"Cette arrivée marque la reprise effective du déploiement de l'Eufor Tchad-RCA et sera suivie, dans les jours qui viennent, d'autres acheminements sur N'Djamena et Abéché", dit le communiqué.
L'Eufor, qui comptera 3.700 militaires de 14 pays européens, doit se déployer dans l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine pour protéger les populations réfugiées ou déplacées par le conflit dans la province soudanaise du Darfour.
Lundi, les rebelles tchadiens ont exhorté les pays membres de l'Union européenne à ne pas participer à la mission de l'Eufor dont ils contestent la neutralité car elle est dominée par les Français, qui composeront 55% des effectifs.
La rébellion affirme que la France, liée au Tchad par un accord de coopération militaire, a directement aidé le président Idriss Déby à repousser son attaque contre N'Djamena entre le 1er et le 3 février.
Le Tchad accuse pour sa part le Soudan de soutenir les rebelles anti-Déby afin de bloquer le déploiement de l'Eufor, ce que dément Khartoum.
La France, qui a obtenu une déclaration de soutien de l'Onu au gouvernement tchadien, dément que ses forces prennent une part directe aux combats, même si elle dit avoir riposté à des tirs en état de légitime défense pendant l'évacuation de N'Djamena d'un millier de ressortissants étrangers.
Commandée sur le terrain par le général français Jean-Philippe Ganascia, la force européenne est placée sous le haut commandement du général irlandais Patrick Nash et sera le pendant de la force mixte Onu-Union africaine censée se déployer au Darfour même.
Contacté par téléphone à Bruxelles, Victor Angelo, chef de la mission de maintien de la paix de l'Onu au Tchad et en République centrafricaine (Minurcat), a déclaré mardi qu'il s'efforcerait de convaincre les groupes armés dans la région de déposer les armes et de se joindre au processus politique.
"RESPONSABILITES PARTICULIERES" DE PARIS
Il a souligné que, tout en apportant une protection au demi-million de réfugiés du Soudan, de République Centrafricaine et du Tchad, la mission avait une composante politique.
L'Eufor a pour objectif de protéger les camps de réfugiés tandis que la Minurcat, d'ampleur plus restreinte, a pour mission de former la police et de conseiller les autorités dans le domaine des droits de l'homme et de la sécurité.
La crise humanitaire dans l'est du Tchad, limitrophe de la province soudanaise du Darfour ravagée par la guerre, s'est fortement détériorée depuis l'attaque de N'Djamena par les rebelles.
"Les récents événements montrent qu'au-delà des très importantes préoccupations sécuritaires, il y a des problèmes politiques nécessitant l'attention de l'ensemble des principaux acteurs. Il nous faut coopérer et trouver une solution politique durable à cette situation complexe", a dit Angelo dans une interview à Reuters.
Plus de 160 civils ont été tués au cours des deux jours de combats à N'Djamena, suivis d'un repli des rebelles vers l'est. Les travailleurs humanitaires ont été évacués et la distribution d'aide dans l'est du Tchad a été interrompue.
Angelo a souligné que la France, ancienne puissance coloniale, avait de ce fait des "responsabilités particulières" et que son rôle au Tchad bénéficiait d'un soutien international de par l'appui apporté à Déby par les Nations unies et l'Union africaine.
"Le fait que les Français sont sur le terrain a empêché la situation humanitaire de devenir bien plus grave. Ils nous faut maintenant bâtir sur cette présence (...) et le fait que les Français sont là est très positif."
Angelo a dit avoir l'intention de se rendre au Tchad d'ici la fin du mois et de faire se déployer la Minurcat au plus vite. La mission sera partagée entre deux bases dans l'est et le sud du Tchad, tandis qu'une autre sera implantée en République Centrafricaine.
Avec un budget de plus de 180 millions de dollars, la Minurcat comptera au maximum 300 policiers et 50 officiers de liaison.
Pascal Fletcher avec Daniel Flynn à Dakar, version française Nicole Dupont
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