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24/08/2009 - 19:37

Les banquiers français prêts à plus de concessions sur les bonus

À la veille d'une réunion capitale mardi à l'Élysée, les banques françaises sont disposées à faire des concessions supplémentaires sur les bonus des traders, dont le retour en période de crise passe mal auprès de l'opinion publique et des responsables politiques.


Réunies dès lundi par le ministère de l'Économie, les banques, qui ont adopté en février 2009 un code de bonne conduite sur les rémunérations variables, soulignent néanmoins la nécessité d'une coordination internationale en la matière afin d'éviter des distorsions de concurrence.

Au cœur de l'été, la confirmation par BNP Paribas de provisions de près d'un milliard d'euros en vue des bonus de fin d'année à verser aux salariés de son activité de banque de financement et d'investissement avait provoqué une vive polémique.

« Les banques françaises se sont déjà engagées. Si de nouvelles propositions sont faites, nous sommes prêts à aller plus loin », a dit lundi à Reuters une source bancaire qui n'a pas souhaité être citée. « Il faudra que le G20 s'en inspire. »

« On peut faire des propositions. Mais il faut qu'elles soient faites aussi au niveau international », a ajouté une autre source bancaire, indiquant que les banques françaises allaient détailler leur code de bonne conduite en matière de rémunération variable.

Pour ne pas pénaliser les banques françaises face à certains établissements étrangers qui ont renoué avec les bonus, comme la banque américaine Goldman Sachs, le gouvernement souhaite voir le G20, qui se tiendra à Pittsburgh, aux États-Unis fin septembre, se saisir du sujet.

Les autorités britanniques et allemandes projettent à leur tour d'encadrer les rémunérations. Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a proposé la semaine dernière d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la réunion des ministres du G20, les 4 et 5 septembre à Londres.

« En France, les choses ont déjà bougé. Ce qui est important, c'est aussi de les faire bouger en Angleterre et aux États-Unis par exemple », a déclaré Xavier Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, sur la radio France Info. « Ça va être l'enjeu aussi du prochain G20. »

Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP, a de son côté appelé les banques françaises à se montrer « exemplaires » sur les bonus et incité les pouvoirs publics à ne pas travailler avec les établissements qui ne respecteraient pas les engagements internationaux.

« Les banques françaises comprennent l'enjeu moral lié aux bonus. Mais l'enjeu est aussi de préserver la compétitivité de la place financière de Paris », insiste une source proche d'une banque française.

D'après Les Echos, les banquiers français pourraient décider d'étaler dans le temps 66 % de la rémunération variable des bonus des traders, et non plus simplement une fourchette allant de 50 % à 66 % comme prévu en février 2009.

Contrôlé par la Banque de France et la Commission bancaire, le code de bonne pratique adopté en février dernier prévoit que le calcul des bonus tienne compte des risques pris par les traders et des bénéfices réellement dégagés sur une longue période.

Il recommande aussi un versement étalé dans le temps, pour éviter les prises de risques inconsidérés à court terme. La pratique des bonus garantis au-delà d'un an est en outre bannie.

La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, qui s'était indignée en juillet du retour des bonus garantis, a plaidé pour un « mode d'emploi collectif », estimant que l'encadrement des bonus ne pouvait se concevoir qu'à l'échelle internationale.

Peu de temps auparavant, Goldman Sachs avait indiqué avoir mis de côté plus de 11 milliards de dollars depuis le début de l'année pour les bonus de ses traders.

Les réunions de Bercy et de l'Élysée seront aussi l'occasion pour les pouvoirs publics de s'assurer que les banques tiennent leurs engagements en matière d'octroi de crédit.

En échange des aides de l'État, elles s'étaient engagées à maintenir le robinet de crédit ouvert, avec un objectif de hausse de 3 % à 4 % des crédits en 2009. Mais la Fédération bancaire française a prévenu fin juin que cet objectif ne serait probablement pas atteint à la fin de l'année.

« Près de deux PME sur trois ont au moins un besoin de financement, 78 % de leurs dirigeants estimant être confrontés à un durcissement des conditions d'accès au crédit », déclare la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) dans un communiqué.

« Il est parfaitement incompréhensible pour les chefs d'entreprise que les banques, prétextant la faiblesse de la demande de crédit, ne respectent pas leurs engagements pris, faut-il le rappeler, en échange du soutien public dont elles bénéficient », ajoute-t-elle.


Source: Reuters via Yhaoo News


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