Un an après la victoire de Nicolas Sarkozy, le Parti socialiste s'est refait une santé plus rapidement qu'il ne l'escomptait grâce aux élections municipales, mais sans tirer pour l'instant un avantage décisif de l'affaiblissement du président de la République. Depuis un an, "on est sorti du KO mais pas du doute", résume le député parisien Jean-Christophe Cambadélis. Le 6 mai 2007, date de l'élection de Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal, "tout le monde a compris qu'il y avait un souci de logiciel, des idées à la campagne". Pour le député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, la gauche était "groggy" juste après la présidentielle car la politique d'ouverture menée par Nicolas Sarkozy "a donné l'impression qu'on pouvait la découper en morceaux". Et puis, à la fin de l'été, alors que le "paquet fiscal" était déjà adopté, la polémique sur le regroupement familial et les tests ADN a permis de "rendre visible la politique de droite de Nicolas Sarkozy", explique le bras droit de Laurent Fabius. Ensuite, Nicolas Sarkozy dégringolant dans les sondages notamment en raison de l'exposition de sa vie privée, le PS a su "exploiter les faiblesses de l'adversaire pour se requinquer" et il a eu l'intelligence de porter un projet municipal radicalement différent de celui défendu par Ségolène Royal un an plus tôt, souligne ce pilier de la gauche du PS. Dans les mois qui viennent, "le risque c'est que l'on continue à écouter ceux qui disent très doctement que nos choix politiques n'ont rien à voir avec nos défaites", estime de son côté le député européen Benoît Hamon. Lors de son congrès, programmé en novembre, le PS doit "rompre avec cette ligne de centre gauche qui nous mène systématiquement à la défaite" d'une part et "passer le témoin" générationnel de l'autre. "C'est un nouveau cycle qui s'ouvre pour la gauche. Il ne peut pas être incarné par des redoublants", plaide le quadra. OÙ EST L'UNITÉ? Au PS, personne ne s'attendait à ce que le président s'essouffle aussi rapidement. Après la défaite de 2002, les socialistes avaient mis deux ans pour reprendre un peu d'air, lors des régionales de 2004. "Cette année, nous devons être encore plus rapides, la pression est sur le Parti socialiste", a reconnu le premier secrétaire du PS, François Hollande, invité la semaine dernière par l'Association de la presse étrangère (APE). Pour passer de l'opposition à la proposition, la gauche dispose grâce à ses bastions locaux d'une excellente vitrine pour prouver qu'elle peut faire mieux que la droite sans augmenter les impôts, a-t-il estimé, citant le logement, la petite enfance, l'éducation ou les transports. De plus, le PS vient d'adopter sans heurts une nouvelle déclaration de principes, "ce qui prouve que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise", a fait valoir le chef des socialistes qui passera la main en novembre après onze années à la tête du parti. Pour la politologue Mariette Sineau pourtant, "les socialistes ont un espace politique considérable compte tenu de la perte d'audience de Nicolas Sarkozy mais ils n'en tirent malgré tout aucun bénéfice". L'emporter aux municipales et aux cantonales, au mois de mars, "c'était le moins qu'ils pouvaient faire mais cela ne suffit pas pour faire une unité et un programme", ajoute la chercheuse au Cevipof. "Ils ont un plan de bataille avec des dates, des grands mots comme déclaration de principes, congrès mais en réalité, il n'y a toujours pas de leader qui s'impose", juge l'analyste. Anciens rivaux lors de la primaire de 2006, Ségolène Royal et Laurent Fabius ont déclaré la semaine dernière "penser" à 2012, de même que le député de l'Essonne Manuel Valls qui y songe "à condition que le PS se refonde". Avant le mois de novembre, date du congrès, les courants du PS vont rédiger des "contributions" pendant l'été puis des "motions", ces programmes soumis au vote des militants dont découlent ensuite les rapports de force au sein du parti. "C'est simple, en ce moment, tout le monde parle à tout le monde mais ce n'est pas pour s'entendre. C'est pour voir comment barrer la route les uns aux autres", raconte un député sous couvert de l'anonymat. Source: news.yahoo.com
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