Soumise?
Un début de reniement, si l’on veut. Cela étant, les interdire, cela aurait été inefficace. Les patrons auraient toujours trouvé des moyens pour contourner l’interdiction. Cela aurait surtout désavantagé les entreprises françaises. De telles primes de départ pour PDG, ça existe dans tous les pays. La France aurait été le seul à les rendre illégales. En fait, avec le projet discuté ce matin, la France s’aligne grosso modo sur ce qui se fait ailleurs, aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne: pour mettre fin aux abus, elle encadre un peu plus strictement ces rémunérations parfois mirobolantes que certains grands patrons se distribuent entre eux. Avec ce texte, fini l’échec récompensé - un patron qui aura démérité, qui aura fait perdre beaucoup d’argent à sa société ou qui aura massivement licencié, ne pourra plus partir avec un gros paquet. Son indemnité de départ sera liée à sa performance. C’est la moindre des choses. Fini aussi le gros chèque discret - il devra être rendu public. Fini enfin le chèque arrangé entre amis - le parachute devra être décidé par le conseil d’administration et voté par les actionnaires. Tout cela devrait être naturel - en France, il faut une loi, on aura donc une loi.
Le projet du gouvernement est quand même très critiqué. Pour plusieurs raisons, de bonnes raisons souvent. D’abord, ce texte ne plafonne pas le montant de ces primes. Le gouvernement fait confiance à la pression de l’opinion. On ne sait si cela suffira. Ensuite, et c’est une spécialité française, une habitude malsaine, le texte, tel qu’il est, est à effet rétroactif! Ca veut dire qu’il s’appliquera aux contrats signés avant sa promulgation. C’est délirant. Cela pourrait concerner les trois quart des sociétés du CAC 40. Enfin, ce nouveau cadre, ce sera surtout du travail pour les avocats. Ils vont pouvoir s’en donner à cœur joie pour inventer des parachutes un peu moins dorés mais un peu plus discrets. Toute cette panoplie juridique n’aurait d’ailleurs pas empêché Noël Forgeard, l’ex-patron d’EADS, de toucher ses 8,2 millions d’indemnités. Celles-ci lui ont en effet été versées par la maison mère du groupe, une entreprise de droit néerlandais à laquelle le texte, français, ne s’appliquera pas. Ce texte n’aurait pas empêché non plus les méga-primes d’Antoine Zacharias, l’ex-patron de Vinci - celles-ci avaient été décidées, en toute clarté, par le conseil d’administration. Les parachutes dorés ne sont pas interdits, ils seront mieux encadrés. C’est bien. Mais pour moraliser le capitalisme, la loi peut y contribuer, c’est surtout l’éthique de ses dirigeants qui doit y aider.
Source: Blogsles echos en pièce jointe:
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