Et si Covid19 enterrait les accords poussiéreux de Bretton Woods, on ferait quoi?

La perspective de crypto-monnaies lancées par les grandes économies et soutenues par l'État se dessine de plus en plus nettement. La banque centrale de Chine a récemment accéléré ses plans pour ce qui est actuellement connu sous le nom de paiement électronique de la monnaie numérique (DCEP). Il pourrait être lancé dans les 18 prochains mois, tandis que la Banque centrale européenne envisage quelque chose de similaire.

Pendant ce temps, la Russie travaille sur un crypto-rouble soutenu par l'État depuis plusieurs années, et la Suède a son projet e-krona. En Europe, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont mis en place INSTEX comme moyen alternatif de commerce avec l'Iran (par exemple) et six autres pays de l'UE ont récemment rejoint.
Si le Venezuela et l'Équateur s’y sont essayé sans vraiment réussir, le Sénégal et les minuscules îles Marshall ont désormais des pièces numériques qui côtoient leurs monnaies existantes.


 

Ainsi, les crypto-monnaies pourraient bien être en passe de reléguer nos bons vieux accords de Bretton Woods d’après-guerre (1944). Et peut-être bien que ce ne serait pas trop tôt. Rappelons-nous : les devises sont, depuis 76 ans, indexées sur le dollar américain. Malgré la suspension de l’étalon or pour le dollar et le système de flottement du taux de change des monnaie, le dollar reste au cœur du système monétaire. Et la moindre décisions de politique monétaire américaine suscite des répercutions dans tous les pays. Elle infléchit même toutes les politiques monétaires.

 

En effet, il y a eu, ces dernières années, une augmentation massive du nombre d'accords bilatéraux entre banques centrales qui permettent à deux pays d'échanger directement des devises, un grand nombre impliquant la Chine. D’autre part, un certain nombre de pays, dont l'Allemagne et les Pays-Bas, ont rapatrié leurs réserves d'or depuis des coffres aux États-Unis où elles étaient stockées depuis longtemps.

En juillet 2019, le secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, déclarait encore que son pays ne se voyait pas lancer un dollar numérique dans les cinq prochaines années. Mais voilà, Covid19 a provoqué le confinement de presque la moitié de l’humanité. Les bourses ont plongé. L’économie mondiale est à l’arrêt. Et l’on apprend qu’un projet de loi américain pour le lancement du crypto-dollar est à l’étude dans le but de pourvoir aux besoins des plus démunis. En pratique, si la loi est votée, chaque Américain bénéficiaire pourrait recevoir jusqu’à 2000 dollars de soutien par mois jusqu’à la fin de la crise du coronavirus.

En Europe, on entend régulièrement parler d’un grand emprunt qui viendrait soutenir les pays européens dans la crise économique et financière qui s’est déclarée. Il est question d’émettre des obligations. On suppose que l’émission d’une crypto-monnaie européenne garantie par la Banque centrale européenne est en débat. La décision est attendue à partir du 9 avril.

Quoi qu’il en soit, il est urgent de répondre aux besoins des États, qui s’expriment en dizaines voire  en centaines de milliards. La pandémie Covid19 pourrait bien déboucher sur une révolution financière internationale appuyée sur la mise en circulation de crypto-monnaies garanties par les banques centrales.
Sources : universalis.fr, boursofinance.fr, theconversation.com, developpez.com