Du temps de sa splendeur, avant sa fermeture par l'Etat turc en 1971, le séminaire accueillait 120 élèves. Aujourd'hui, seuls l'occupent trois popes du monastère voisin et un métropolite détaché par le patriarche grec-orthodoxe Bartholomée Ier. Yannis, le bibliothécaire, fait chaque jour le trajet entre le continent et l'île - une heure de bateau - pour mettre de l'ordre dans les rayonnages et épousseter les 60 000 volumes de la collection. De temps à autre, il guide visiteurs et touristes, venus de Grèce le plus souvent. Le soir, le chien Hector prend possession des lieux. Cette école de formation du clergé grec-orthodoxe, fondée en 1844 et liée au patriarcat œcuménique de Constantinople tente d'échapper à l'oubli, après trente-huit ans d'inactivité.
"Aucune école ne peut la remplacer. Il faut y maintenir une présence", affirme avec conviction Dositheos Anagnastopoulos, le porte-parole du patriarcat, le seul à être autorisé à s'exprimer sur ce sujet sensible en Turquie. A chaque occasion, la réouverture de Halki est réclamée par la communauté internationale, qui en a fait l'un des principaux symboles de la démocratisation du pays, candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
Le dernier en date à avoir sermonné Ankara sur le sort du séminaire, c'est Barack Obama. Devant les députés turcs dans son discours au Parlement, début avril, il a demandé à la Turquie laïque de faire preuve de plus de tolérance à l'égard des minorités religieuses, et de permettre aux orthodoxes de rouvrir l'école de Halki.
"Personne n'en avait parlé avant lui à cet endroit, constate, satisfait, Dositheos Anagnastopoulos. Mais je suis certain que la visite d'Obama ne va rien changer. Les intérêts américains en Turquie sont trop importants." L'Union européenne (UE) insiste, également, depuis des années. Bruxelles a fait de la remise en service de l'école théologique l'une des mesures démocratiques emblématiques des négociations d'adhésion de la Turquie.
Le nouveau négociateur turc et ministre des affaires européennes, Egemen Bagis, a déjà rendu visite par deux fois au patriarche Bartholomée, depuis le début de l'année, et a promis d'étudier la question. Mais une révision de la Constitution est nécessaire. "Nous nous heurtons toujours au même refus, souligne M. Anagnastopoulos. Le gouvernement actuel est moins nationaliste que les autres, et il sait que, pour avoir le soutien de l'UE, il est obligé de faire attention aux chrétiens. La Turquie garde un atout dans sa main : accepter la réouverture de Halki serait possible, mais elle veut des contreparties." Notamment un représentant élu pour la communauté musulmane de Thrace occidentale, en Grèce. Pour les grecs-orthodoxes d'Istanbul, si la Turquie n'adhère pas à l'UE, la question risque de ne jamais être réglée.
La réticence turque renvoie au statut particulier du patriarcat. Pour Ankara, le leader spirituel du monde orthodoxe n'est que le chef d'une petite communauté locale. Celle-ci s'est réduite aujourd'hui à 2 500 âmes regroupées à Istanbul, contre 150 000 il y a moins d'un siècle. Le patriarche de Constantinople doit obligatoirement être de nationalité turque, et il est considéré avec méfiance par la République laïque turque, qui ne veut pas d'un "mini-Vatican" dans le quartier du Phanar, sur les bords de la Corne d'or, le siège de l'Eglise.
"Depuis les années 1940, ils ont tout essayé. Il y a une volonté de rendre inactif le patriarcat. Le meilleur moyen est de ne plus permettre la formation des prêtres, poursuit Dositheos Anagnastopoulos. S'il arrive quelque chose au patriarche, qui a 69 ans, il y aura un problème de succession. Il n'y a que 14 métropolites qui peuvent postuler, et la plupart sont plus âgés que lui."
Sur l'île, les prêtres orthodoxes ont presque disparu. Ce sont les soldats qui la peuplent. Heybeliada abrite une importante garnison de la marine turque. Pour installer le lycée militaire, l'armée a confisqué l'église Sainte-Trinité. Seuls l'autel et un immense triptyque ont pu être récupérés.
Source: Yahoo News
"Aucune école ne peut la remplacer. Il faut y maintenir une présence", affirme avec conviction Dositheos Anagnastopoulos, le porte-parole du patriarcat, le seul à être autorisé à s'exprimer sur ce sujet sensible en Turquie. A chaque occasion, la réouverture de Halki est réclamée par la communauté internationale, qui en a fait l'un des principaux symboles de la démocratisation du pays, candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
Le dernier en date à avoir sermonné Ankara sur le sort du séminaire, c'est Barack Obama. Devant les députés turcs dans son discours au Parlement, début avril, il a demandé à la Turquie laïque de faire preuve de plus de tolérance à l'égard des minorités religieuses, et de permettre aux orthodoxes de rouvrir l'école de Halki.
"Personne n'en avait parlé avant lui à cet endroit, constate, satisfait, Dositheos Anagnastopoulos. Mais je suis certain que la visite d'Obama ne va rien changer. Les intérêts américains en Turquie sont trop importants." L'Union européenne (UE) insiste, également, depuis des années. Bruxelles a fait de la remise en service de l'école théologique l'une des mesures démocratiques emblématiques des négociations d'adhésion de la Turquie.
Le nouveau négociateur turc et ministre des affaires européennes, Egemen Bagis, a déjà rendu visite par deux fois au patriarche Bartholomée, depuis le début de l'année, et a promis d'étudier la question. Mais une révision de la Constitution est nécessaire. "Nous nous heurtons toujours au même refus, souligne M. Anagnastopoulos. Le gouvernement actuel est moins nationaliste que les autres, et il sait que, pour avoir le soutien de l'UE, il est obligé de faire attention aux chrétiens. La Turquie garde un atout dans sa main : accepter la réouverture de Halki serait possible, mais elle veut des contreparties." Notamment un représentant élu pour la communauté musulmane de Thrace occidentale, en Grèce. Pour les grecs-orthodoxes d'Istanbul, si la Turquie n'adhère pas à l'UE, la question risque de ne jamais être réglée.
La réticence turque renvoie au statut particulier du patriarcat. Pour Ankara, le leader spirituel du monde orthodoxe n'est que le chef d'une petite communauté locale. Celle-ci s'est réduite aujourd'hui à 2 500 âmes regroupées à Istanbul, contre 150 000 il y a moins d'un siècle. Le patriarche de Constantinople doit obligatoirement être de nationalité turque, et il est considéré avec méfiance par la République laïque turque, qui ne veut pas d'un "mini-Vatican" dans le quartier du Phanar, sur les bords de la Corne d'or, le siège de l'Eglise.
"Depuis les années 1940, ils ont tout essayé. Il y a une volonté de rendre inactif le patriarcat. Le meilleur moyen est de ne plus permettre la formation des prêtres, poursuit Dositheos Anagnastopoulos. S'il arrive quelque chose au patriarche, qui a 69 ans, il y aura un problème de succession. Il n'y a que 14 métropolites qui peuvent postuler, et la plupart sont plus âgés que lui."
Sur l'île, les prêtres orthodoxes ont presque disparu. Ce sont les soldats qui la peuplent. Heybeliada abrite une importante garnison de la marine turque. Pour installer le lycée militaire, l'armée a confisqué l'église Sainte-Trinité. Seuls l'autel et un immense triptyque ont pu être récupérés.
Source: Yahoo News
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