Armée de terre: l'hélicoptère Tigre s'apprête à supplanter la Gazelle

"C'est un événement important car, dans un an, le Tigre sera admis au service actif et pourra intervenir sur tous les théâtres d'opérations", a souligné le ministre de la Défense Hervé Morin avant d'endosser la combinaison et le casque des pilotes pour un vol de démonstration.

"Quand vous bougez la tête, le canon suit votre mouvement, vous pouvez toucher une cible à plusieurs milliers de mètres, vous voyez à peu près la même chose de jour comme de nuit", s'est ensuite émerveillé le ministre, parlant "d'un équipement extraordinaire".

Trois exemplaires ont été livrés au 5e régiment d'hélicoptères de combat de Pau et un quatrième doit lui parvenir avant la fin de l'année. D'ici à 2010, 20 Tigre l'équiperont. Ils remplaceront progressivement 23 Gazelle à bout de souffle, dont les premières ont commencé à voler au début des années 70.

"C'est un soulagement de le voir arriver dans les unités, on l'a longtemps attendu", a concédé le lieutenant Dominique Stum, moniteur de le première escadrille de Tigre.



A Pau, quatre des vingt Tigre seront affectés aux forces spéciales. Hélicoptères de protection et d'appui, ils y trouveront de multiples usages dans des opérations souvent périlleuses.

"A titre d'exemple, ils pourraient assurer la protection d'hélicoptères de transport venus récupérer des otages", explique un pilote.

Pour le lieutenant Stum, "le Tigre est beaucoup plus véloce, maniable et dynamique que ses concurrents américains ou britanniques, il est aujourd'hui l'hélicoptère le plus moderne au monde".

"La meilleure preuve, c'est que cette semaine, nous avions les pilotes d'essai américains en stage chez nous et qu'ils ont pu s'en rendre compte par eux-mêmes", a poursuivi le jeune officier.

Le Tigre avait accédé à la notoriété en devenant l'une des vedettes de Goldeneye, un film de James Bond sorti en 1995 mais il est aussi connu pour sa capacité à exécuter des loopings.

"Opérationnellement parlant, ça ne présente pas d'intérêt mais s'il en est capable, c'est qu'il peut aussi effectuer les manoeuvres exigées en opérations", relève le lieutenant Stum.

Appareil biplace léger (5,5 tonnes) à train fixe, cet hélicoptère constitué à 80% de matériaux composites affiche une vitesse de croisière de 240 km/h et des pointes à 330 km/h. Son armement (roquettes, canon de 30mm et missiles air-air Mistral) en fait un système particulièrement polyvalent.

Autre avantage: il ne nécessiterait que 4 à 5 personnes pour effectuer sa maintenance soit quatre ou cinq fois moins que ce requiert un Apache (Boeing).

Pour autant, le Tigre est le fruit d'une interminable gestation dont les prémisses remontent au milieu des années 70.

"C'est l'exemple même de ce qu'il ne faudrait plus reproduire", a relevé M. Morin. Pour éviter ces dérives, le ministre souhaite introduire un troisième partenaire dans la conduite des programmes d'armement, outre l'état-major des armées et la Délégation générale pour l'armement (DGA).

Il s'agirait d'un "interlocuteur économique et financier" qui pourrait être la Direction des affaires financières du ministère, a-t-il confié.

L'objectif, a souligné M. Morin, est d'avoir "un chef de file clairement défini" ainsi qu'un "véritable séquençage des programmes".