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Afrique et Moyen-Orient
01/02/2025 - 09:08

La violente réponse de Paul Kagamé à son homologue sud-africain

La crise persistante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue d’alimenter les tensions régionales, et les récents échanges entre les présidents Paul Kagamé du Rwanda et Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud ont mis en lumière des divergences profondes.


Le contexte : une crise régionale qui s’enlise

Dans une réponse cinglante publiée sur X (anciennement Twitter), le président rwandais a réagi aux déclarations de son homologue sud-africain, accusant ce dernier de distorsions, d’attaques délibérées et même de mensonges. Cet échange verbal, rarement vu à ce niveau de diplomatie, révèle une fracture croissante entre les deux pays sur la gestion du conflit dans la région.

La région de l’est de la RDC est en proie à des violences depuis des décennies, avec une recrudescence récente des combats impliquant le groupe rebelle M23, les Forces armées de la RDC (FARDC) et des forces étrangères.

Le Rwanda est accusé par Kinshasa et certains acteurs internationaux de soutenir le M23, une allégation que Kigali nie catégoriquement. De son côté, l’Afrique du Sud participe à la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en RDC (SAMIDRC), déployée pour soutenir les efforts de paix.

Cependant, ce déploiement est devenu un point de friction entre les deux présidents.

Les accusations de Paul Kagamé : une riposte sans équivoque

Dans une série de tweets, Paul Kagamé a vivement critiqué les déclarations de Cyril Ramaphosa, qu’il juge trompeuses et malveillantes. Il a notamment dénoncé ce qu’il qualifie de « distorsions » et de « mensonges » dans les comptes rendus médiatiques des conversations entre les deux dirigeants. Kagamé a tenu à clarifier plusieurs points :
  • Le statut des forces rwandaises : Il a rappelé que la Rwanda Defence Force (RDF) est une armée régulière, et non une milice, rejetant ainsi les insinuations selon lesquelles Kigali soutiendrait des groupes armés illégaux.
 
  • La nature de la SAMIDRC : Kagamé a affirmé que la mission sud-africaine n’est pas une force de maintien de la paix, mais une force belligérante engagée dans des opérations offensives aux côtés de groupes armés comme le FDLR, qu’il accuse de viser le Rwanda.
 
  • L’échec des négociations : Le président rwandais a imputé l’échec des processus de paix au déploiement de la SAMIDRC, qui a selon lui remplacé la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EACRF), une véritable force de paix.
 
  • Les accusations contre le M23 : Kagamé a soutenu que le président Ramaphosa lui aurait confirmé que les soldats sud-africains tués récemment en RDC ne l’ont pas été par le M23, mais par les FARDC.
Enfin, Kagamé a lancé un avertissement clair : si l’Afrique du Sud préfère la confrontation à la coopération, le Rwanda est prêt à relever ce défi. « Si l’Afrique du Sud préfère la confrontation, le Rwanda traitera la question dans ce contexte n’importe quel jour », a-t-il déclaré.

La position de Cyril Ramaphosa : entre deuil et appel à la paix

De son côté, Cyril Ramaphosa a adopté un ton plus mesuré, mais ferme. Dans un message adressé à ses concitoyens, il a rendu hommage aux 13 soldats sud-africains tués récemment en RDC, qualifiant leur sacrifice de « combat héroïque pour la paix ». Il a également exprimé ses condoléances aux familles des victimes et réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la stabilité en RDC.

Ramaphosa a insisté sur le fait que la présence militaire sud-africaine en RDC ne constitue pas une déclaration de guerre, mais fait partie des efforts de la SADC et des Nations unies pour rétablir la paix. Il a appelé toutes les parties au conflit à respecter les processus diplomatiques en cours, notamment les accords de Luanda et de Nairobi, et à cesser les hostilités.

Les déclarations des deux présidents révèlent des visions radicalement différentes de la crise en RDC. Pour Kagamé, la SAMIDRC est une force belligérante qui aggrave le conflit, tandis que Ramaphosa la présente comme une mission de paix nécessaire. Ces divergences risquent de compliquer les efforts diplomatiques pour résoudre la crise, d’autant plus que le Rwanda et l’Afrique du Sud jouent des rôles clés dans la région.
Frank Robin
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