Jean-Louis Borloo se la joue poisson dans l’eau. Un de ceux, peut-être, qu’il verra ce matin, lors de sa visite d’une barrière de corail, pendant que l’avenir de la planète se discute sous air conditionné. Dans le jardin de son hôtel, il se confie. Et revient sur une bombe qu’il a lâché sans que, pour l’instant, cela n’engendre de tsunami politique. Oui, la France, milite pour une taxe sur les flux financiers destinée à alimenter un fonds pour la lutte contre le réchauffement climatique, a lâché le ministre de l’Ecologie et du Développement durable, lors de ces trois minutes de discours devant un parterre de 190 pays… Quoi ? Borloo, revisitant le rêve d’Attac l’altermondialiste ? Borloo redessinant les vertus d’une idée enterrée par le rapport Landau, commandé, jadis, par Jacques Chirac (à l’époque pour financer le développement du Sud) ? Oui. «La taxe Tobin 2», nous dit-il, a de l’allure. Qu’importe s’il ne veut pas en fixer l’assiette, ni le rendement éventuel. «Il faut des financements pérennes», insiste-t-il.
A-t-il le feu vert de Bercy, vent debout contre un tel fantasme ? «Ils sont OK, j’ai une marge de négociation très large.» L’Elysée ? «Je suis autonome, ils me font une confiance absolue.» Et les partenaires européens, (la France prendra la présidence de l’Union à la mi-2008) ? «J’en ai discuté à midi, avec la délégation européenne, et personne n’a hurlé.» Personne n’a acquiescé non plus. Les Européens sont polis. «J’en ai parlé aussi avec Achim Steiner», le directeur général du Programme des Nations unies pour l’environnement, «qui pense que cela se fera dans les quatre ans».
«Pas finalisé». Borloo, solo, donc… Il s’agit de surfer. Car pour le reste, «la France, c’est sympa, ça a quelques idées, mais pas d’argent», se marre un délégué Nigérian. «Paris lâche quoi ? Il faut parler chiffre à la fin, elle est vraiment en faillite la France ?» s’angoisse un diplomate européen. Alors que la Norvège vient de promettre près de 500 millions de dollars (340 millions d’euros) sur la déforestation - le fameux projet Redd, où l’on paierait les Etats pour qu’ils ne déboisent pas, (Libération d’hier) -, la France, dans un grand élan de générosité, s’apprêterait à mettre… 5 millions d’euros sur la table. «Non, ce n’est pas finalisé», assure Jean-Louis Borloo, qui a préféré évoquer, à la tribune, la création d’un «comité d’urgence […] qui permette de traiter les sujets qui font l’objet d’un consensus». Exemples : la lutte contre la déforestation, ou les actions sectorielles de réduction des gaz à effet de serre.
Pour sa première sortie lors d’un grand raout international, «Mister Grenelle en quenelle», comme le surnomme un diplomate Congolais, s’efforce de prendre la mesure. «Ce qui frappe, c’est la technicité des débats», leur «judiciarisation», au détriment «de l’opérationnel», souffle-t-il. Les Français, la plupart des délégués le disent, sont «à la rue» ? Alors ? Rien. Borloo veut du concret ; à l’affût des projecteurs. D’autant qu’il a renvoyé dans les corde sa secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet (elle n’arrive qu’aujourd’hui), qui lui faisait trop d’ombre… L’occasion de se dire plutôt ravi de prendre «un peu de distance» avec le Grenelle. Où il est «emmerdé par des microproblèmes». Où «les systèmes reprennent leur vie après coup quand on n’a pas bien calé les choses». Où, bref, c’est un peu le bordel.
Le Grenelle, on lui en a beaucoup parlé ici ? Ben non. «A part les Africains», et Stavros Dimas, commissaire européen à l’Environnement, «qui en a fait son livre de chevet». Le Japon, aussi, «assez fasciné» par le «nouveau ministère élargi de l’Environnement» à la française. Cela ouvre des perspectives… Ce qu’il tâchera de faire, demain, à l’occasion d’un atelier à l’intitulé aussi clair que modeste. «La France relève le défi climatique : le Grenelle de l’environnement, la conférence des parties prenantes pour le développement durable.»
«Ferme». En attendant, à Bali, ça brasse large sur l’avenir de la planète. De l’acronyme en veux-tu en voilà. De la virgule à déplacer. Borloo a rencontré «pendant trois heures» John Kerry, candidat à la présidentielle américaine en 2004 : «Je lui ai dit qu’on ne pouvait pas continuer comme ça, qu’on ne pouvait pas gagner la bataille du futur sans technologie verte.» Avec la délégation de Bush, qui multiplie les claquages de portes, ce fut plus délicat. Paula Dobriansky, sous-secrétaire d’Etat pour la démocratie et les affaires internationales, qu’il a vue «perso, en bilatérale» ? «J’ai été souple sur la forme, ferme sur le fond…» Sur la forme, la France brillerait à Bali. Mais, au fond, l’astre s’agiterait-il en vain ?
A-t-il le feu vert de Bercy, vent debout contre un tel fantasme ? «Ils sont OK, j’ai une marge de négociation très large.» L’Elysée ? «Je suis autonome, ils me font une confiance absolue.» Et les partenaires européens, (la France prendra la présidence de l’Union à la mi-2008) ? «J’en ai discuté à midi, avec la délégation européenne, et personne n’a hurlé.» Personne n’a acquiescé non plus. Les Européens sont polis. «J’en ai parlé aussi avec Achim Steiner», le directeur général du Programme des Nations unies pour l’environnement, «qui pense que cela se fera dans les quatre ans».
«Pas finalisé». Borloo, solo, donc… Il s’agit de surfer. Car pour le reste, «la France, c’est sympa, ça a quelques idées, mais pas d’argent», se marre un délégué Nigérian. «Paris lâche quoi ? Il faut parler chiffre à la fin, elle est vraiment en faillite la France ?» s’angoisse un diplomate européen. Alors que la Norvège vient de promettre près de 500 millions de dollars (340 millions d’euros) sur la déforestation - le fameux projet Redd, où l’on paierait les Etats pour qu’ils ne déboisent pas, (Libération d’hier) -, la France, dans un grand élan de générosité, s’apprêterait à mettre… 5 millions d’euros sur la table. «Non, ce n’est pas finalisé», assure Jean-Louis Borloo, qui a préféré évoquer, à la tribune, la création d’un «comité d’urgence […] qui permette de traiter les sujets qui font l’objet d’un consensus». Exemples : la lutte contre la déforestation, ou les actions sectorielles de réduction des gaz à effet de serre.
Pour sa première sortie lors d’un grand raout international, «Mister Grenelle en quenelle», comme le surnomme un diplomate Congolais, s’efforce de prendre la mesure. «Ce qui frappe, c’est la technicité des débats», leur «judiciarisation», au détriment «de l’opérationnel», souffle-t-il. Les Français, la plupart des délégués le disent, sont «à la rue» ? Alors ? Rien. Borloo veut du concret ; à l’affût des projecteurs. D’autant qu’il a renvoyé dans les corde sa secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet (elle n’arrive qu’aujourd’hui), qui lui faisait trop d’ombre… L’occasion de se dire plutôt ravi de prendre «un peu de distance» avec le Grenelle. Où il est «emmerdé par des microproblèmes». Où «les systèmes reprennent leur vie après coup quand on n’a pas bien calé les choses». Où, bref, c’est un peu le bordel.
Le Grenelle, on lui en a beaucoup parlé ici ? Ben non. «A part les Africains», et Stavros Dimas, commissaire européen à l’Environnement, «qui en a fait son livre de chevet». Le Japon, aussi, «assez fasciné» par le «nouveau ministère élargi de l’Environnement» à la française. Cela ouvre des perspectives… Ce qu’il tâchera de faire, demain, à l’occasion d’un atelier à l’intitulé aussi clair que modeste. «La France relève le défi climatique : le Grenelle de l’environnement, la conférence des parties prenantes pour le développement durable.»
«Ferme». En attendant, à Bali, ça brasse large sur l’avenir de la planète. De l’acronyme en veux-tu en voilà. De la virgule à déplacer. Borloo a rencontré «pendant trois heures» John Kerry, candidat à la présidentielle américaine en 2004 : «Je lui ai dit qu’on ne pouvait pas continuer comme ça, qu’on ne pouvait pas gagner la bataille du futur sans technologie verte.» Avec la délégation de Bush, qui multiplie les claquages de portes, ce fut plus délicat. Paula Dobriansky, sous-secrétaire d’Etat pour la démocratie et les affaires internationales, qu’il a vue «perso, en bilatérale» ? «J’ai été souple sur la forme, ferme sur le fond…» Sur la forme, la France brillerait à Bali. Mais, au fond, l’astre s’agiterait-il en vain ?
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