Le 25 mai, le gouvernement annonçait qu'il allait autoriser la location de chambres de moins de neuf mètres carrés. Cette disposition était insérée dans le texte de loi sur les services à la personne, dont l'examen a débuté mardi à l'Assemblée nationale. Plusieurs associations s'étaient alors montrées très réservées sur cette mesure. La Fondation Abbé Pierre s'était notamment dite choquée que soit adoptée une "mesure d'exception" en matière de logement décent, spécifique aux pauvres. Jean-Louis Borloo a décidé de faire marche arrière : "à la veille de la présentation prévue devant le Parlement des dispositions liées au logement", le ministre de l'Emploi et du Logement "tient à éviter tout malentendu", a précisé mercredi un communiqué du ministère. Conséquence : "compte tenu des demandes d'un certain nombre de parlementaires (...) le gouvernement ne modifiera pas le minimum de surface de 9 m2 définissant un logement décent". Officiellement, "le projet n'est pas abandonné, mais on se laisse le temps de la concertation", ainsi que l'a souligné mercredi une porte-parole du ministère. Le communiqué précise d'ailleurs que "la concertation doit maintenant être rouverte pour que les étudiants et les apprentis puissent, dans les grandes villes, trouver des logements aidés". La disposition devait permettre de louer les chambres entre 7 m2 et 9 m2, avec un bail écrit donnant droit à des allocations logement, en passant par l'intermédiaire d'un CROUS (Conseil régional des oeuvres universitaires, ndlr) ou par l'intermédiaire des associations. "Une petite victoire" pour le DALLe ministère tablait alors sur la mise sur le marché d'"au moins 2.000 logements à Paris", où le nombre de ces chambres s'élevait à 105.000 en 1999 (les 3/4 mesurant entre 5 et 9 m2), dont seulement 20.000 louées. En 2004, il y avait environ 10.000 chambres louées, à des prix élevés, selon l'Observatoire des loyers en agglomération parisienne. La location de ces chambres de service, situées au dernier étage des immeubles bourgeois des grandes villes et souvent très petites, répond à des exigences précises de "décence", dictées dans le décret du 30 janvier 2002, en application de la loi SRU (Solidarité renouvellement urbain) du 13 décembre 2000. Les associations de défense des mal-logés se sont dites satisfaites de la décision de Jean-Louis Borloo. "C'est une petite victoire", a jugé Jean-Baptiste Eyraud, président de Droit au logement. "La décision de retirer cette mesure me paraît raisonnable, ce n'était pas une mesure digne, ni une bonne réponse à la crise du logement", a affirmé de son côté Patrick Doutreligne, délégué général adjoint de la Fondation abbé Pierre pour le logement des défavorisés. Mêmes réactions pour l'Unef et la Fage, les deux principaux syndicats étudiants : "c'est plutôt une bonne nouvelle", a déclaré Fabrice Chambon, responsable des question de logement à l'Unef, pendant que la Fage estimait que "cette annonce résonne comme une victoire".
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