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France
30/11/2007 - 14:52

Pouvoir d'achat: Au boulot et pas de cadeaux

Libération

Le Président annonce des mesures tout en reconnaissant qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat pour aider les ménages.



Pouvoir d'achat: ce n’est pas la Saint-Nicolas

Une heure ou presque d’entretien. Avec à la clé une demi-douzaine d’annonces. Et un aveu de taille sur «l’absence d’argent dans les caisses» de l’Etat.

Hier soir sur TF1 et France 2, lors d’une intervention très attendue sur la question du pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français, Nicolas Sarkozy n’a pas, comme le fit François Fillon, dit qu’il se trouvait à la tête d’un Etat «en faillite», mais il a prévenu : «Les Français ne s’attendent pas à ce que je distribue des cadeaux de Père Noël.»

A défaut, le chef de l’Etat a donc préféré démarrer son entretien en jouant au père Fouettard qui n’a peur ni des «voyous» ni des grands mots. Tandis que la République prendra «le temps qu’il faut pour retrouver un par un» ceux qui, à Villiers-le-Bel, ont tiré sur les policiers (lire page 16), le chef de l’Etat a annoncé la convocation imminente d’une conférence sociale «révolutionnaire». Son objet : convenir avec les partenaires sociaux d’un agenda pour les réformes de 2008. L’objectif principal est «d’élargir les possibilités de travailler». De tenir, en d’autres termes, la principale promesse de campagne du candidat : «Travailler plus pour gagner plus.» Ce grand rendez-vous autour de «l’agenda social» est annoncé pour mi-décembre.

«Inquiétudes». Même si le Président s’en défend, l’ambition est de faire ce que demandent avec insistance les élus de sa majorité : «Faire sauter le verrou des 35 heures.» Et ce n’est pas tout. Comme son Premier ministre, François Fillon, Nicolas Sarkozy veut que l’année 2008 soit celle de la réforme du droit du travail. Il faut «donner plus de flexibilité aux entreprises», changer ce droit qui est paradoxalement «le plus protecteur» et pourtant incapable, selon le chef de l’Etat, d’apaiser «les inquiétudes» des salariés.

Et quand on lui demande dans quel délai ces mesures censées améliorer sensiblement le pouvoir d’achat des ménages feront sentir leurs effets, Nicolas Sarkozy martèle sa conviction qu’il importe avant tout de montrer qu’il s’«attaque vraiment aux problèmes». «Pour les résultats, on verra !»

Pour le reste, il a suggéré qu’il n’y avait aucune contradiction à la tête de l’exécutif : «Le gouvernement, c’est une équipe, et le chef, ce n’est pas celui qui se met derrière et qui laisse les autres prendre des coups.» Allusion limpide à son prédécesseur, Jacques Chirac. Interrogé sur la mise en examen pour détournement de fonds de ce dernier, Sarkozy a eu ces mots très durs : l’ex-président est présumé innocent «comme n’importe quel justiciable». «Pour le reste je n’ai pas de commentaires à faire… si ce n’est qu’il est toujours dommage que la justice vienne si tard.»

«Sentiments». Entonnant une fois de plus son grand air de la rupture, celui du président «qui ne reste pas enfermé dans son palais», il a fait l’éloge de sa méthode. A la fois «arbitre et moteur du changement», il veut faire «pleinement» le travail pour lequel il a été élu, sans être «avare de ses sentiments». C’est pourquoi il continuera à recevoir les victimes : les parents des deux adolescents tués à Villiers-le-Bel mercredi et, hier, ceux de la jeune femme poignardée dans le RER D. Et s’il est allé au-devant des cheminots, ce «qu’aucun président» n’avait fait avant lui, c’était pour leur dire qu’il ne voulait pas «les humilier».

Les Français ne lui en ont pas été reconnaissants : à en croire l’enquête publiée hier par TNS Sofres réalisée après les grèves et avant les émeutes de Villiers-le-Bel, la cote de confiance du Président serait passée pour la première fois sous la barre des 50 %. Et c’est aussi la première fois, ceci expliquant cela, que les sondés placent la hausse des prix devant le chômage en tête de leurs préoccupations.

Nicolas Maury



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