VeRépublique: 4 octobre 1958-6 mai 2007
Serait-ce l'épitaphe des institutions voulues par le général de Gaulle? En tout cas, avec l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le Ve n'est déjà plus la même, alors qu'aucune réforme constitutionnelle n'est (encore) venue la modifier (lire aussi page 15). Mais dans la forme, que de changements. Tant mieux se réjouiront les contempteurs de la monarchie institutionnelle. Tant pis regretteront les nostalgiques d'une certaine idée de la fonction présidentielle. L'hyper-Président régente tout, relègue ses ministres et le premier d'entre eux aux rangs de subalternes, met en scène sa vie privée (avec le dernier épisode en date, celui de son affichage aux côtés de la chanteuse Carla Bruni). D'aucuns se révulseront devant le vulgaire de ce Président; d'autres apprécieront ce naturel, ces pieds dans l'époque. Nicolas Sarkozy désacralise ou dépoussière. Finie la pompe, vivent les Nike. Finie la componction, vive le tutoiement et le parler de la rue. Tour d'horizon des nouvelles manières d'un Président «bling-bling».
Nicolas Sarkozy n'est pas François Mitterrand, cet amoureux de la langue française. Son expression publique est «celle de n'importe quel membre de sa classe sociale et de sa génération qui n'est pas passé par les grandes écoles», relevait le linguiste Pierre Encrevé dans Libération du 13 octobre. Le «parler public» du Président, c'est aussi celui «du show-biz». Pas de négation («C'est pas comme ça que ça marche!»), tutoiement collectif «à la Coluche» («Attends!»), expressions familières («Les Français ne s'attendent pas à ce que je distribue des cadeaux de Noël»). Mais le must revient à la séquence du Guilvinec, en novembre. Devant des marins-pêcheurs excédés par la hausse du prix du gazole, il essuie des insultes en raison de l'augmentation faramineuse de son salaire, ponctuées par un retentissant «enculé!». Hors de ses gonds, il réagit, bégayant, cherchant le rapport de forces: «Qui a dit ça? C'est toi qu'a dit ça? Ben descends un peu le dire, descends un peu…» La réponse du pêcheur est à l'avenant: «Si je descends, je te mets un coup de boule, donc vaut mieux pas…» Qui peut imaginer Valéry Giscard d'Estaing se prêter à un tel dialogue?
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LE GESTE
Nicolas Sarkozy aime toucher ses interlocuteurs.
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Serait-ce l'épitaphe des institutions voulues par le général de Gaulle? En tout cas, avec l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le Ve n'est déjà plus la même, alors qu'aucune réforme constitutionnelle n'est (encore) venue la modifier (lire aussi page 15). Mais dans la forme, que de changements. Tant mieux se réjouiront les contempteurs de la monarchie institutionnelle. Tant pis regretteront les nostalgiques d'une certaine idée de la fonction présidentielle. L'hyper-Président régente tout, relègue ses ministres et le premier d'entre eux aux rangs de subalternes, met en scène sa vie privée (avec le dernier épisode en date, celui de son affichage aux côtés de la chanteuse Carla Bruni). D'aucuns se révulseront devant le vulgaire de ce Président; d'autres apprécieront ce naturel, ces pieds dans l'époque. Nicolas Sarkozy désacralise ou dépoussière. Finie la pompe, vivent les Nike. Finie la componction, vive le tutoiement et le parler de la rue. Tour d'horizon des nouvelles manières d'un Président «bling-bling».
Nicolas Sarkozy n'est pas François Mitterrand, cet amoureux de la langue française. Son expression publique est «celle de n'importe quel membre de sa classe sociale et de sa génération qui n'est pas passé par les grandes écoles», relevait le linguiste Pierre Encrevé dans Libération du 13 octobre. Le «parler public» du Président, c'est aussi celui «du show-biz». Pas de négation («C'est pas comme ça que ça marche!»), tutoiement collectif «à la Coluche» («Attends!»), expressions familières («Les Français ne s'attendent pas à ce que je distribue des cadeaux de Noël»). Mais le must revient à la séquence du Guilvinec, en novembre. Devant des marins-pêcheurs excédés par la hausse du prix du gazole, il essuie des insultes en raison de l'augmentation faramineuse de son salaire, ponctuées par un retentissant «enculé!». Hors de ses gonds, il réagit, bégayant, cherchant le rapport de forces: «Qui a dit ça? C'est toi qu'a dit ça? Ben descends un peu le dire, descends un peu…» La réponse du pêcheur est à l'avenant: «Si je descends, je te mets un coup de boule, donc vaut mieux pas…» Qui peut imaginer Valéry Giscard d'Estaing se prêter à un tel dialogue?
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LE GESTE
Nicolas Sarkozy aime toucher ses interlocuteurs.
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