Photo: TF1 - RFI
Le juge Burgaud comparait, ce mercredi 8 février, devant la commission parlementaire "des acquittés d'Outreau".
Il est 17 heures ou presque. Il a pris place, les bras croisés au bord de la table. Il a prêté serment.
Yeux et cheveux sombres, le teint pâle, une carrure de jeune homme dessinée au plus juste par un complet sobre. Rien ne peut faire penser qu'il s'agit d'un homme à poigne, d'un homme de pouvoir.
Le juge Burgaud affiche un profil bas, se montrant honnête, voulant dire le vrai avec soin et respecter son serment. Lorsqu'il parle, sans conviction, sa voix presque douce dénote encore la jeunesse. Elle suggère même une certaine docilité.
C'est pourtant entre les mains de cet homme que les acquittés d'Outreau ont été, deux années durant, le jouet d'une justice aveugle. Et ils lui en veulent, les acquittés d'Outreau. Rien, même leurs déclarations, ne peut faire penser le contraire.
Car ces femmes et ces hommes ont subi l'infamie du soupçon, d'une condamnation injuste et d'un emprisonnement dont le souvenir ne s'effacera sans doute pas. On commence à entendre, dans les médias, qu'un séjour en prison laisse des séquelles de nature à interdire une réinsertion normale dans la société civile pendant une période égale à 4 fois la durée de l'incarcération.
Et puis, il y a le suicidé d'Outreau, en plus.
Aujourd'hui, les rôles sont inversés. Laissons de côté le fait que dirigeants et médias pourraient jouer sur le fait que "ce n'est que justice", qu'on lui "rend la monnaie de sa pièce" et, que peut-être, l'opinion publique, l'audimat "du rez-de-chaussée" (coucou, Monsieur Raffarin? Vous voyez: il y a bien des synonymes à la "France d'en bas"...) se sentira ainsi en quelque sorte vengée.
Aujourd'hui, deux aspects de cette audition doivent retenir l'attention. Il faut tout d'abord noter que cette audition télévisée, donc instrumentalisée, doit traduire l'attitude à venir des autorités judiciaires, une attitude mesurée, cela va de soi. Le juge Burgaud porte ainsi une responsabilité de nature à infléchir ses déclarations. Le rapporteur de la commission fera-t-il ressortir les différents avis, notamment du Ministère Public, auquel il est convenu qu'un juge d'instruction se réfère au cours de son enquête?
Il apparaît ensuite que le juge Burgaud comparait, non seulement devant des millions de téléspectateurs, mais aussi en sachant que ses paroles sont imprimées à jamais et ré-écoutables à loisir, conformes à l'original. Jamais il ne pourra, même sur son lit de mort, se bercer d'illusions, se raconter des histoires pour adoucir son tourment. Mais est-il tourmenté?
L'hypothèse qu'il était trop jeune pour assumer seul la charge d'une telle affaire a été émise. On avance le fait qu'il aurait instruit plus à charge qu'à décharge. Y aura-t-il des "indices graves et concordants" pour le confondre? Le mangera-t-on à la sauce du dossier du sang contaminé? Alors, le juge Burgaud: coupable ou responsable?
En tout cas, quelle que soit votre intime conviction, le juge Burgaud, aujourd'hui, tient le haut de l'affiche.
Il est 17 heures ou presque. Il a pris place, les bras croisés au bord de la table. Il a prêté serment.
Yeux et cheveux sombres, le teint pâle, une carrure de jeune homme dessinée au plus juste par un complet sobre. Rien ne peut faire penser qu'il s'agit d'un homme à poigne, d'un homme de pouvoir.
Le juge Burgaud affiche un profil bas, se montrant honnête, voulant dire le vrai avec soin et respecter son serment. Lorsqu'il parle, sans conviction, sa voix presque douce dénote encore la jeunesse. Elle suggère même une certaine docilité.
C'est pourtant entre les mains de cet homme que les acquittés d'Outreau ont été, deux années durant, le jouet d'une justice aveugle. Et ils lui en veulent, les acquittés d'Outreau. Rien, même leurs déclarations, ne peut faire penser le contraire.
Car ces femmes et ces hommes ont subi l'infamie du soupçon, d'une condamnation injuste et d'un emprisonnement dont le souvenir ne s'effacera sans doute pas. On commence à entendre, dans les médias, qu'un séjour en prison laisse des séquelles de nature à interdire une réinsertion normale dans la société civile pendant une période égale à 4 fois la durée de l'incarcération.
Et puis, il y a le suicidé d'Outreau, en plus.
Aujourd'hui, les rôles sont inversés. Laissons de côté le fait que dirigeants et médias pourraient jouer sur le fait que "ce n'est que justice", qu'on lui "rend la monnaie de sa pièce" et, que peut-être, l'opinion publique, l'audimat "du rez-de-chaussée" (coucou, Monsieur Raffarin? Vous voyez: il y a bien des synonymes à la "France d'en bas"...) se sentira ainsi en quelque sorte vengée.
Aujourd'hui, deux aspects de cette audition doivent retenir l'attention. Il faut tout d'abord noter que cette audition télévisée, donc instrumentalisée, doit traduire l'attitude à venir des autorités judiciaires, une attitude mesurée, cela va de soi. Le juge Burgaud porte ainsi une responsabilité de nature à infléchir ses déclarations. Le rapporteur de la commission fera-t-il ressortir les différents avis, notamment du Ministère Public, auquel il est convenu qu'un juge d'instruction se réfère au cours de son enquête?
Il apparaît ensuite que le juge Burgaud comparait, non seulement devant des millions de téléspectateurs, mais aussi en sachant que ses paroles sont imprimées à jamais et ré-écoutables à loisir, conformes à l'original. Jamais il ne pourra, même sur son lit de mort, se bercer d'illusions, se raconter des histoires pour adoucir son tourment. Mais est-il tourmenté?
L'hypothèse qu'il était trop jeune pour assumer seul la charge d'une telle affaire a été émise. On avance le fait qu'il aurait instruit plus à charge qu'à décharge. Y aura-t-il des "indices graves et concordants" pour le confondre? Le mangera-t-on à la sauce du dossier du sang contaminé? Alors, le juge Burgaud: coupable ou responsable?
En tout cas, quelle que soit votre intime conviction, le juge Burgaud, aujourd'hui, tient le haut de l'affiche.
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