L’explosion a soulevé le quartier universitaire de Ben Aknoun. À la terrasse d’un café, les étudiants se regardent : « Gaz ? Attentat ?» L’un d’eux note aussitôt la date du jour, « le 11 », comme un écho aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Cela étaie l’hypothèse d’un attentat de l’organisation Al-Qaida au Maghreb islamique.
À moins d’un kilomètre de là, c’est le nouveau siège du Conseil constitutionnel qui a été pris pour cible, mardi matin, par les terroristes. Le président Abdelaziz Bouteflika l’avait inauguré il y a deux mois. Aux abords, c’est la panique.
La fumée retombée et le périmètre de sécurité délimité, émerge, dans un ballet d’ambulances, de sirènes et de pleurs, l’étendue du désastre. L’aile ouest du bâtiment ressemble à la façade du palais du gouvernement, attaqué le 11 avril dernier dans un attentat kamikaze.
Cette fois, l’explosion se serait produite dans « un véhicule stationné », selon certains, « dans un bus d’étudiants de passage », selon d’autres. Magasins de luxe en ruines, berlines en fumée… le boulevard « le plus cher d’Algérie » a à son tour reçu la visite du « djihad aveugle ».
Sofiane, 32 ans, n’habitait pas loin. Il était sur sa moto. Ce matin, à 9 h 45, il passait là. Il sera le premier nom sur la liste de huit décès constaté au centre hospitalier d’El-Biar. Les blessés se comptent par centaines parmi les passants, les commerçants du centre voisin et surtout parmi les élèves du collège Mackley, « dans l’axe du souffle », où accourent aux nouvelles des mères au bord de la crise de nerfs.
À Hydra, le siège du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) s’est, lui, écroulé. Le second attentat de la matinée s’est produit dix minutes après celui de Ben Aknoun. Tard dans l’après midi, la protection civile avait espoir de sauver des fonctionnaires onusiens bloqués, « dans d’improbables poches de vie », sous la dalle principale. Le bilan était déjà de 11 morts dans ce quartier résidentiel, aux rues heureusement peu fréquentées.
Au total, le nombre de blessés de ce mardi noir « est supérieur à 200 » en tenant compte «uniquement de ceux qui sont passés dans une structure hospitalière», affirme le ministère de la santé. Quant au nombre de morts, les agences de presse l’évaluaient en fin d’après-midi à plusieurs dizaines. L’Agence France-Presse donnait le chiffre de 62 morts, citant des sources hospitalières. Un bilan officiel du ministère des affaires étrangères algérien mentionnait mercredi matin 30 morts dont cinq étrangers.
Le conseil des ministres qui devait se tenir dans la matinée a été annulé, et le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a évité une déclaration en défense de « la réconciliation nationale », comme il l’avait fait sur les décombres fumants du palais du gouvernement, en avril, choquant une grande partie des Algériens.
En vérité, les autorités algériennes affichaient tous les signes du désarroi. « Le ministère des affaires étrangères était incapable de donner des informations précises par téléphone à un collaborateur du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon », rapporte un fonctionnaire.
L’offensive militaire de la fin de l’été contre les éléments de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), reconverti en branche d’Al-Qaida pour le Maghreb islamique, affichait pourtant jusqu’ici une belle moisson. Le quotidien francophone Liberté, proche des sources d’information militaires, concluait le 21 novembre à « l’hécatombe du GSPC ».
Le pouvoir algérien classé « suppôt de l’Occident » par Al-Qaida
La garde rapprochée de l’émir Droudkal, chef d’Al-Qaida au Maghreb, a été neutralisée : Abdelhamid Saadaoui, son successeur potentiel au maquis depuis 1993, a été tué ; Farid Bouderbala, l’émir d’Alger, a été arrêté avec un arsenal d’explosifs ; Sofiane El Fassila, concepteur des attentats kamikazes dans le centre du pays, a été tué dans une embuscade. D’autres se sont rendus, comme le responsable de la propagande audiovisuelle.
Conséquence, une diminution des actions terroristes avait été enregistrée en novembre. « On a presque parlé de calme », avouait un député FLN sur les ondes de la radio publique, déchaîné contre « cette barbarie qui trouvera éternellement le peuple algérien debout ».
Le ministre de l’intérieur a appelé à la vigilance des citoyens. « Avec de nouvelles recrues parmi les jeunes, la réalité des réseaux terroristes a évolué plus vite que les fiches de renseignement », estime Salah Defnoun, un ancien patriote de Basse Kabylie, fief historique du GSPC. La reddition il y a deux mois, de Hassan Hattab, l’ancien chef du GSPC, n’aura pas eu l’effet d’entraînement escompté. Il devrait être jugé avant d’espérer bénéficier de la grâce présidentielle promise.
Dans un communiqué mis en ligne sur un site Internet islamiste, le mouvement Al-Qaida au Maghreb a revendiqué la responsabilité des attentats perpétrés mardi "contre le quartier général de l'antre internationale des infidèles", "pour défendre la nation blessée de l'islam".
Ce double attentat du 11 décembre a surpris le pouvoir algérien, classé « suppôt de l’Occident » par Al-Qaida, au moment où il est occupé par un marchandage autour d’un troisième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Une campagne appelant à amender la Constitution pour supprimer la limitation des mandats et lui permettre de se représenter en 2009 a été lancée pendant la visite du président français Nicolas Sarkozy. Le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem a reconnu que cela a été fait volontairement, « pour montrer à la communauté internationale que le peuple algérien veut un troisième mandat de son président ».
À moins d’un kilomètre de là, c’est le nouveau siège du Conseil constitutionnel qui a été pris pour cible, mardi matin, par les terroristes. Le président Abdelaziz Bouteflika l’avait inauguré il y a deux mois. Aux abords, c’est la panique.
La fumée retombée et le périmètre de sécurité délimité, émerge, dans un ballet d’ambulances, de sirènes et de pleurs, l’étendue du désastre. L’aile ouest du bâtiment ressemble à la façade du palais du gouvernement, attaqué le 11 avril dernier dans un attentat kamikaze.
Cette fois, l’explosion se serait produite dans « un véhicule stationné », selon certains, « dans un bus d’étudiants de passage », selon d’autres. Magasins de luxe en ruines, berlines en fumée… le boulevard « le plus cher d’Algérie » a à son tour reçu la visite du « djihad aveugle ».
Sofiane, 32 ans, n’habitait pas loin. Il était sur sa moto. Ce matin, à 9 h 45, il passait là. Il sera le premier nom sur la liste de huit décès constaté au centre hospitalier d’El-Biar. Les blessés se comptent par centaines parmi les passants, les commerçants du centre voisin et surtout parmi les élèves du collège Mackley, « dans l’axe du souffle », où accourent aux nouvelles des mères au bord de la crise de nerfs.
À Hydra, le siège du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) s’est, lui, écroulé. Le second attentat de la matinée s’est produit dix minutes après celui de Ben Aknoun. Tard dans l’après midi, la protection civile avait espoir de sauver des fonctionnaires onusiens bloqués, « dans d’improbables poches de vie », sous la dalle principale. Le bilan était déjà de 11 morts dans ce quartier résidentiel, aux rues heureusement peu fréquentées.
Au total, le nombre de blessés de ce mardi noir « est supérieur à 200 » en tenant compte «uniquement de ceux qui sont passés dans une structure hospitalière», affirme le ministère de la santé. Quant au nombre de morts, les agences de presse l’évaluaient en fin d’après-midi à plusieurs dizaines. L’Agence France-Presse donnait le chiffre de 62 morts, citant des sources hospitalières. Un bilan officiel du ministère des affaires étrangères algérien mentionnait mercredi matin 30 morts dont cinq étrangers.
Le conseil des ministres qui devait se tenir dans la matinée a été annulé, et le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a évité une déclaration en défense de « la réconciliation nationale », comme il l’avait fait sur les décombres fumants du palais du gouvernement, en avril, choquant une grande partie des Algériens.
En vérité, les autorités algériennes affichaient tous les signes du désarroi. « Le ministère des affaires étrangères était incapable de donner des informations précises par téléphone à un collaborateur du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon », rapporte un fonctionnaire.
L’offensive militaire de la fin de l’été contre les éléments de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), reconverti en branche d’Al-Qaida pour le Maghreb islamique, affichait pourtant jusqu’ici une belle moisson. Le quotidien francophone Liberté, proche des sources d’information militaires, concluait le 21 novembre à « l’hécatombe du GSPC ».
Le pouvoir algérien classé « suppôt de l’Occident » par Al-Qaida
La garde rapprochée de l’émir Droudkal, chef d’Al-Qaida au Maghreb, a été neutralisée : Abdelhamid Saadaoui, son successeur potentiel au maquis depuis 1993, a été tué ; Farid Bouderbala, l’émir d’Alger, a été arrêté avec un arsenal d’explosifs ; Sofiane El Fassila, concepteur des attentats kamikazes dans le centre du pays, a été tué dans une embuscade. D’autres se sont rendus, comme le responsable de la propagande audiovisuelle.
Conséquence, une diminution des actions terroristes avait été enregistrée en novembre. « On a presque parlé de calme », avouait un député FLN sur les ondes de la radio publique, déchaîné contre « cette barbarie qui trouvera éternellement le peuple algérien debout ».
Le ministre de l’intérieur a appelé à la vigilance des citoyens. « Avec de nouvelles recrues parmi les jeunes, la réalité des réseaux terroristes a évolué plus vite que les fiches de renseignement », estime Salah Defnoun, un ancien patriote de Basse Kabylie, fief historique du GSPC. La reddition il y a deux mois, de Hassan Hattab, l’ancien chef du GSPC, n’aura pas eu l’effet d’entraînement escompté. Il devrait être jugé avant d’espérer bénéficier de la grâce présidentielle promise.
Dans un communiqué mis en ligne sur un site Internet islamiste, le mouvement Al-Qaida au Maghreb a revendiqué la responsabilité des attentats perpétrés mardi "contre le quartier général de l'antre internationale des infidèles", "pour défendre la nation blessée de l'islam".
Ce double attentat du 11 décembre a surpris le pouvoir algérien, classé « suppôt de l’Occident » par Al-Qaida, au moment où il est occupé par un marchandage autour d’un troisième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Une campagne appelant à amender la Constitution pour supprimer la limitation des mandats et lui permettre de se représenter en 2009 a été lancée pendant la visite du président français Nicolas Sarkozy. Le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem a reconnu que cela a été fait volontairement, « pour montrer à la communauté internationale que le peuple algérien veut un troisième mandat de son président ».
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