvenir.
Je sors. Une bise glacée s'abat sur mon visage et, curieusement, la froidure me détend. Je frappe à la porte du medium. Je ne sais qui m'ouvre. Je traverse un couloir. Un homme est assis en tailleur. Son cou est ceint d'une écharpe à bandes rouges et bleues. Il me fait signe de prendre place. C'est un fauteuil rembourré, confortable. J'hésite, je trouve cela injuste : je veux être à son niveau, le regarder dans les yeux, créer un lien, peut-être scruter son pouvoir divinatoire ; je ne sais pas. Je m'assieds en tailleur et voilà qu'il se lève et prend le fauteuil.
Pourquoi s'est-il, alors, dépouillé de son écharpe et me l'a-t-il remise ? Je ne sais pas non plus. Je garde l'écharpe à la main. Cela lui semble égal, au medium. C'est alors qu'avec douceur, il me déclare : ceci a appartenu à ton ami Stanislas. Tu veux savoir quoi sur les Gilets Jaunes ?
J'hésite à répondre : ça me paraît un peu court comme question et, de plus, je m'attendais à poser la première. Le medium insiste. Me voyant perplexe, il ajoute : je n'envisage pas mon art divinatoire autrement qu'en symbiose avec le demandeur.
Une question me vient alors à l'esprit, simple, brève : pourquoi ? Le medium se lève. Il me prend l'écharpe que je tenais toujours à la main, prend son temps pour me la mettre autour du cou, déboutonne mon manteau de laine et me dit en souriant : à présent, tu es bien. Je vais te donner une réponse très simple. Peut-être cela te permettra-t-il, ensuite, de me poser les véritables questions, celles qui concernent ta personne, ton avenir. Les Gilets Jaunes, mon ami, sont la résultante de la décomposition sociale, en France et ailleurs. Il s'agit d'un accessoire imposé à l'automobiliste. C'est aussi un moyen de reconnaissance et leur plus petit dénominateur commun. Il a permis aux gens de se rassembler ;la recherche du pouvoir temporel venant de plus haut que d'eux-mêmes a fait de même. Et toi, mon ami, veux-tu un gilet jaune ou préfères-tu l'écharpe dont je t'ai ceint ? C'est là que le mutisme m’étreint : je n'ai pas de réponse. Je veux partir. Le medium m'y encourage en me disant : pars, mon ami, et reviens lorsque tu voudras que nous parlions de toi. Je me lève, reboutonne mon manteau, les yeux du medium lancent des éclairs ironiques et j'ai froid. Sors, dit le medium de courte taille, sors vite et reviens plus tard consulter ma voyance.
Dans la rue, je cherche le café. A sa place, un fût dégage des flammes bleues, rouges, jaunes. Il m'attire. L'écharpe me quitte et s'y engouffre... à moins que je n'aie rêvé qu'autour de ce feu plusieurs Gilets Jaunes s'esclaffent en me criant : nous ne voulons pas les miettes, nous voulons la baguette, le litron de rouge en plus.
Une question me vient alors à l'esprit, simple, brève : pourquoi ? Le medium se lève. Il me prend l'écharpe que je tenais toujours à la main, prend son temps pour me la mettre autour du cou, déboutonne mon manteau de laine et me dit en souriant : à présent, tu es bien. Je vais te donner une réponse très simple. Peut-être cela te permettra-t-il, ensuite, de me poser les véritables questions, celles qui concernent ta personne, ton avenir. Les Gilets Jaunes, mon ami, sont la résultante de la décomposition sociale, en France et ailleurs. Il s'agit d'un accessoire imposé à l'automobiliste. C'est aussi un moyen de reconnaissance et leur plus petit dénominateur commun. Il a permis aux gens de se rassembler ;la recherche du pouvoir temporel venant de plus haut que d'eux-mêmes a fait de même. Et toi, mon ami, veux-tu un gilet jaune ou préfères-tu l'écharpe dont je t'ai ceint ? C'est là que le mutisme m’étreint : je n'ai pas de réponse. Je veux partir. Le medium m'y encourage en me disant : pars, mon ami, et reviens lorsque tu voudras que nous parlions de toi. Je me lève, reboutonne mon manteau, les yeux du medium lancent des éclairs ironiques et j'ai froid. Sors, dit le medium de courte taille, sors vite et reviens plus tard consulter ma voyance.
Dans la rue, je cherche le café. A sa place, un fût dégage des flammes bleues, rouges, jaunes. Il m'attire. L'écharpe me quitte et s'y engouffre... à moins que je n'aie rêvé qu'autour de ce feu plusieurs Gilets Jaunes s'esclaffent en me criant : nous ne voulons pas les miettes, nous voulons la baguette, le litron de rouge en plus.
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