Ce 12 mai 2008, les élèves de Juyuan étaient en salle de classe lorsque la terre a tremblé dans cette province du sud-ouest de la Chine. Le bâtiment principal de l'école s'est effondré. Dans la classe de 3e 5, ils étaient 70 environ. Soixante d'entre eux n'ont pas survécu.
De la trentaine de parents d'élèves de cette classe interviewés un an après, nombreux sont ceux qui reprochent au gouvernement d'avoir aggravé leur amertume et leur tristesse en interdisant les cérémonies collectives.
Certains envisagent même de passer outre aux recommandations du pouvoir en se réunissant mardi sur le site de l'école détruite. "Nous voulons simplement nous souvenir de nos enfants, ce qui s'est passé. Mais on ne peut même pas le faire. Dans ces conditions, comment aller de l'avant", s'interroge Cai Song.
Le pouvoir chinois a tenté de mettre un terme aux inquiétudes de l'opinion sur les milliers d'enfants morts dans le séisme en publiant le bilan officiel définitif (5.335 élèves tués) et en promettant de rendre les écoles plus sûres.
Mais à Juyuan, les blessures seront longues à cicatriser.
Certains parents continuent de dénoncer des malfaçons qui ont accéléré la destruction de l'école, les imputant à la corruption. En perdant leur enfant, des couples ont perdu toute foi dans l'avenir, d'autres n'ont pas résisté et ont divorcé.
Juyuan se trouve à l'écart de la route qui relie Chengdu, la capitale du Sichuan, à Dujiangyan.
Avec ses alignements de fermes et d'ateliers, c'est une localité dont les enfants, fils et filles de paysans ou de petits commerçants, rêvent d'un avenir meilleur.
Les élèves de la 3e 5 nourrissaient ces espoirs, envisageaient de poursuivre les études, l'université pourquoi pas. Et fuir les rizières et les champs de blé pour devenir médecins, entrepreneurs ou chanteurs. Tout sauf paysan.
Ces adolescents, qui étaient âgés de 14-15 ans, avaient décoré leurs chambres de posters de chanteurs à la mode. Certains avaient adopté les attitudes et les modes de la grande ville voisine.
Mais ils portaient aussi les espoirs de leurs parents. Enfant unique pour la plupart, en vertu de la politique de contrôle démographique, ils étaient censés soutenir leurs parents lorsque ces derniers prendraient leur retraite. Avec leur décès, c'est aussi cet avenir-là qui s'est évaporé.
"Je me fiche de tout désormais, j'ai l'impression de ne plus avoir d'avenir, de ne plus rien avoir", dit Lin Changzhen, dont la fille est morte le 12 mai dernier.
Elle a refusé les 60.000 yuans (6.500 euros environ) proposés par le gouvernement. "On a dit que j'étais folle, mais je ne pouvais pas toucher à cet argent sale", explique-t-elle.
A Juyuan comme d'autres localités affectées par le séisme, la colère contre les défauts de construction des bâtiments scolaires n'est pas retombée. Quand les logements et les bâtiments de l'administration résistaient à la secousse, les écoles, elles, se sont effondrées.
Protestations et pétitions se sont succédé, les habitants affirment que la corruption est à l'origine des malfaçons.
Des entrepreneurs auraient versé des commissions aux autorités pour échapper aux contrôles et se soustraire aux normes de construction.
Dong Tianqun se souvient qu'à l'occasion de l'anniversaire d'un entrepreneur, une cinquantaine de parents lui ont fait parvenir une gerbe de fleurs blanches - la couleur du deuil en Chine - portant les noms d'élèves morts dans l'effondrement de l'école. "Il a dit qu'il était prêt à assumer ses responsabilités mais que le gouvernement n'était pas d'accord. Que sa tête ne serait pas la seule à tomber", poursuit-elle.
Sous un régime préférant proclamer un avenir brillant plutôt que de se souvenir d'un passé contesté, les habitants osant manifester leur colère risquent la prison.
Selon plusieurs parents, une récompense de 50 yuans serait réservée aux voisins signalant ces contestations.
Des parents assurent pourtant qu'ils ne souhaitent qu'une chose : la reconnaissance par les pouvoirs publics que la corruption a provoqué, au même titre que le tremblement de terre, l'effondrement des écoles.
"Nous ne réclamons pas nécessairement des dédommagements ou des procès, nous voulons une réponse équitable, juste", dit Zheng Chenglong, dont le fils est mort il y a un an.
Source: Reuters via Yahoo News
De la trentaine de parents d'élèves de cette classe interviewés un an après, nombreux sont ceux qui reprochent au gouvernement d'avoir aggravé leur amertume et leur tristesse en interdisant les cérémonies collectives.
Certains envisagent même de passer outre aux recommandations du pouvoir en se réunissant mardi sur le site de l'école détruite. "Nous voulons simplement nous souvenir de nos enfants, ce qui s'est passé. Mais on ne peut même pas le faire. Dans ces conditions, comment aller de l'avant", s'interroge Cai Song.
Le pouvoir chinois a tenté de mettre un terme aux inquiétudes de l'opinion sur les milliers d'enfants morts dans le séisme en publiant le bilan officiel définitif (5.335 élèves tués) et en promettant de rendre les écoles plus sûres.
Mais à Juyuan, les blessures seront longues à cicatriser.
Certains parents continuent de dénoncer des malfaçons qui ont accéléré la destruction de l'école, les imputant à la corruption. En perdant leur enfant, des couples ont perdu toute foi dans l'avenir, d'autres n'ont pas résisté et ont divorcé.
Juyuan se trouve à l'écart de la route qui relie Chengdu, la capitale du Sichuan, à Dujiangyan.
Avec ses alignements de fermes et d'ateliers, c'est une localité dont les enfants, fils et filles de paysans ou de petits commerçants, rêvent d'un avenir meilleur.
Les élèves de la 3e 5 nourrissaient ces espoirs, envisageaient de poursuivre les études, l'université pourquoi pas. Et fuir les rizières et les champs de blé pour devenir médecins, entrepreneurs ou chanteurs. Tout sauf paysan.
Ces adolescents, qui étaient âgés de 14-15 ans, avaient décoré leurs chambres de posters de chanteurs à la mode. Certains avaient adopté les attitudes et les modes de la grande ville voisine.
Mais ils portaient aussi les espoirs de leurs parents. Enfant unique pour la plupart, en vertu de la politique de contrôle démographique, ils étaient censés soutenir leurs parents lorsque ces derniers prendraient leur retraite. Avec leur décès, c'est aussi cet avenir-là qui s'est évaporé.
"Je me fiche de tout désormais, j'ai l'impression de ne plus avoir d'avenir, de ne plus rien avoir", dit Lin Changzhen, dont la fille est morte le 12 mai dernier.
Elle a refusé les 60.000 yuans (6.500 euros environ) proposés par le gouvernement. "On a dit que j'étais folle, mais je ne pouvais pas toucher à cet argent sale", explique-t-elle.
A Juyuan comme d'autres localités affectées par le séisme, la colère contre les défauts de construction des bâtiments scolaires n'est pas retombée. Quand les logements et les bâtiments de l'administration résistaient à la secousse, les écoles, elles, se sont effondrées.
Protestations et pétitions se sont succédé, les habitants affirment que la corruption est à l'origine des malfaçons.
Des entrepreneurs auraient versé des commissions aux autorités pour échapper aux contrôles et se soustraire aux normes de construction.
Dong Tianqun se souvient qu'à l'occasion de l'anniversaire d'un entrepreneur, une cinquantaine de parents lui ont fait parvenir une gerbe de fleurs blanches - la couleur du deuil en Chine - portant les noms d'élèves morts dans l'effondrement de l'école. "Il a dit qu'il était prêt à assumer ses responsabilités mais que le gouvernement n'était pas d'accord. Que sa tête ne serait pas la seule à tomber", poursuit-elle.
Sous un régime préférant proclamer un avenir brillant plutôt que de se souvenir d'un passé contesté, les habitants osant manifester leur colère risquent la prison.
Selon plusieurs parents, une récompense de 50 yuans serait réservée aux voisins signalant ces contestations.
Des parents assurent pourtant qu'ils ne souhaitent qu'une chose : la reconnaissance par les pouvoirs publics que la corruption a provoqué, au même titre que le tremblement de terre, l'effondrement des écoles.
"Nous ne réclamons pas nécessairement des dédommagements ou des procès, nous voulons une réponse équitable, juste", dit Zheng Chenglong, dont le fils est mort il y a un an.
Source: Reuters via Yahoo News
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