Cacophonie gouvernementale: Sarkozy et Fillon à l'unisson

Ainsi, sur le controversé fichier Edvige: le chef du gouvernement avait d'abord soutenu sa ministre Michèle Alliot-Marie (Intérieur), après un tacle de son collègue Hervé Morin (Défense) la semaine dernière. Mais le chef de l'Etat s'est impliqué dans le dossier, exigeant un nouveau décret. Un camouflet pour Mme Alliot-Marie qui en a caché un autre pour le Premier ministre.

Jeudi donc, au risque de donner l'impression de tirer sur l'ambulance, François Fillon a à son tour rappelé à l'ordre la ministre.

Le Premier ministre a voulu ainsi coller à la ligne du chef de l'Etat. Et dans le dossier des bonus-malus, c'est François Fillon, défenseur d'une stricte orthodoxie budgétaire, qui a le premier sifflé la fin de la partie en assénant que rien n'est encore décidé sur de nouvelles taxes vertes.

Nicolas Sarkozy lui a emboîté le pas vendredi en excluant toute nouvelle fiscalité sur des produits de grande consommation, après convocation de Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge de l'écologie.

Sur les sujets-phare de la rentrée, les deux hommes ont mis en oeuvre leur "interchangeabilité" théorisée par Nicolas Sarkozy mais jusque-là appliquée au bon gré du chef de l'Etat.

En pleine tourmente financière, M. Fillon a le premier réagi en exhortant les "autorités américaines" à prendre "leurs responsabilités" face à une "dérégulation défaillante".

Si l'on en croit des confidences de l'hôte de Matignon rapportées par Le Figaro, cette meilleure entente est à mettre sur le compte d'une plus grande communication. Le Premier ministre appellerait régulièrement Nicolas Sarkozy sur son portable dont ce dernier est un grand adepte.

"Ils ont trouvé un mode de fonctionnement. Ils règlent les choses en direct", relève-t-on dans l'entourage de M. Fillon. "Le lien de confiance a toujours existé" selon cette source, qui précise cependant qu'il est "renouvelé".

D'après un membre du gouvernement, "la période de calage" qui a duré jusqu'au printemps "est derrière nous" et du coup les relations sont "plus fluides". C'est aussi, nuance le même, parce que François Fillon "sait avaler des couleuvres".

Il demeurera toujours une "incompatibilité de personnalités", tranche un autre ministre, souvent consulté par Nicolas Sarkozy en petit comité et en l'absence de M. Fillon.

Le Premier ministre explique avoir trouvé sa place "qui est de regarder ce qui, dans les propositions du président, est réalisable ou pas et de faire jouer en harmonie un gouvernement", dit-il dans le récent livre "l'Enfer de Matignon", (Raphaëlle Bacqué, ed. Albin Michel).

L'assurance donnée par le chef de l'Etat qu'il attendrait la "mi-quinquennat" pour remanier en profondeur le gouvernement a certainement apaisé le climat, en éloignant les spéculations sur un changement brusque de Premier ministre.

Selon un proche de M. Sarkozy, François Fillon pourrait rester en place jusqu'aux élections régionales de 2010 avant d'être remplacé par le ministre de l'Education Xavier Darcos ou le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant. Une autre explication pourrait se trouver dans les sondages. Nicolas Sarkozy, réputé très sensible aux variations des courbes, connaît une embellie de sa popularité qu'il pouvait envier à son Premier ministre.

Source: Yahoo News