La chronique du Darfour est celle de conflits entre les populations, composées essentiellement de bergers (éleveurs) et de paysans, qui se disputent l’eau et le pâturage. Dans leurs déplacements entre le nord et le sud de la région suivant la saison des pluies, les bergers, traversent avec leurs troupeaux les terres des paysans, d’où naissent des accrochages entre, d’un côté, les nomades qui tentent de sauver leurs animaux de la famine et, de l’autre côté, les sédentaires qui protègent leurs cultures. Dans ce pays riche en ressources, laissé à l’abandon, l’explosion démographique a rendu plus violente la compétition pour l’eau et l’espace. L’administration est quasi-inexistante depuis les années 80, après la chute du régime du général Niméri. La régulation traditionnelle des conflits, fondée sur le respect par les nomades d’itinéraires et de périodes précises de transhumance, a commencé à s’effondrer avec la grande sécheresse et la famine du milieu des années 1980 surtout avec l’arrivée au pouvoir, en 1989, dans les deux pays, Soudan et Tchad, des régimes militaires. Depuis, le Darfour est en crise. Les gouvernements ne s’intéressent pas ou du tout au développement de la région. L’eau commence à être rare, la situation s’y détériore année après année. Les affrontements entre des tribus dites de la même ethnie ne manquent pas : les “Mahiria” contre les “Bani Halba”, tribus dites “arabes” et les “Zaghawa” contre les “Mima” tribus dites”africaines”. En réalité, les conflits entre ces tribus relevaient, tout au long de l’histoire, de la seule concurrence sur les ressources de la région mais il y a eu un mécanisme traditionnel entre tribus qui permettait toujours de contenir les conflits et maintenir la paix entre les différentes composantes de la société de la région. Le prochain article développera tous ces thèmes dans l'espoir d'un débat fraternel. La zone commentaire n'est pas soumise à censure. Ahmat Yacoub