ph. RFI
Deux wagons entièrement éventrés et quelques vêtements brûlés au milieu des débris : la scène qui se présente aux services de secours dépêchés dans la nuit de dimanche à lundi à Panipat, à 100 km au nord de New Delhi est effrayante. Les témoins ayant survécu aux deux explosions simultanées parlent d’un «gigantesque incendie» qui a semé panique et chaos dans le train. Après la découverte de deux valises bourrées d’explosif à base de kérosène et d’un détonateur, plus aucun doute ne persiste sur l’origine terroriste du drame.
La cible a été bien choisie par les malfaiteurs. Ils ont frappé un des symboles de la paix indo-pakistanaise: l’Express «Samjhauta», le «train de la compréhension» qui relie la capitale indienne à Wagah, à la frontière pakistanaise. De là, les passagers peuvent rejoindre, en prenant un autre train, la ville de Lahore, au Pakistan.
L’Express «Samjhauta» semble symboliser, à lui seul, l’équilibre fragile entre Indiens et Pakistanais. C’est à travers son destin que se lit l’histoire du rapprochement difficile des deux puissances nucléaires. Le «train de la compréhension» a été lancé en juillet 1976. Mais depuis les trente ans de son existence, le service sur cet axe ferroviaire n’a pas toujours pu résister aux tensions bilatérales indo-pakistanaises. En 1984, la liaison est interrompue après une insurrection armée au Pendjab. A la suite de l’attentat contre son Parlement en décembre 2001, le gouvernement indien suspend une nouvelle fois le trafic bihebdomadaire de l’express, accusant les militants islamistes d’être à l’origine de cet acte terroriste.
Alors que différents attentats avait, dans le passé, provoqué des suspensions provisoires de la liaison ferroviaire entre l’Inde et le Pakistan, jamais encore le «Samjhauta» lui-même n’avait été touché. C’est à présent chose faite.
Un goût amer
Outre la dimension hautement symbolique de la cible, la date de la frappe semble également avoir été choisie avec soin : l’acte terroriste intervient au moment où le ministre des Affaires étrangères pakistanais, Khurshid Kasuri, s’apprête à partir en Inde. Dans le cadre d’une commission indo-pakistanaise - mise en place en 2004 pour relancer le processus de paix entre les deux rivaux - une délégation pakistanaise devrait rencontrer ses homologues indiens à New Delhi ce mardi. Au cœur des discussions : un accord sur la réduction des risques nucléaires. C’est en tout cas ce qu’a révélé le quotidien pakistanais The Daily Mail.
Il n’est donc pas étonnant que responsables et analystes craignent pour le processus de paix déjà fragile entre les deux frères ennemis d’Asie du Sud. A l’instar d’un responsable au ministère indien des Affaires étrangères, qui a déclaré que le terrorisme allait forcer les deux parties à «élargir le programme de leurs discussions». Ce à quoi l’ancien patron de l’espionnage indien, Arun Baghat, ajoute que l’atmosphère de ces entretiens bilatéraux risque d’être «viciée» et de «laisser un gout amer».
Mais contre toute attente, les autorités indiennes et pakistanaises semblent cette fois-ci décidées à ne pas se laisser dicter la démarche à suivre par des terroristes. Le président pakistanais - très controversé par ses voisins indiens qui lui reprochent d’être incapable de contrôler efficacement les groupes islamistes dans la région du Cachemire, tenus pour responsables de la plupart des attentats des dernières années – s’est déclaré déterminé à parvenir à une paix durable entre Islamabad et New Delhi.
Même son de cloche côté indien, où le ministre indien de l’Intérieur, Shiv Raj Patil, a partagé l’interprétation selon laquelle l’attentat visait bien la paix ainsi que «les relations amicales» entre les deux pays.
Le ministre pakistanais des Affaires étrangères a ainsi souligné sa ferme volonté de maintenir la visite de sa délégation à New Dehli prévue ce mardi. Et le «Samjhauta», le «train de la compréhension», probablement plus important que jamais, a continué sa route après l’attentat. Laissant derrière lui sur le lieu du drame cinq des seize wagons pour l’enquête.
par Stefanie Schüler/RFI
Plus d'infos en ouvrant la pièce jointe:
La cible a été bien choisie par les malfaiteurs. Ils ont frappé un des symboles de la paix indo-pakistanaise: l’Express «Samjhauta», le «train de la compréhension» qui relie la capitale indienne à Wagah, à la frontière pakistanaise. De là, les passagers peuvent rejoindre, en prenant un autre train, la ville de Lahore, au Pakistan.
L’Express «Samjhauta» semble symboliser, à lui seul, l’équilibre fragile entre Indiens et Pakistanais. C’est à travers son destin que se lit l’histoire du rapprochement difficile des deux puissances nucléaires. Le «train de la compréhension» a été lancé en juillet 1976. Mais depuis les trente ans de son existence, le service sur cet axe ferroviaire n’a pas toujours pu résister aux tensions bilatérales indo-pakistanaises. En 1984, la liaison est interrompue après une insurrection armée au Pendjab. A la suite de l’attentat contre son Parlement en décembre 2001, le gouvernement indien suspend une nouvelle fois le trafic bihebdomadaire de l’express, accusant les militants islamistes d’être à l’origine de cet acte terroriste.
Alors que différents attentats avait, dans le passé, provoqué des suspensions provisoires de la liaison ferroviaire entre l’Inde et le Pakistan, jamais encore le «Samjhauta» lui-même n’avait été touché. C’est à présent chose faite.
Un goût amer
Outre la dimension hautement symbolique de la cible, la date de la frappe semble également avoir été choisie avec soin : l’acte terroriste intervient au moment où le ministre des Affaires étrangères pakistanais, Khurshid Kasuri, s’apprête à partir en Inde. Dans le cadre d’une commission indo-pakistanaise - mise en place en 2004 pour relancer le processus de paix entre les deux rivaux - une délégation pakistanaise devrait rencontrer ses homologues indiens à New Delhi ce mardi. Au cœur des discussions : un accord sur la réduction des risques nucléaires. C’est en tout cas ce qu’a révélé le quotidien pakistanais The Daily Mail.
Il n’est donc pas étonnant que responsables et analystes craignent pour le processus de paix déjà fragile entre les deux frères ennemis d’Asie du Sud. A l’instar d’un responsable au ministère indien des Affaires étrangères, qui a déclaré que le terrorisme allait forcer les deux parties à «élargir le programme de leurs discussions». Ce à quoi l’ancien patron de l’espionnage indien, Arun Baghat, ajoute que l’atmosphère de ces entretiens bilatéraux risque d’être «viciée» et de «laisser un gout amer».
Mais contre toute attente, les autorités indiennes et pakistanaises semblent cette fois-ci décidées à ne pas se laisser dicter la démarche à suivre par des terroristes. Le président pakistanais - très controversé par ses voisins indiens qui lui reprochent d’être incapable de contrôler efficacement les groupes islamistes dans la région du Cachemire, tenus pour responsables de la plupart des attentats des dernières années – s’est déclaré déterminé à parvenir à une paix durable entre Islamabad et New Delhi.
Même son de cloche côté indien, où le ministre indien de l’Intérieur, Shiv Raj Patil, a partagé l’interprétation selon laquelle l’attentat visait bien la paix ainsi que «les relations amicales» entre les deux pays.
Le ministre pakistanais des Affaires étrangères a ainsi souligné sa ferme volonté de maintenir la visite de sa délégation à New Dehli prévue ce mardi. Et le «Samjhauta», le «train de la compréhension», probablement plus important que jamais, a continué sa route après l’attentat. Laissant derrière lui sur le lieu du drame cinq des seize wagons pour l’enquête.
par Stefanie Schüler/RFI
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