Le sud du Kirghizistan toujours en proie aux violences ethniques
Le sud du Kirghizistan toujours sous haute tension. Des milliers de réfugiés ouzbeks se massaient lundi à la frontière avec l'Ouzbékistan pour fuir les violences interethniques, ayant fait au moins 124 morts et près de 1.500 blessés, selon un bilan officiel, depuis le début des émeutes jeudi à Och, la deuxième ville de ce pays d'Asie centrale. Le chef de la communauté ouzbeke du Kirghizistan, Jallahitdine Jalilatdinov, a affirmé à l'Associated Press que plus de 200 Ouzbeks ont été tués dans les émeutes ethniques, et que 100.000 d'entre eux attendaient à la frontière. Ce responsable du centre national ouzbek a assuré que 200 victimes avaient déjà été enterrées. Le Comité international de la Croix-Rouge a pour sa part rapporté que ses délégués ont assisté à l'enterrement d'une centaine de corps dans un cimetière. Des journalistes d'AP ont également constaté que des centaines de réfugiés ouzbeks attendaient à la frontière près de Jalal-Abad, où les garde-frontières ont autorisé les organisations humanitaires ouzbekes à leur fournir de l'eau, de la nourriture et des couches. Plus de 75.000 Ouzbeks ont réussi à gagner l'Ouzbékistan voisin, fuyant les violences de bandes de Kirghizes qui ont incendié des villages ouzbeks et s'en sont pris à leurs habitants depuis jeudi. A la frontière avec l'Ouzbékistan, qui se trouve à 5km d'Och, se trouvaient principalement des personnes âgées et des femmes avec des enfants. Les hommes sont restés pour protéger leurs biens. Le gouvernement intérimaire, qui a pris le pouvoir à la faveur de la destitution du président Kourmanbek Bakiev chassé par une révolte populaire en avril dernier, n'a pas été capable d'endiguer les violences et a accusé la famille de Bakiev d'en être l'instigatrice. La majorité des Ouzbeks soutiennent le gouvernement intérimaire alors que les Kirghizes du sud restent fidèles au président déchu. Des coups de feu résonnaient encore lundi dans Och, où les vivres commençaient à se faire rares. Des pillards ont saccagé les magasins, volant tout ce qui s'y trouvaient, des télévisions en passant par la nourriture. Dans le district d'Aravanskoe, majoritairement ouzbek et connu pour son abondance de magasins et restaurants, des rues entières ont vu leurs commerces partir en fumée. Mais dans d'autres quartiers, des habitants kirghizes protégeaient les habitations de Kirghizes et d'Ouzbeks. Malgré les patrouilles militaires, des tirs sporadiques retentissaient encore dans les rues de la ville, mais on ignorait qui faisait feu. Dans la ville de Jalal-Abad, située à une quarantaine de kilomètres et également en proie aux violences, des Kirghizes armés se sont amassés sur la place centrale avec le but de retrouver un responsable de la communauté ouzbeke qu'ils accusent d'avoir provoqué les troubles. Si les cinq millions d'Ouzbeks représentent environ 15% de la population du Kirghizistan, ils rivalisent en nombre avec les Kirghizes dans la vallée de Fergahna où se trouvent Och et Jalal-Abad. Cette région appartenait à un seul propriétaire féodal mais a été partagée par Staline entre l'Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, ravivant les vieilles rivalités.(AP)
Kirghizstan: la mafia derrière le conflit entre les Kirghiz aux Ouzbeks
Le Kirghizstan est en proie depuis quatre jours à de violents affrontements entre les Kirghizes et Ouzbeks, poussant des dizaines de milliers de réfugiés vers l'Ouzbékistan tout proche. Qu'est-ce qui oppose ces deux ethnies? Qu'est-ce qui a provoqué ce nouveau conflit? 20minutes.fr fait le point.Le Kirghizstan, un pays rongé par les tensions régionalistes et les intérêts russo-américains Des relations historiquement tendues Les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizstan mais jusqu'à 40% localement) et les Kirghizes de ce pays d'Asie centrale, le plus pauvre d'ex-URSS, sont historiquement tendues. «Historiquement, les Ouzbeks sont des sédentaires et les Kirghiz des nomades, c'est un grand clivage civilisationnel», explique à l'AFP Arnaud Dubien, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). «Il y avait déjà eu des violences interethniques à Och et dans la vallée de Ferghana en 1990, avant même l'éclatement de l'URSS. A l'époque, c'était l'accès à la terre qui motivait les affrontements. Aujourd'hui, il y a aussi un sentiment chez les Ouzbeks d'être sous-représentés dans les organes de pouvoir», poursuit le spécialiste. Ces derniers s'estiment également économiquement défavorisés et victimes de discriminations. Ils demandent ainsi que leur langue soit reconnue comme langue officielle, et affirment souffrir davantage que les Kirghizes de la corruption généralisée dans le pays, notamment parce que de nombreux Ouzbeks travaillent dans le commerce. De quoi sont partis les affrontements? «Un prétendu viol d'une femme kirghiz par des Ouzbeks a déclenché une bagarre entre des jeunes kirghizes et ouzbeks, qui s'est transformée par la suite en émeutes interethniques dans la nuit du 10 au 11 juin à Och, deuxième ville de cette ancienne république soviétique d'Asie centrale», explique le politologue Sergueï Massoulov.(20minutes)
Le sud du Kirghizistan toujours sous haute tension. Des milliers de réfugiés ouzbeks se massaient lundi à la frontière avec l'Ouzbékistan pour fuir les violences interethniques, ayant fait au moins 124 morts et près de 1.500 blessés, selon un bilan officiel, depuis le début des émeutes jeudi à Och, la deuxième ville de ce pays d'Asie centrale. Le chef de la communauté ouzbeke du Kirghizistan, Jallahitdine Jalilatdinov, a affirmé à l'Associated Press que plus de 200 Ouzbeks ont été tués dans les émeutes ethniques, et que 100.000 d'entre eux attendaient à la frontière. Ce responsable du centre national ouzbek a assuré que 200 victimes avaient déjà été enterrées. Le Comité international de la Croix-Rouge a pour sa part rapporté que ses délégués ont assisté à l'enterrement d'une centaine de corps dans un cimetière. Des journalistes d'AP ont également constaté que des centaines de réfugiés ouzbeks attendaient à la frontière près de Jalal-Abad, où les garde-frontières ont autorisé les organisations humanitaires ouzbekes à leur fournir de l'eau, de la nourriture et des couches. Plus de 75.000 Ouzbeks ont réussi à gagner l'Ouzbékistan voisin, fuyant les violences de bandes de Kirghizes qui ont incendié des villages ouzbeks et s'en sont pris à leurs habitants depuis jeudi. A la frontière avec l'Ouzbékistan, qui se trouve à 5km d'Och, se trouvaient principalement des personnes âgées et des femmes avec des enfants. Les hommes sont restés pour protéger leurs biens. Le gouvernement intérimaire, qui a pris le pouvoir à la faveur de la destitution du président Kourmanbek Bakiev chassé par une révolte populaire en avril dernier, n'a pas été capable d'endiguer les violences et a accusé la famille de Bakiev d'en être l'instigatrice. La majorité des Ouzbeks soutiennent le gouvernement intérimaire alors que les Kirghizes du sud restent fidèles au président déchu. Des coups de feu résonnaient encore lundi dans Och, où les vivres commençaient à se faire rares. Des pillards ont saccagé les magasins, volant tout ce qui s'y trouvaient, des télévisions en passant par la nourriture. Dans le district d'Aravanskoe, majoritairement ouzbek et connu pour son abondance de magasins et restaurants, des rues entières ont vu leurs commerces partir en fumée. Mais dans d'autres quartiers, des habitants kirghizes protégeaient les habitations de Kirghizes et d'Ouzbeks. Malgré les patrouilles militaires, des tirs sporadiques retentissaient encore dans les rues de la ville, mais on ignorait qui faisait feu. Dans la ville de Jalal-Abad, située à une quarantaine de kilomètres et également en proie aux violences, des Kirghizes armés se sont amassés sur la place centrale avec le but de retrouver un responsable de la communauté ouzbeke qu'ils accusent d'avoir provoqué les troubles. Si les cinq millions d'Ouzbeks représentent environ 15% de la population du Kirghizistan, ils rivalisent en nombre avec les Kirghizes dans la vallée de Fergahna où se trouvent Och et Jalal-Abad. Cette région appartenait à un seul propriétaire féodal mais a été partagée par Staline entre l'Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, ravivant les vieilles rivalités.(AP)
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