La bataille est lancée pour la présidence du Sénat

Les deux principaux prétendants UMP à la succession de Christian Poncelet étaient tous les deux au Palais du Luxembourg pour accueillir les sénateurs élus ou réélus, avant le débat sur l'Afghanistan programmé à 17h30. Ils s'étaient déjà croisés rapidement dimanche soir lors du buffet de soirée électorale du groupe UMP.

Nul ne se hasardait à faire un pronostic à 48 heures de la primaire organisée par le groupe UMP pour départager en vue du vote du 1er octobre dans l'hémicycle les trois candidats membres du parti, Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher et l'outsider Philippe Marini, sénateur de l'Oise et rapporteur général du budget.

"Probable" candidat pour l'instant, Jean-Pierre Raffarin, 60 ans, devrait se déclarer mardi, à la veille de la primaire. L'ancien Premier ministre (2002-2005) attendait de rencontrer Christian Poncelet, ce qu'il a fait dimanche soir, et Jean-Claude Gaudin, avec qui il devait s'entretenir lundi soir après le vote sur l'Afghanistan, selon son entourage. Le sénateur des Bouches-du-Rhône devait renoncer à sa propre candidature, et soutenir M. Raffarin.

Le sénateur de la Vienne a aussi rencontré dimanche soir son ancien ministre du Budget Alain Lambert. Le sénateur de l'Orne, qui n'exclut pas de se présenter directement le 1er octobre, s'est engagé à soutenir M. Raffarin dans l'hypothèse probable où son candidat, Philippe Marini, ne remporterait pas la primaire.

Pour l'emporter, le vice-président du conseil national de l'UMP met en avant sa bonne entente avec Nicolas Sarkozy, et le soutien de Jacques Chirac. "JPR" mise tout particulièrement sur les 16 nouveaux élus UMP, plus sensibles à son statut d'ancien Premier ministre, et sur sa non-appartenance à l'ancien RPR, qui dirige aujourd'hui toutes les institutions, de l'Elysée à l'Assemblée en passant par le Conseil constitutionnel.

Mais rien n'est fait pour M. Raffarin, qui affronte un concurrent de poids, son ancien ministre du Travail Gérard Larcher. Plus expérimenté dans la maison, où il siège depuis 1986, le sénateur-maire de Rambouillet, 59 ans, ancien président de la commission des Affaires économiques, est un très habile homme de réseaux qui a su se ménager beaucoup d'amitiés au delà de son camp. Contrairement à son rival, il ne se prévaut pas du soutien de Nicolas Sarkozy.

Le prochain deuxième personnage de l'Etat devra tenir compte d'une donnée incontournable: la gauche pèse plus lourd au Sénat. Avec 26 sièges supplémentaires gagnés dimanche, le PS et ses alliés sont les vainqueurs incontestés de ce renouvellement triennal, même s'il leur faudra attendre un peu pour espérer faire basculer la Haute Assemblée, à droite depuis 1958. Les prochains renouvellements sont prévus en 2011 et 2014. La moitié des sièges seront désormais en jeu, compte tenu du raccourcissement de neuf à six ans du mandat des sénateurs.

Les socialistes ont attribué cette situation à "l'anomalie" du mode de scrutin sénatorial, qui assure une majorité à la droite grâce à la surreprésentation des communes rurales parmi les grands électeurs qui élisent les sénateurs.

L'UMP, qui ne détient plus la majorité absolue depuis 2004, va aussi devoir tenir davantage compte de ses partenaires de la majorité présidentielle: les 29 sénateurs centristes, dont la quasi-totalité sont membres du Nouveau centre ou des anciens UDF ayant rompu avec François Bayrou, et les quelques radicaux valoisiens membres du groupe charnière RDSE. "Cela va nécessiter plus de dialogue", a reconnu le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Roger Karoutchi.

Source: Yahoo News