une Nouvelle de Henri Vario
- Je ne dormais pas, de cela je suis certain. Je suais sang et eau sur mon lit. »
- Tu me sers encore un verre ? »
- Non, tu as atteint le quota autorisé ! »
Je lance au petit barman un regard oblique, je ne crois pas qu’il le perçoit agressif. Il part en boitant, la tête sournoisement posée sur l’épaule, servir une grande rousse juchée sur un tabouret à l’autre bout du comptoir. Elle vient de quitter la salle de soins. Un pansement tout neuf lui orne l’avant-bras.
- Vous êtes satisfaite de notre salle de soins ? lui lance le barman.
- Bof, c’est comme ailleurs non ? »
Le gnome la fusille du regard, redresse la tête, la pose sur l’autre épaule, une espèce de code pour dire : « non ! Ici, on a un soigneur : vous n’avez pas besoin de vous contorsionner pour panser vos morsures ».
La rousse fait pivoter son tabouret vers moi.
Je lui décoche un sourire plat :
- Je peux utiliser votre quota, Madame ? »
- Vous faites partie de la brigade de régulation alimentaire et vous me tendez un piège... »
Le barman redresse la tête, la rassure :
- Mais non, Flory, c’est juste un chasseur de nègres qui attend un arrivage ! »
La fille me détaille de la tête aux pieds, me rend mon sourire :
-Vous avez les yeux bleus.
- Ma mère…
Le barman haussa la voix :
- Hé! Flory, ce type mérite son statut, il a capturé son nègre de père.
- Vous pouvez utiliser mon quota... »
- Alors, je continue mon histoire. »
Le barman tend l’oreille et pose un nouveau verre devant moi.
« Le type était assis sur mon unique fauteuil et mon miroir réfléchissait son image. »
- Grand, entre deux âges, ses jambes étaient nues et l’une d’elles était visiblement greffée. Vous voyez ce que je veux dire ? Il fait chaud, hein! me dit-il. Le temps que je réponde, le type se lève, dévisse sa jambe et la jette aux pieds du lit. C’était une prothèse, bordel, la première que je vois de ma putain de vie et c’était même pas du latex !
La grande rousse quitte son tabouret pour se camper tout près de moi :
-Vous l’avez, cette prothèse ?
Elle se passe la main valide dans sa chevelure grasse :
- Vous voulez encore un verre ?
- Oui, merci madame. »
- Oui, quoi ? fit le barman, le verre ou la jambe?
La rousse fait signe au barman de me resservir et le nabot acquiesce. Il est rouge de colère et sautille d’impatience :
- Où est cette jambe Victor ?
-Vous êtes Victor Decker ? m’interpelle la rousse
Le barman me prend de vitesse :
- Oui, c’est lui, Flory !
Elle se lève, me lance un regard méprisant et s’en va. Peut-être aurait-il fallu crier que je n’avais pas cette prothèse. Mais le mépris des autres m’est depuis longtemps indifférent :
- Faites gaffe, madame, à ne pas laisser la porte ouverte, il y a bien assez de poussière dans ce cloaque. »
- Allez vous faire foutre ! riposte la bécasse.
Elle laisse la porte entrebâillée. Un flot de lumière rougeâtre fait son entrée dans un tourbillon de sable fin traînant une nuée de sauterelles. Suite au prochain épisode.
- Tu me sers encore un verre ? »
- Non, tu as atteint le quota autorisé ! »
Je lance au petit barman un regard oblique, je ne crois pas qu’il le perçoit agressif. Il part en boitant, la tête sournoisement posée sur l’épaule, servir une grande rousse juchée sur un tabouret à l’autre bout du comptoir. Elle vient de quitter la salle de soins. Un pansement tout neuf lui orne l’avant-bras.
- Vous êtes satisfaite de notre salle de soins ? lui lance le barman.
- Bof, c’est comme ailleurs non ? »
Le gnome la fusille du regard, redresse la tête, la pose sur l’autre épaule, une espèce de code pour dire : « non ! Ici, on a un soigneur : vous n’avez pas besoin de vous contorsionner pour panser vos morsures ».
La rousse fait pivoter son tabouret vers moi.
Je lui décoche un sourire plat :
- Je peux utiliser votre quota, Madame ? »
- Vous faites partie de la brigade de régulation alimentaire et vous me tendez un piège... »
Le barman redresse la tête, la rassure :
- Mais non, Flory, c’est juste un chasseur de nègres qui attend un arrivage ! »
La fille me détaille de la tête aux pieds, me rend mon sourire :
-Vous avez les yeux bleus.
- Ma mère…
Le barman haussa la voix :
- Hé! Flory, ce type mérite son statut, il a capturé son nègre de père.
- Vous pouvez utiliser mon quota... »
- Alors, je continue mon histoire. »
Le barman tend l’oreille et pose un nouveau verre devant moi.
« Le type était assis sur mon unique fauteuil et mon miroir réfléchissait son image. »
- Grand, entre deux âges, ses jambes étaient nues et l’une d’elles était visiblement greffée. Vous voyez ce que je veux dire ? Il fait chaud, hein! me dit-il. Le temps que je réponde, le type se lève, dévisse sa jambe et la jette aux pieds du lit. C’était une prothèse, bordel, la première que je vois de ma putain de vie et c’était même pas du latex !
La grande rousse quitte son tabouret pour se camper tout près de moi :
-Vous l’avez, cette prothèse ?
Elle se passe la main valide dans sa chevelure grasse :
- Vous voulez encore un verre ?
- Oui, merci madame. »
- Oui, quoi ? fit le barman, le verre ou la jambe?
La rousse fait signe au barman de me resservir et le nabot acquiesce. Il est rouge de colère et sautille d’impatience :
- Où est cette jambe Victor ?
-Vous êtes Victor Decker ? m’interpelle la rousse
Le barman me prend de vitesse :
- Oui, c’est lui, Flory !
Elle se lève, me lance un regard méprisant et s’en va. Peut-être aurait-il fallu crier que je n’avais pas cette prothèse. Mais le mépris des autres m’est depuis longtemps indifférent :
- Faites gaffe, madame, à ne pas laisser la porte ouverte, il y a bien assez de poussière dans ce cloaque. »
- Allez vous faire foutre ! riposte la bécasse.
Elle laisse la porte entrebâillée. Un flot de lumière rougeâtre fait son entrée dans un tourbillon de sable fin traînant une nuée de sauterelles. Suite au prochain épisode.
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