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Amériques
28/04/2009 - 17:28

Obama impose en cent jours une rupture idéologique

Si Barack Obama a débordé d'activité pour imprimer sa marque à la Maison blanche, c'est la rupture avec la doctrine économique des années Bush qui symbolise le mieux ses cent premiers jours à la présidence.



Plus conciliant que son prédécesseur sur le plan diplomatique, il a enclenché le retrait d'Irak et donné la priorité militaire à l'Afghanistan. Il doit encore se confronter à la progression des taliban au Pakistan ainsi qu'aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord et de l'Iran.

Fidèle aux politiques économiques traditionnelles au sein du Parti démocrate, il a plaidé pour un programme de dépenses massif centré sur la santé, l'éducation ou les énergies vertes, secteurs cruciaux pour l'avenir du pays selon lui.

Ce faisant, il a engagé les Etats-Unis sur une voie opposée à celle des huit années passées de politique conservatrice pour tenter de sortir d'une crise sans précédent depuis des décennies.

"Avant tout, je veux que chaque Américain sache que chaque action que nous entreprenons, chaque politique que nous mettons en oeuvre est motivée par une vision plus globale de l'avenir des Etats-Unis - un avenir où une croissance économique durable crée des emplois et des revenus en hausse", a-t-il indiqué dans un discours récent.

En résumé, décrypte Merle Black, professeur de sciences politiques à l'université Emory d'Atlanta, Obama dirige "l'administration la plus libérale que nous ayons jamais eue en ce qui concerne ce qu'il tente de faire - avec des objectifs extraordinairement ambitieux".

Que sera-t-il réellement capable de mettre en oeuvre et de faire accepter au Congrès, contrôlé par les démocrates ? La question mérite d'être posée, car au sein même de son parti, son budget record de 3.550 milliards de dollars pour le prochain exercice fiscal ne fait pas l'unanimité.

"L'effondrement de l'administration Bush en fin de course en raison de la crise financière lui permet d'avoir beaucoup de marge de manœuvre dans ses propositions. Reste à voir ce qu'il pourra en tirer", observe Merle Black.

Le porte-parole de la Maison blanche Robert Gibbs affirme que le jeune président américain est satisfait de son début de mandat, "dans la mesure où le peuple américain ne jugera pas son administration ni nos efforts pour relancer notre économie et assurer sa sécurité sur la foi des 95 premiers jours".

Barack Obama a également su éteindre la contestation des républicains. Mais ceux-ci gardent l'espoir que la population regarde le budget d'un oeil nouveau et en vienne à penser qu'il sera impossible de financer un tel programme sans augmenter les impôts de la classe moyenne - comme il s'y est engagé.

"Son talon d'Achille, ce sont les dépenses et elles finiront pas le rattraper", assure le stratège républicain Scott Reed.

"Nous allons nous retrouver avec plusieurs milliers de milliards de dettes sur les bras et de nouvelles hausses d'impôts nous attendent au tournant", ajoute-t-il.

Sa volonté d'aller de l'avant et de rompre avec les années Bush pourrait aussi pâtir de l'ouverture éventuelle de poursuites contre les responsables ayant validé les méthodes d'interrogatoire musclées de la CIA. Des procédures judiciaires rappelleraient les Américains à leur histoire récente.

Quoi qu'il en soit, Obama bénéficie aujourd'hui d'une cote de popularité supérieure à 60% et occupe les écrans et les antennes 24 heures sur 24.

Tout ce qui touche de près ou de loin à Obama semble fasciner, qu'il s'agisse de l'arrivée d'un chien à la Maison blanche, du jardin entretenu par sa femme Michelle ou des tenues que porte cette dernière, observée à la loupe par les experts de la mode.

"Sa placidité participe de l'apaisement du pays, alors qu'il est plongé dans sa pire crise économique depuis la Grande Dépression" des années 1930, a écrit Howard Fineman dans l'hebdomadaire Newsweek.

Mais la popularité personnelle d'Obama n'est pas gage d'adhésion politique, dit le sondeur John Zogby. Les Américains sont sceptiques face aux plans massifs de sauvetage des banques engagés par Bush, et partagés sur le plan de relance d'Obama.

"On ne peut donc vraiment pas dire que les Etats-Unis approuvent un libéralisme ultra-dépensier", note Zogby. "Mais on peut dire qu'une majorité l'aime bien et veut croire en lui."

A l'étranger, sa personnalité est surtout liée à son action. Au point qu'il en a plaisanté lors du sommet des Amériques en qualifiant sa diplomatie d'"obama-isme".

Résolu à se différencier de Bush, dont les choix avaient divisé les alliés de Washington, il avait souligné sur un ton plus sérieux qu'aucun grand problème ne pouvait être résolu par un pays seul. Ce qu'il avait illustré en tendant la main à Cuba ou en serrant celle du champion vénézuélien de la gauche sud-américaine, Hugo Chavez.


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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