En mélangeant à haute température toutes sortes de déchets, l’incinération produit des composés qui n’existaient pas dans les déchets d’origine. Parmi ceux-là, les dioxines, qui sont cancérigènes et qui également perturbent le système hormonal. Or les dioxines font partie des polluants organiques persistants : elles se déposent dans l’environnement et ne s’y détruisent pas, mais au contraire s’accumulent au long des chaînes alimentaires ; on en retrouve par exemple dans le lait maternel. Les dioxines sont envoyées dans l’atmosphère avec les fumées de l’incinérateur, même si ces fumées sont filtrées. Des études épidémiologiques récentes (voir documents cités) montrent que les populations habitant à proximité d’un incinérateur sont exposées plus que les autres à des pathologies liées à la présence de dioxine et de substances semblables : taux de cancer plus élevé, ralentissement du développement sexuel des enfants. Ces données tendent à montrer que les normes actuelles de filtrage des fumées, pourtant de plus en plus sévères, sont insuffisantes, ou qu’elles ne sont pas appliquées régulièrement. D’autre part le filtrage des fumées produit lui-même des déchets toxiques concentrés, les REFIOM (résidus de filtrage d’incinérateur d’ordures ménagères) qu’il faut stocker en tant que déchets ultimes en décharge spéciale. Et il n’y a pas que les dioxines : on a dénombré environ 2000 composés nouveaux générés par l’incinération, dont seulement quelques-uns ont déjà été étudiés. Verrons-nous dans les années qui viennent des plaintes pour empoisonnement déposées contre les industriels qui font marcher les incinérateurs, et contre les décideurs politiques qui les installent, à l’image des plaintes aujourd’hui déposées à propos de l’amiante.